2 300 suppressions de postes chez Michelin : rendez l’argent !

Le groupe Michelin a annoncé ce mercredi 6 janvier 2021 la suppression de 2 300 postes. Une réduction des effectifs qui devrait toucher l’ensemble de ses sites en France. En pleine crise sanitaire et économique, après avoir bénéficié de nombreuses aides d’État et grassement rémunéré ses actionnaires, la décision du groupe Michelin provoque un tollé général.

La boucherie sociale continue

Michelin vient d’annoncer la couleur pour 2021 avec une coupe importante dans ses effectifs. Aucun site du fabricant français de pneus ne sera épargné. Ce sont 2 300 postes qui vont être supprimés dans le cadre d’un “plan de compétitivité” présenté ce mercredi 6 janvier. Pour « améliorer la compétitivité » du groupe dans les prochaines années, une réduction de 10% des effectifs est prévue sur 3 ans. Une nouvelle catastrophe sociale pour les salariés de Michelin après la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon et ses 619 emplois l’année passée.

Cette réduction des effectifs vient s’ajouter au tsunami social des derniers mois. Il y a peu c’est un concurrent, Bridgestone, qui annonçait la fermeture de son usine de Béthune. Plus de 600 emplois supprimés. Les autres multinationales ne sont pas en reste : Auchan, Cargill, Verallia, une pluie de licenciements s’est abattue en 2020. L’année qui arrive s’annonce dans la même veine. Pourtant, si le chômage et la pauvreté gagnent du terrain (la Banque de France prévoit un taux de chômage proche de 11 % au premier trimestre 2021), certains se frottent encore les mains.

Rendez l’argent !

Si pour les salariés de Michelin la pilule est dure à avaler, le moral des actionnaires est au beau fixe. Malgré la crise, les résultats économiques du groupe sont bons. La marque au Bibendum prévoit des résultats positifs pour 2020 et le dividende par action a été multiplié par 3 depuis 2009. De quoi réjouir ses dirigeants, décidément pas logés à la même enseigne que ses employés.

Pire encore, le groupe a supprimé des emplois malgré les aides dont il a bénéficié les années précédentes. C’est le cas pour le chômage partiel à cause de la crise du Covid mais surtout des 65 millions d’euros économisés grâce au Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. De l’argent qui devait servir à aider les entreprises à recruter, mais qui dans les faits n’implique pas de réelles contreparties pour celles qui en bénéficient. À titre d’exemple, c’est avec ce même CICE que le fabricant français de pneu avait financé des machines finalement envoyées dans ses sites à l’étranger. Un comble quand on sait que le matériel avait initialement été acheté pour l’usine de La Roche-sur-Yon, dont la direction a décidé la fermeture en 2019. Décidément, la compétitivité a bon dos.

Face à cette situation, l’État ne bronche pas. Pas question de demander à ces entreprises de rendre l’argent malgré les sommes investis. Pas non plus de contreparties exigées en échange des aides financières. Par exemple : maintenir ou créer des emplois ou encore diminuer l’impact sur le climat de ces mêmes groupes. La voie est libre. Des multinationales gavent toujours leurs actionnaires, tout en supprimant des postes à coup de « plan de compétitivité ». Bienvenue en 2021.

Par Maxime Charpotier.

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