Ce mardi 15 septembre, Marion Maréchal-Le Pen était l’invitée de Jean-Jacques Bourdin. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’accueil a été bon. Chaleureux même. En témoigne la toute fin de l’interview. Alors que le journaliste croit son micro coupé, il lâche à son invitée du jour : « Vous avez remarqué ? Je ne vous ai pas parlé d’Obono, ni….« , puis son micro coupe. On voit ensuite Marion Maréchal-Le Pen tout sourire. Pourtant, sur cette même antenne la semaine passée, ce même Jean-Jacques Bourdin avait réservé un traitement bien moins sympathique à Danièle Obono. À l’image de l’accueil particulièrement agressif d’Adrien Quatennens sur Europe 1 ce mardi 15 septembre. Dans les médias, c’est tapis rouge pour l’extrême droite, et traquenard pour les insoumis. La zemmourisation et le séparatisme médiatique empirent.
Danièle Obono et Marion Maréchal : un même journaliste, deux ambiances
Marion Maréchal Le Pen était donc l’invitée de Jean-Jacques Bourdin ce mardi 15 septembre. Union des droites, sociologie de l’électorat, second tour de l’élection présidentielle, etc. : le journaliste enchaîne les questions. Aucune ne constitue d’attaques ou d’insinuations calomnieuses. Normal ? Pas pour tout le monde ! Le 2 septembre, la députée insoumise, Danièle Obono était l’invitée de ce même Bourdin. Le journal d’extrême droite Valeurs actuelles venait alors de la représenter en esclave dans une caricature insupportable. La députée de Paris venait à cette occasion de recevoir des soutiens de l’ensemble du paysage politique, et même du président de la République. Une unanimité qui ne fut cependant que de courte durée.
En témoigne l’interview de Jean-Jacques Bourdin alors que la vague d’indignation et de dénonciation de l’acharnement raciste contre Danièle Obono n’était même pas retombée. « Inviter Danièle Obono, le jour de l’ouverture du procès des assassins de Charlie Hebdo, quelle indignité. (…) Pourquoi indigne ? Parce que Danièle Obono a écrit qu’elle n’avait pas pleuré Charlie. » Première question de Bourdin. Première attaque. La députée de Paris n’aurait pas de cœur. Aucune humanité. Elle serait même complice. Des attentats, mais pas seulement. D’un nombre de maux que le journaliste va égrainer au cours d’une interview insupportable, lors de laquelle les attaques de l’extrême droite sont reprises les une après les autres. Jusqu’à la dernière minute, la députée insoumise est sommée de se justifier sur son républicanisme. À l’image, on va le voir, du député insoumis Adrien Quatennens, ce matin sur Europe 1.
De son côté, Marion Maréchal-Le Pen a reçu un tout autre accueil de la part de Jean-Jacques Bourdin ce 15 septembre. Aucune affaire du Rassemblement nationale n’est évoquée par le journaliste. Aucune question sur les liens du Rassemblement National avec des mouvements néo-fascistes, tel que Génération identitaire. Aucune accusation d’antirépublicanisme. Le journaliste se montrant même particulièrement conciliant. En témoigne cette remarque incroyable de Bourdin à Marion Maréchal en fin d’émission : « Vous avez remarqué ? Je ne vous ai pas parlé de Obono, ni….« . On aurait aimé savoir la suite. La liste des sujets gênants que le journaliste s’est refusé à aborder avec la nièce de Marine Le Pen.
Zemmourisation accélérée d’Europe 1
Et que dire de l’interview du coordinateur de La France insoumise, Adrien Quatennens, ce mardi 15 septembre sur Europe 1 ? Pendant près de 13 minutes, Sonia Mabrouk n’a eu de cesse de couper et d’invectiver le député du Nord. La séquence est inutile pour informer correctement les auditeurs tant les questions sont un condensé de la ligne éditoriale du journal d’extrême droite Valeurs Actuelles. Les insinuations calomnieuses fusent. Complicité avec l’islamisme, déclaration de Jérôme Rodriguez qualifiant un syndicat policier de nazi, communautarisme, antirépublicanisme, absence de compassion pour Charlie Hebdo, indigénisme, tout y passe. Des accusations les plus exaspérantes les unes que les autres. Avec… 7,5 secondes pour répondre.
La hargne de Sonia Mabrouk n’est même pas dissimulée. À l’image de ce passage où Adrien Quatennens tente de développer les propositions des insoumis en matière de sécurité. Et notamment le nécessaire retour de la police de proximité. « Quelle idée innovante » lui répond la journaliste, sur un ton d’une ironie et d’un mépris certain. « Peut-on être élu de la République comme vous et… », « Je pense que c’est important pour un élu de la République », « Êtes-vous pour la liberté ? », etc. Le jeune député du Nord, d’un calme admirable, finit par répondre à la journaliste : « Si vous passez toutes les 30 secondes à couper un raisonnement politique, ce n’est pas possible de développer une réponse cohérente. »
Nous dénoncions la semaine dernière le séparatisme des médias, en alertant notamment sur le recrutement de Louis de Raguenel au poste d’adjoint au service politique d’Europe 1. L’arrivée dans les murs de l’ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles se fait déjà ressentir. De Raguenel doit être fier de la prestation de sa nouvelle collègue. Et la zemmourisation des médias de s’enfoncer chaque jour un peu plus. Un jour un rapprochement « des singes » et « des nègres » par l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy. Un autre une femme voilée proposant des recettes de cuisine, associée au 11 septembre. Le tapis rouge est déroulé à l’extrême droite. La stratégie est bien connue. Faire monter le Rassemblement National sur ses thèmes de prédilections, pour ensuite se poser comme seul rempart lors de l’élection présidentielle. Les apprentis sorciers, les pompiers pyromanes, les extrémistes, les séparatistes, ce sont eux.
Par Pierre Joigneaux.