Pour faire face à l’épidémie de Covid-19 et à la pénurie de masque, les parlementaires de la France insoumise à l’Assemblée nationale ont déposé une proposition de loi demandant la réquisition des entreprises du textile. En effet, la priorité est à la fabrication massive de masques et autres matériels de protection. L’urgence est selon eux celle de la planification de la mobilisation sanitaire.
Où sont les masques ? Récit d’un mensonge d’État
Où sont les masques ? La France entière se pose désormais la question. Le manque de masques est un scandale à part entière, un véritable mensonge d’État expliqué dans un article de Clémence Guetté, secrétaire générale du groupe « La France insoumise » à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a en effet caché la pénurie pendant près de deux mois et a adapté ses consignes sanitaires en fonction de l’évolution du stock disponible. Depuis, le gouvernement a passé commande de plus d’un milliard de masques à l’étranger, notamment à la Chine. Mais comme le prouve une réponse du Ministre de la santé hier à une question posée par le député Éric Coquerel, le gouvernement n’est pas capable de dire aux parlementaires combien de masques arrivent actuellement dans les hôpitaux.
Mardi 31 mars, Emmanuel Macron a affirmé que la France devait atteindre « une indépendance pleine et entière » en matière de production de masques. Il a annoncé que d’ici fin avril, la production française atteindra 15 millions de masques par semaine. Or, les besoins sont beaucoup plus conséquents. Emmanuel Macron le dit lui-même : « nous sommes passés de la consommation de 4 millions à 40 millions de masques par semaine ». Il faut faire plus. Et vite.
Pour fabriquer en masse, il faut réquisitionner les entreprises
Les masques, les blouses à usage unique, les gilets jetables, les surblouses et autres tabliers manquent cruellement. Le Premier Ministre a récemment déclaré : « dès que nous aurons le sentiment que la réquisition est nécessaire, il sera procédé à des réquisitions ». En ce sens, cinq associations ont demandé fin mars au Conseil d’Etat de « contraindre » le Gouvernement à réquisitionner les usines permettant de fabriquer les masques, les tests et les médicaments nécessaires à la lutte contre l’épidémie de coronavirus. La France insoumise réclame par exemple depuis des semaines la nationalisation de l’usine Luxfer Gerzat, seule usine sur le sol européen à produire des bouteilles d’oxygène médicale, qui a fermée… l’année dernière.
Pour beaucoup, le retour de l’État est la seule porte de sortie. Début mars, le Premier ministre avait ordonné par décret la réquisition de l’ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national. Mais les parlementaires de la France insoumise soutiennent que « plus que les stocks, ce sont les entreprises qu’il faut réquisitionner pour planifier au mieux la production et sécuriser les commandes au profit exclusif de l’Etat français. »
Souveraineté populaire, planification, réquisitions
Pour cela, la France Insoumise a déposé une proposition de loi demandant la réquisition des entreprises du secteur du textile et la création d’un comité de suivi de ces réquisitions durant la période d’état d’urgence sanitaire. On peut y lire que « l’urgence est à coordonner la production, réquisitionner les entreprises nécessaires, associer les travailleurs concernés. »
La priorité est à répondre aux besoins dans la crise. Ces besoins peuvent être résolus, car « l’industrie textile française se compose de près de 1000 entreprises et 100 000 travailleurs. » Il faudra ensuite planifier le déconfinement, ce qui nécessitera de protéger et d’équiper d’autant plus la population afin d’éviter un rebond de propagation du virus. C’est ce que la France Insoumise appelle la « planification sanitaire ». Pour eux, « le monde d’après se bâtit maintenant ». Et les mots d’ordre du monde d’après sont simples : « souveraineté populaire, planification, réquisitions ».