RN. La suppression du site Internet du programme de Marine le Pen pour 2022 et la publication sans cesse reportée du livret économie du parti d’extrême droite n’a pas empêché des analyses poussées sur les mesures défendues par Jordan Bardella et Marine Le Pen.
Le parti d’extrême droite n’en finit plus d’enchaîner les renoncements et les traversées de turbulences. Annonce du refus d’abroger la réforme des retraites par Bardella, refus de la sortie du marché européen de l’électricité, et désormais… La preuve que le programme du RN enrichirait de 10 % les plus riches du pays au détriment des 30 % les plus pauvres. C’est la conclusion d’une enquête publiée le 24 juin sur le site d’Alternatives économiques par deux économistes : Elvire Guillaud et Raul Sampognaro. Notre article.
Le RN : un parti allié aux riches pour racketter les pauvres
Vous connaissiez Robin des Bois, le héros qui vole les riches pour distribuer aux pauvres ? Découvrez son jumeau maléfique Jordan Bardella, alias Robin des villes, qui veut voler aux pauvres pour donner aux riches.
La suppression du site Internet du programme de Marine le Pen pour 2022 et la publication sans cesse reportée du livret économie du parti d’extrême droite n’a pas empêché ces économistes d’analyser les propositions du parti à la flamme et leurs conséquences.
Comme le rappellent les deux économistes, le Rassemblement national « est présenté depuis plusieurs années comme un parti normalisé, ayant « fait sa mue » selon certains, avec un programme économique « social » visant à soutenir le niveau de vie des classes populaires. » Mais l’analyse de leur programme « montre qu’il n’en est rien ». Sous le vernis social, un fond ultralibéral.
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Leurs calculs sont formels : le programme de Marine le Pen et Jordan Bardella, s’il était appliqué, permettrait un enrichissement des 10 % les plus riches, au détriment des 30 % les plus pauvres, « creusant ainsi les inégalités ». Ils estiment que les 10 % les plus riches gagneraient en moyenne 1160 euros par an, tandis que les 30 % les plus pauvres perdraient en moyenne 230 euros.
Les deux économistes s’appuient sur le chiffrage produit par le Rassemblement national lui-même ! Seules modifications : les effets économiques de la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité et de l’abrogation de la réforme des retraites sont absents, puisque le RN a trahi ces promesses avant même d’avoir commencé sa campagne.
Plus précisément, le programme lepéniste implique de faire distribuer par l’État 5 milliards d’euros aux plus riches, et de ponctionner 3 milliards d’euros aux ménages les plus pauvres.
Pourquoi un tel résultat ? Les économistes expliquent que les plus pauvres seront durement frappés par les « économies » envisagées sur les prestations sociales, à travers l’abrogation de droits sociaux des immigrés, ou de lutte contre la supposée fraude sociale.
« Notre analyse montre donc que le programme du Rassemblement national consiste à ponctionner les pauvres et les immigrés pour redistribuer vers les riches. Ainsi, le discours xénophobe n’est pas là pour masquer une politique anti-sociale, mais pour conforter sa mise en place » déclarent-ils.
Ajoutons que d’autres mesures du RN, qui ne peuvent pas être calculées, auront des conséquences catastrophiques sur la vie des classes populaires. Privatisation de l’audiovisuel public au bénéfice des milliardaires ; prétendue hausse des salaires en contrepartie d’une baisse des cotisations patronales qui affaiblira la Sécu ; projet de liquidation de La Poste pour la remplacer par Amazon… L’extrême droite promet une casse sociale sans précédent.
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Ces deux économistes livrent donc une analyse chiffrée et sourcée du désastre auquel nous conduirait une victoire du Rassemblement national en cas de victoire aux législatives : Une explosion des inégalités au profit des plus riches, une guerre contre les pauvres, et plus particulièrement contre les pauvres étrangers ou d’origine étrangère.
En parallèle, Alternatives économiques a également publié un entretien avec Eric Berr, économiste, coresponsable du département Économie à l’Institut La Boétie, qui conseille le Nouveau Front populaire. La philosophie du programme qu’il présente est inverse : augmenter la fiscalité des plus riches pour redistribuer davantage, « améliorer concrètement la vie des gens et éviter que certains se retrouvent à sec le 10 du mois. »
