En cas de duel LFI-RN lors des prochaines élections législatives, ils préfèreront favoriser l’extrême droite et l’assument sans ambages. Soit en votant directement pour elle, soit en s’alliant avec elle, soit en s’abstenant. Leur couleur politique ? La droite qui, année après année, se fond dans l’extrême droite raciste et se revendique d’un « arc républicain » : Yaël Braun-Pivet, Éric Dupont-Moretti, François-Xavier Bellamy, Olivia Grégoire, Gérard Larcher, Yaël Braun-Pivet, Alain Finkielkraut, Éric Ciotti, Robert Ménard…
Alors que le risque est bien réel que l’extrême droite dopée par sept ans de macronisme arrive à Matignon, suite aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains, ils sont nombreux à choisir la complicité ou la lâcheté. À ne pas choisir, donc à la favoriser. Le plus souvent en ayant contribué à sa légitimation et normalisation dans l’espace médiatico-politique.
D’aucuns se rappellent de Gérald Darmanin, expliquant tranquillement à Marine Le Pen qu’elle était… « trop molle ». Technique classique du pouvoir lorsqu’on les interroge : rejeter un candidat LFI, mais pas forcément un socialiste ou un communiste, lors d’un tel duel électoral. En réalité, le camp présidentiel est en panique totale devant le Nouveau Front Populaire et est prêt à toutes les infamies : « Hitler plutôt que le Nouveau Front Populaire », et « Tout sauf Mélenchon » sont leurs devises. Notre article.
1) Entre LFI et le RN, les ministres Darmanin, Grégoire et Dupont-Moretti, ne choisissent pas
Ces ministres d’Emmanuel Macron ne choisiront pas entre LFI et le RN, si le choix se présentait devant eux. Ils sont trois à être sortis du bois : Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur qu’on ne présente plus, le garde des Sceaux et ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée du Commerce. Pour eux, prôner le partage des richesses, la bifurcation écologique, c’est du même acabit qu’être un parti plein de petits nazillons, fondé par des Waffen-SS, héritier de Pétain, souhaitant supprimer le droit du sol et instaurer la préférence nationale.
En cas de duel LFI VS extrême droite, le ministre de l’Intérieur l’assure : il ne votera « ni pour un candidat RN, ni pour un candidat LFI ». De même pour Éric Dupont-Moretti, l’inénarrable garde des Sceaux qui fait des bras d’honneur au sein de l’hémicycle. S’il se refuse à voter pour LFI dans un duel contre l’extrême droite, il assure pouvoir voter pour un candidat socialiste ou communiste, « au cas par cas ». Une technique classique du pouvoir pour fracturer une coalition, qui menace sérieusement d’obtenir bien plus de députés que le camp présidentiel.
Concernant Olivia Grégoire, c’est presque pire. Si Gérald Darmanin admet pouvoir voter pour un candidat socialiste (dans le cadre du Nouveau Front populaire), elle, admet qu’elle ne voterait pour aucun des différents partis de cette coalition.
2) Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, présidents des chambres parlementaires, mettent le RN et LFI sur le même plan
Dans un moment aussi décisif pour l’avenir politique du pays, on aurait pu s’attendre à une position responsable des présidents des deux chambres parlementaires de notre pays. Gérard Larcher au Sénat, Yaël Braun-Pivet, la première des soutiens inconditionnels à Benjamin Netanyahu ; ils sont respectivement les 3ᵉ et 4ᵉ personnalités de l’État.
Pour aller plus loin : « Ferme ta gueule » : si Mélenchon avait parlé comme Gérard Larcher, tous les médias lui seraient tombés dessus
Les deux préfèrent favoriser l’extrême droite en mettant un signe égal entre LFI et le RN. Un grand classique de la classe politico-médiatique. « Il faut tout faire pour que les extrêmes n’arrivent pas au pouvoir, l’extrême droite comme LFI », explique Yaël Braun-Pivet. « Les extrêmes », comme si ça voulait dire quelque chose ! Cela démontre le niveau d’analyse politique médiocre de la présidente de l’Assemblée nationale, incapable de fournir des arguments qui justifieraient le refus de choisir entre LFI et le RN.
Pas mieux du côté de Gérard Larcher, qui ne fera « pas le choix de la France insoumise ni du Rassemblement National », comme annoncé au JT de TF1. Peut-on s’en étonner, de la part d’un président du Sénat qui avait lâché un « ferme ta gueule » à Jean-Luc Mélenchon ?
3) Alain Finkielkraut préfère l’extrême droite à LFI… pour faire barrage à l’antisémitisme : cherchez l’erreur ?
Quant à Alain Finkielkraut, est-il encore besoin de le présenter ? Habitué des plateaux télé, il n’a eu de cesse de cracher sur LFI depuis des années. « La France insoumise n’est plus rien d’autre que la France soumise à l’islam radical », déclarait-il. Des propos on ne peut plus diffamatoires. Il est de bon ton ici de rappeler ce que ce « philosophe » des plateaux, comme l’est Raphaël Enthoven, parlait ainsi des enfants de Gaza en 2007 : « Les enfants de Gaza n’ont aucune place dans le monde, ils sont un surplus numéraire… ».
Finkielkraut, donc, n’exclut pas de voter RN face à un candidat LFI. Il « n’exclut pas d’être “contraint” de voter RN pour faire barrage à LFI », comme le titre le JDD, devenu propriété de Vincent Bolloré. Si l’on traduit son interview, il faudrait soutenir un parti fondé par des antisémites, remplis de petits nazillons, pour lutter contre l’antisémitisme, face à un parti qui combat l’antisémitisme, comme tous les autres racismes. Certains ont complètement perdu la tête.
4) François-Xavier Bellamy, Éric Ciotti, Robert Ménard : plutôt RN que LFI, jusqu’à rejoindre le parti de Bardella ?
D’aucuns diront : sommes-nous surpris (?), doublé d’un « qui aurait pu prédire ? », en référence à une phrase du chef de l’État, faisant mine de découvrir la gravité du changement climatique en cours. Le peu de doute qui subsistait pour le vote de ces trois personnalités politiques n’empêche pas de l’écrire noir sur blanc dans nos colonnes.
François-Xavier Bellamy, d’abord. Député européen depuis 2019, il a reconduit la liste des Républicains aux élections européennes du 9 juin. Au-delà de son comportement odieux envers la tête de liste de LFI, Manon Aubry durant la campagne des élections européennes, celui-ci est connu pour ses positions plus que réactionnaires. On peut citer notamment son opposition « personnelle » à l’IVG.
Beaucoup d’éléments laissaient présager son soutien à la démarche d’Éric Ciotti, chef de son parti, de ralliement au RN pour les prochaines élections législatives. Il n’en est rien. Minuscule espoir d’un vote blanc ? Que nenni. « Notre défi, c’est d’éviter que la France tombe dans cette nouvelle alliance d’extrême gauche », a-t-il déclaré sur Europe 1, expliquant devoir faire « barrage évidemment à la France insoumise », en cas d’un duel RN-LFI.
Robert Ménard, maire de Béziers, a longtemps été proche du RN. Depuis quelques temps, il a multiplié les critiques vis-à-vis de Marine Le Pen et de son parti, critiquant notamment les positions internationales du RN. D’aucuns étaient tombés de leur chaise, lorsque celui-ci parlait de honte face à des images de réfugiés syriens bloqués aux frontières. Ses plus intimes convictions le rattrapent désormais. « En cas de duel entre LFI et le RN, je voterai pour le Rassemblement National », a-t-il affirmé sur Sud Radio.
Enfin, le cas Ciotti. Le chef des Républicains ne voterait pas seulement pour le RN en cas de duel avec LFI aux législatives. En effet, le leader du parti dit « de droite républicaine » (même s’il n’avait de « républicain » que le nom depuis longtemps) a franchi le Rubicon la semaine dernière. Contre la quasi-intégralité des ténors de son parti, Éric Ciotti a décidé d’une alliance avec le RN. Une alliance fasciste se met en place. En 1936, certains disaient « Hitler plutôt que le Front populaire ». Aujourd’hui, c’est le RN plutôt que le Nouveau Front populaire pour beaucoup. L’économiste Frédéric Lordon l’avait prédit dès 2021. Indispensable à réécouter dans ces 3 semaines décisives pour l’avenir du pays.
Pour aller plus loin : Derrière le feuilleton Ciotti, l’ombre du milliardaire Vincent Bolloré
