mélenchon nouvelle france
Crédits : Claire Jacquin

La « nouvelle France » de Jean-Luc Mélenchon : populaire, diverse et solidaire

« Nouvelle France ». Ce sont les mots qu’a utilisés Jean-Luc Mélenchon au soir des résultats des élections européennes du 9 juin, après l’annonce de dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et le score de l’extrême droite raciste de Jordan Bardella. « Notre France, c’est une France créolisée, mélangée. Une nouvelle France constituée de tous ceux qui veulent vivre ensemble » a abondé le leader insoumis.

Une France populaire qui, comme en 2022 avec Jean-Luc Mélenchon, a trouvé appui sur le bulletin de vote LFI-Manon Aubry pour manifester sa colère et ses aspirations. Au soir du 10 avril 2022, après avoir recueilli les voix de près de 8 millions de Français et de Françaises, Jean-Luc Mélenchon avait déclaré : « Nous sommes le point d’appui du bloc populaire. Ici est la force. Nous tiendrons à chaque étape ».

À l’heure où Macron dissout l’Assemblée sous la pression de l’extrême droite qu’il a plus que quiconque contribué à faire monter dans le pays, le Nouveau front populaire créé ce lundi 10 juin remplit à nouveau son rôle d’appui pour la France populaire qui ne veut pas du racisme, du mépris et de la division. L’appel de Jean-Luc Mélenchon à l’émergence politique de cette nouvelle France résonne comme un appel à l’unité du peuple autour des valeurs de fraternité et de solidarité. La création d’un nouveau Front populaire unitaire pour un projet de rupture est une réponse forte et sans équivoque à cet appel. Notre article.

De la créolisation à la nouvelle France : le bloc populaire à l’honneur chez Mélenchon

Ce n’est pas en ce dimanche 9 juin que Jean-Luc Mélenchon a commencé à évoquer cette « nouvelle France populaire et mélangée ». Depuis 2020, Jean-Luc Mélenchon a fait sienne la notion de créolisation d’Edouard Glissant. « La créolisation, c’est la créativité et l’invention permanente qui résulte de la rencontre de cultures différentes » avait écrit l’insoumis. Pour lui, c’est « la chaîne manquante à l’universalisme auquel [il] se réfère depuis toujours ». À l’inverse des raisonnements racistes qui tentent d’uniformiser un peuple selon une couleur de peau qu’il n’a pas. Des diviseurs, donc. Jean-Luc Mélenchon a rappelé dimanche soir que le peuple français, c’est d’abord une communauté de destins et de valeurs.

« Sur trois générations, un peuple nouveau s’est constitué en France. Il y a 3 générations, la majorité du peuple français ne vivait pas en ville. Aujourd’hui, de quoi sont peuplées les villes ? D’immigrés. Corses, girondins, maghrébins, maliens, savoyards, bretons. Ce qu’ils font ensemble ? Ils vivent. Ils se créolisent. Cette France, c’est une nouvelle France constituée de tous ceux qui veulent vivre ensemble »

En d’autres termes, deux idées se font face. La théorie raciste du « grand remplacement » contre la créolisation du peuple. L’extrême droite contre un front populaire humaniste. Voilà ce dont il s’agit. « La créolisation ne détruit pas, elle construit ». Construire, avec un nouveau front populaire clair et déterminé, dans la perspective des élections du 30 juin et 7 juillet.

Pour aller plus loin : Qu’est-ce que la créolisation ? Entretien avec Jean-Luc Mélenchon

La nouvelle France, ou l’émergence du bloc populaire en politique

La nouvelle France, donc. Comprendre : le peuple nouveau, celui qui fait irruption en politique et reprendre son destin en main. Un concept qui ne date pas d’hier, puisqu’il est au cœur de la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne. Fondement de la stratégie de la France insoumise, cette théorie s’était d’abord matérialisé dans L’ère du peuple, écrit par J.L. Mélenchon en 2014, avant d’être réactualisée dans son dernier livre, Faites Mieux ! Vers la révolution citoyenne, en 2023.

Cette irruption populaire n’est pas seulement le moyen de la France insoumise pour arriver à ses fins électoralistes. Elle est sa finalité, sa raison d’être. Construire un débouché politique aux aspirations populaires, à toutes les aspirations populaires. Sans jamais flancher ni baisser la garde sur le racisme. « Cette France-là ne veut pas mépriser le voisin à cause de sa religion ou de sa couleur de peau. Cette France refuse d’être raciste, coloniale, sexiste » s’est exclamé Jean-Luc Mélenchon devant une foule immense réunie sur la place de Stalingrad à Paris après le résultat des élections européennes.

Un résultat clair : malgré le haut score de l’extrême droite, la jeunesse et les quartiers populaires, d’où qu’ils soient, sont derrière le projet insoumis de l’Union populaire. Les 18-24 ans ont voté à 31 % pour Manon Aubry, candidate LFI. Largement devant le RN, les macronistes et les autres. Dans des centaines de villes populaires, LFI a été placée en tête : Trappes, Bobigny, Aulnay, Bondy, Saint-Denis, La Courneuve, Grigny, Roubaix, Pantin, Alfortville, Colombes, Drancy, Gennevilliers, Nanterre et tant d’autres.

Le sursaut de mobilisation populaire dans les quartiers, qu’ils soient ruraux ou urbains, aura permis à la liste de Manon Aubry de gagner plus d’un million de voix à travers le pays entre deux élections européennes. Un signal fort, qui appelle à continuer la stratégie de mise en mouvement politique de cette nouvelle France.

« Voilà quelle France veut vivre. Voilà celle que nous voulons représenter et construire ensemble. Il faut qu’elle émerge, qu’elle jaillisse, pour ne pas que le pire jaillisse ! » a expliqué Jean-Luc Mélenchon. Car le pire n’est plus simplement une chimère agitée au loin, il est aux portes du pouvoir. En bon pyromane de la République, Emmanuel Macron agite les clés de Matignon aux nez de ceux qui ne sont que des diviseurs des Français. Contre cette hypothèse, Mélenchon et les insoumis ont tout de suite mis leur force dans la constitution d’un nouveau front populaire capable de proposer une alternative réelle au service du peuple.

Le nouveau Front populaire : créer une majorité pour le bloc populaire

Créé dès le lundi 10 juin au soir, et finalisé le jeudi 13 juin, le nouveau Front populaire est le nouveau point d’appui de cette nouvelle France. Unis dans la clarté, et déterminés à changer la vie, tous celles et ceux qui composent ce front se mettent à sa disposition. Faire bloc pour défendre les intérêts de ce peuple, voilà leur promesse. Blocage des prix de l’alimentation et de l’énergie, abrogation de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, augmenter les salaires et le SMIC à 1600 euros, organiser la bifurcation écologique…

« Nous adopterons immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde. Pour que la vie change dès l’été 2024 » ont annoncé les parties prenantes du nouveau Front populaire dans le Contrat de législature présenté ce vendredi 14 juin. Un programme pour le peuple, porté par le peuple donc.

Pour aller plus loin : Le nouveau front populaire : un accord historique

« La clé de la situation, c’est le fait que les milieux populaires et la jeunesse se mettent en mouvement. La clé, c’est l’unité du peuple. Stop aux divisions racistes, islamophobes, antisémites ! » a continué Jean-Luc Mélenchon lors du même discours.

Bref, la nouvelle France de Jean-Luc Mélenchon, ce n’est rien d’autre que l’intérêt général humain matérialisé par son peuple uni et indivisible, un peuple qui échappe aux sirènes racistes et xénophobes de l’extrême droite pour construire un avenir en commun. Une aspiration humaniste, universelle et on ne peut plus républicaine : le socle du nouveau Front populaire déterminé à combattre.

« Notre combat, c’est la paix, l’intérêt général humain. S’accorder sur ce qui permet à ce monde de rester cette merveille qu’il est quand se lève le matin le soleil sur la mer Méditerranée, sur la montagne si belle où l’on voit les bêtes, les animaux, les plantes déployer de tous côtés la magnificence créée pendant des millénaires. »

« Que ceux qui ne croient pas à la beauté s’en aillent. La poésie du monde est contenue dans notre programme. Unissons-nous » a-t-il conclu. Cette « nouvelle France », c’est donc une lecture politique du moment autant qu’un programme humaniste et unitaire. Pour tous ceux qui le partagent, cap sur le 30 juin et sur le 7 juillet pour les élections législatives. Le nouveau Front populaire, c’est cette nouvelle France qui avance et ne se taira plus. Elle se déploie déjà partout dans le pays.

Pour aller plus loin : Nouveau Front populaire : une dynamique inédite, le pays déjà en action

« Élections législatives : c’est l’heure de la nouvelle France ! » – Discours de Jean-Luc Mélenchon au rassemblement de l’Union populaire le 9 juin 2024.

Par Zoé Pébay

Partager

Vous avez aimé cet article ?

Recevez chaque semaine une sélection de nos meilleurs articles en vous abonnant.

Les + vus

Soutenez les médias insoumis !

Abonnez-vous à l’ensemble des médias insoumis et recevez à votre domicile l’hebdo et le magazine de l’insoumission.