Ciotti/Bolloré. Ce lundi 10 juin, moins de 24 heures après l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale, le Président des Républicains Eric Ciotti annonçait un accord électoral dès le premier tour avec le Rassemblement National. Coup de tonnerre : Pour la première fois, les héritiers de la droite gaulliste allaient s’allier aux législatives avec les héritiers de Pétain et des SS.
S’est ensuivi un scénario rocambolesque, marqué par une mutinerie des cadres, Ciotti barricadé dans son propre bureau, son exclusion du parti qu’il présidait, sa contestation de son exclusion devant la justice, un nouveau bureau politique actant son exclusion… Devenu divertissement préféré des journalistes politique depuis maintenant quatre jours, ce feuilleton a un scénariste : Vincent Bolloré. C’est en effet chez le milliardaire d’extrême droite que s’est rendu Eric Ciotti ce lundi, après avoir pris contact avec Jordan Bardella et Marine le Pen, pour imaginer la forme de cette annonce.
Après son échec, ils ont imaginé ensemble le lancement d’une pétition pour soutenir ce rassemblement. Les deux hommes se côtoient régulièrement depuis des années, et partagent l’objectif de « l’Union des droites », à savoir un accord entre Les Républicains, le Rassemblement National, et Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. C’était déjà chez Vincent Bolloré que Ciotti s’était rendu en 2021 avant d’annoncer qu’il voterait Eric Zemmour en cas de second tour face à Emmanuel Macron, puis d’appeler les adhérents de Reconquête à rejoindre LR. C’est encore Vincent Bolloré qui a soutenu Eric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle. Notre article.
Éric Ciotti, l’union des droites et le rêve de Vincent Bolloré
Catholique intégriste, engagé dans un « combat civilisationnel » pour « défendre l’Occident chrétien », Vincent Bolloré agit depuis plusieurs années déjà pour permettre cette « union des droites ». Au-delà de ses convictions réactionnaires et racistes, ce milliardaire illuminé est avant tout un grand patron, attaché à ses intérêts économiques. Il rêve donc d’une coalition où le Rassemblement national et Reconquête s’occuperaient de l’immigration et de l’islam, et Les Républicains de l’économie. Son idéal politique, un gouvernement à la Meloni : une politique raciste et réactionnaire, européenne et pro-patronat.
C’est dans ce but qu’il a bâti son empire médiatique et transformé la chaîne CNEWS en relai de la propagande d’extrême droite. Sa stratégie : créer un climat raciste dans le pays et les conditions d’une telle union. La commission d’enquête sur la TNT à l’Assemblée nationale avait d’ailleurs révélé les ingérences de Bolloré dans les programmes de la chaîne, et son agenda idéologique bien établi.
Pour aller plus loin : Le rapport Saintoul sur la TNT qui fait vaciller Bolloré
Sa tentative d’orchestrer ce ralliement lundi n’est qu’une nouvelle étape dans sa croisade. Si le projet de Ciotti semble avoir lamentablement échoué, la menace d’une alliance entre la droite et les lepénistes reste réelle. En témoigne la déclaration de François-Xavier Bellamy ce matin, qui a annoncé qu’en cas de second tour RN-LFI, il voterait RN. Pour rappel, il était tête de file de LR pour les élections européennes.
Voilà l’horizon qui se dresse en cas de victoire du bloc d’extrême droite le 7 juillet : une politique au service des milliardaires, doublée d’un racisme et d’un autoritarisme jamais vu depuis Vichy.
Pour aller plus loin : Question : qu’est-ce que Vincent Bolloré va faire de toute cette oseille ?
