Total. Le géant pétrolier n’en finit plus de faire parler de lui cette semaine. Et pour cause : plus d’une centaine de manifestants ont été placés en garde à vue ce vendredi pour avoir manifesté contre la politique climaticide du groupe pétrolier. Parmi eux : Marion Beauvalet, candidate LFI qui était présente avec Manon Aubry, la tête de liste des insoumis pour les élections du 9 juin.
Après avoir réalisé plus de 20 milliards d’euros de profit en 2023 sans payer un seul impôt en France ces dernières années, le patron de Total Énergies Patrick Pouyanné envisage de s’installer à la Bourse de New-York plutôt qu’à Paris. Celui qui a été réélu PDG ce vendredi par ses actionnaires, juge le secteur pétrolier outre-atlantique davantage attirant pour ses investisseurs et ses actionnaires. Apprenant la nouvelle, Macron se dit furieux et dévasté : « Après tout ce qu’on a fait pour vous… » fusille-t-il, avec impuissance et hypocrisie.
Et oui, Emmanuel Macron, après avoir gavé Total Énergies pendant des années au détriment des Français et de l’environnement, découvre que ce n’est toujours pas suffisant. Comprendrait-il enfin que le système capitaliste en veut toujours plus ? Alors que l’Assemblée générale fêtant les 100 ans de l’entreprise se tient à Paris ce vendredi 24 mai, la tentation de la délocalisation de la cotation boursière fait polémique, tandis que les militants pour le climat sont venus dénoncer l’action climaticide du géant pétrolier. Notre brève.
Après s’être gavé en France, Total Énergies préfère les États-Unis
En termes de capitalisme, Patrick Pouyanné préfère toujours l’original à la copie. Malgré les élans de générosité du président de la République, prêt à beaucoup pour satisfaire le « géant français de l’énergie » au détriment des français, ce grand patron réfléchit, sans surprise, comme un grand patron. L’entreprise est attirée par les investisseurs américains, plus prolifiques. M. Pouyanné met notamment en avant le fait que les Américains achètent plus d’actions que les Européens, qui seraient davantage contraints par des règles d’investissement durable. Les actionnaires américains, qui représentent désormais 48% du capital de Total, y verraient un formidable effort en leur sens.
Il a d’ailleurs déclaré qu’il prendrait cette décision « au nom du business et pas de l’émotion ». Pourtant, Emmanuel Macron n’avait pas démérité dans ses efforts pour augmenter les dividendes du grand patron. Sans payer un seul euro d’impôt sur les sociétés en 2020 et en 2021, Total a vu son bénéfice en 2023 s’élever à 21.4 milliards de dollars, un record historique. La multinationale pétrolière demande aux Français de se serrer la ceinture, tandis qu’elle augmente le salaire de son patron de 52% en un an. Résultat : un salaire de plus de 6 millions pendant que la crise Covid frappait de plein fouet les Français.
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Dans le même temps, l’entreprise Total est un désastre écologique sans nom. Elle a émis 1.6 milliard de tonnes d’équivalent CO2 en 2022, selon Greenpeace. Pouyanné : un criminel climatique selon toutes les associations écologistes, et comme l’avait dénoncé Mathilde Panot en septembre 2023. Il est désormais acquis que le groupe produira plus d’énergies fossiles en 2030 qu’il n’en produisait en 2015 au moment de la COP21 sur le climat, explique l’économiste Maxime Combes. Alors que son PDG répète à qui veut l’entendre que Total est « le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique », la multinationale n’a toujours pas d’objectifs de réduction d’émission alignés sur l’accord de Paris.
Bref, Total se gave de superprofits, ne paient presque pas d’impôts et détruit la planète. Tout cela avec l’approbation bienveillante d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Alors, face à l’attirance de Pouyanné pour les États-Unis, le gouvernement français se dit choqué et déçu. Le président de la République avait même été jusqu’à décorer Patrick Pouyanné de la Légion d’honneur le 14 juillet 2023. Face à la trahison de son ami patron, il se sent désavoué. « Après tout ce qu’on a fait pour vous…» a donc soufflé Emmanuel Macron à Patrick Pouyanné. Face à Total, sa naïveté est… totale.
Bruno Le Maire se sent lui aussi trahi : « On va se battre contre cette décision qui est grave » a-t-il expliqué avec faiblesse après avoir passé des années à déverser plus de 200 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises par an sans contreparties. Si Patrick Pouyanné a depuis tenté de calmer le jeu avec E. Macron, nul doute que la question du déplacement de sa cotation en bourse, là où les plus gros profits se nichent, sera toujours d’actualité dans les temps à venir.
Depuis des années, les insoumis alertent sur les superprofits du géant pétrolier français et de son action climaticide, notamment par la voix de Manon Aubry, eurodéputée LFI et tête de liste de l’Union populaire aux élections du 9 juin.
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« Total s’est gavé de 20 milliards d’euros de bénéfices, et le gouvernement souhaite faire des économies sur le dos des français, sur l’hôpital, sur les services publics. Allons chercher l’argent là où il est : dans les poches des riches et de multinationales. Taxons les superprofits de Total et des autres qui se gavent sur nos crises ! » avait déclaré l’insoumise.
Pour taxer les superprofits, c’est pour la liste de Manon Aubry qu’il faut voter le 9 juin. Pour l’heure, Emmanuel Macron continue ses cadeaux fiscaux aux grandes entreprises comme Total, qui ne lui rendent pas si bien…
