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Ukraine – Manon Aubry défend seule la négociation pour la paix sur LCI

« La question qui nous est posée collectivement, c’est comment ramener la paix en Ukraine ! ». Dès le début de son intervention lors du débat de LCI ce le mardi 21 mai 2024, la tête de liste LFI Manon Aubry pour les élections du 9 juin a eu des mots clairs. Selon elle, « il n’y a pas d’issue militaire sans fin à cette guerre ; il faut ouvrir des canaux diplomatiques ». Une réponse claire face à ceux qui sont favorables à l’envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien. Une option que le chef de l’État avait annoncée il y a quelques mois, provoquant l’isolement de la France sur la scène internationale.

Depuis le début du conflit à l’Est, la position de LFI n’a pas bougé d’un iota : négocier pour la paix. Du Vatican à Pékin, force est de constater que la position des insoumis est majoritaire sur la scène internationale. Face à un Emmanuel Macron n’excluant pas d’envahir des troupes sur le front, et à des concurrents va-t-en-guerre de la même veine, LFI se distingue en portant la voie de la négociation pour la paix. Manon Aubry l’a rappelé ce soir face à ses concurrents. Notre article.

Conférence des frontières, garanties de sécurité mutuelle : ce que propose LFI pour mettre fin à la guerre

Dès le début du conflit, LFI s’est distinguée par la défense d’objectifs clairs et simples : cessez-le-feu, retraite des troupes russes, discussion sur la sécurité en Europe dans le cadre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) où siègent les États-Unis et la Russie. Quelques heures après l’agression russe sur le sol ukrainien, le jeudi 24 février 2022, Jean-Luc Mélenchon dénonçait une invasion qui « change le cours de l’Histoire en Europe » et constitue un recul alors que le recours à la force n’était plus considéré comme un des moyens pour régler les conflits sur le vieux continent.

Comment mettre fin à une guerre et éviter l’escalade guerrière qui risquerait de provoquer un conflit nucléaire ? « Le cessez-le-feu est la première étape pour construire la paix en Ukraine » pour Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qui plaident pour « discuter des conditions concrètes dans lesquelles le conflit s’arrête ». C’est tout le sens de la proposition portée depuis le premier jour du conflit par le co-président de l’Institut La Boétie. Discuter de la paix en assurant des « garanties de sécurité mutuelle » aux belligérants, aux Ukrainiens comme aux Russes.

Un certain… Emmanuel Macron proposait la même chose le 3 décembre 2022. « C’est aussi de cela que nous avions discuté avec le président Biden, c’est l’architecture de sécurité dans laquelle nous voulons vivre demain, comment nous protégeons nos alliés et les États membres, en donnant des garanties pour sa propre sécurité à la Russie, le jour où elle reviendra autour de la table », avait déclaré le chef de l’État sur TF1. Une idée qui n’aura pas fait long feu, comme en témoigne la rhétorique guerrière qui a supplanté l’idée d’une conférence pour la paix.

Pour aller plus loin : Ukraine : Mélenchon propose une « conférence des frontières » sous l’égide de l’OSCE

Deux ans après le début du conflit, cette rhétorique guerrière inonde les débats en France et suspecte de complicité ou de connivence avec le régime poutinien toute voix qui porte la négociation pour la paix. Or, ces deux années l’ont démontré de plus belle : l’issue n’est pas militaire mais bien diplomatique.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron et ses partisans avancent sur l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN. Les insoumis s’y opposent pour plusieurs raisons : « Cela n’est pas possible sans harmonisation fiscale et sociale », a avancé le député LFI Arnaud Le Gall ce matin en conférence de presse. Le salaire minimum Ukrainien tourne autour de 200 euros.

Difficile alors d’entendre l’adhésion de l’Ukraine quand des millions de travailleurs en pâtiraient. Quant à l’OTAN, l’adhésion de l’Ukraine irait dans le sens inverse de la garantie de sécurité pour les Russes. Des garanties de sécurité sont nécessaires pour les Ukrainiens comme pour les Russes.

« Les conditions d’un accord de paix sont sur la table », a expliqué Manuel Bompard, coordinateur national de LFI. Le président ukrainien envisage la possibilité de référendums d’auto-détermination. De leur côté, les Russes se disent favorables à un cessez-le-feu, pour reconstituer leur défense. Ce n’est pas souhaitable, mais cela ouvre une fenêtre afin que tout le monde puisse se mettre autour de la table.

Les bons esprits affirment que négocier avec Poutine reviendrait à une capitulation de l’Ukraine. Une position va-t-en-guerre qui balaye d’un revers de la main le sens même de la diplomatie et de la quête d’un mode de résolution des conflits qui ne passerait pas par les tueries.

Ce n’est pas parce que quelqu’un a déclenché la guerre qu’on ne peut pas faire la paix. « Il faut sortir de cette idée que créer les conditions d’une négociation, c’est forcément céder à l’ensemble des exigences de Vladimir Poutine. Celui qui a envahi a violé le droit international, il ne s’agit pas de lui donner raison. Si vous voulez la paix, vous devez écouter ce que chacun a à dire. », a précisé Manuel Bompard.

De même, les esprits va-t-en-guerre oublient la démarche unique de LFI quant à l’accueil des opposants au régime poutinien en France, une démarche singulière que n’observe aucune autre formation politique à part celle de Jean-Luc Mélenchon.

Du Vatican à Pékin, la position de LFI est majoritaire sur la scène internationale.

Les insoumis sont loin d’être les seuls à porter la voix de la paix en Ukraine. Dans une interview donnée à la télévision suisse RSI, le pape a appelé l’Ukraine à avoir « le courage de négocier ».

« Négocier tant qu’il est temps, chercher un pays médiateur. Aujourd’hui, par exemple dans la guerre en Ukraine, beaucoup veulent servir de médiateurs. La Turquie s’est proposée pour cela. N’ayez pas honte de négocier avant que la situation n’empire », a rajouté le pape. « Notre drapeau est jaune et bleu. C’est le drapeau par lequel nous vivons, mourons et prédominons.

Nous ne hisserons jamais d’autres drapeaux », a répondu le ministre des Affaires étrangères ukrainien. « Le pape utilise le terme de drapeau blanc et répond en reprenant l’image proposée par l’intervieweur, pour indiquer, par là, la cessation des hostilités et la trêve obtenue avec le courage de la négociation », a précisé l’entourage du pape.

De même, la Chine s’est positionnée en faveur de négociations internationales : « La Chine est favorable à la convocation rapide d’une conférence de paix internationale approuvée par les parties russe et ukrainienne, avec la participation de toutes les parties sur un pied d’égalité et des discussions équitables sur toutes les options de paix ». « Pourquoi la France reste spectatrice de ces discussions ? Pourquoi la France ne prend-elle pas la tête du camp de la paix ? », s’interroge Manuel Bompard.

10 ans avant la guerre en Ukraine, Mélenchon lançait déjà l’alerte

Sur la guerre à l’Est, la position des insoumis n’a pas varié d’un iota. En réalité, Jean-Luc Mélenchon sonnait l’alerte 10 ans avant l’invasion russe en Ukraine. Les tensions à l’Est ont trouvé leur source dans la fin de la guerre froide.

Deux causes se sont combinées : l’absence de discussion sur les frontières d’un Empire effondré, l’URSS, comprenant un tiers de l’Humanité ; la progression de l’OTAN en direction de la Russie suite à l’effondrement du bloc soviétique, alors que promesse avait été faite aux dirigeants russes que cela n’aurait pas lieu. Cela ne justifie en aucun cas l’agression russe en Ukraine, mais cela permet de mieux saisir le contexte géopolitique dans la région.

Dès 2014, le leader insoumis refusait l’escalade militaire liée à l’entrée de la Russie en Crimée. Cela lui a valu d’être taxé d’accointances avec la Russie, d’être pro-Poutine. Ce, alors même qu’il condamnait la transgression des frontières menée par les Russes : « [Poutine] a fait quelque chose que je n’admets pas qui est de transgresser les frontières. »

Mais « ce n’est pas être un poutinien que de dire qu’il ne faut pas faire la guerre », expliquait-il. Dans une position toujours non-alignée au service de la paix, Jean-Luc Mélenchon avait défendu la négociation, plutôt que la guerre. Parce qu’elle ne réglerait pas le problème d’une part, puisqu’elle ne serait pas dans l’intérêt de la France d’autre part. Une position difficile à défendre face aux bellicistes de plateaux et à la « propagande des excités » qui voulaient à tout prix créer une situation de guerre aux Russes.

Pour aller plus loin : Guerre russe en Ukraine : depuis bientôt 10 ans, Jean-Luc Mélenchon lance l’alerte

La situation est quasiment similaire aujourd’hui. Contre les va-t-en-guerre et les belliqueux, il n’est pas chose aisée de défendre la paix et la négociation plutôt que de suivre aveuglément la logique guerrière du pouvoir présidentiel. Jean-Luc Mélenchon et les insoumis tiennent la position qu’ils ont toujours tenue : une position non-alignée, refusant la guerre en portant une solution diplomatique dans le cadre de l’OSCE. Elle n’implique pas d’être neutre pour autant.

C’est ainsi que les insoumis ont condamné l’agression de la Russie dans les heures qui ont suivi son agression du territoire ukrainien. Prônant comme toujours la désescalade, ils vont continuer de demander un cessez-le-feu en Ukraine, le retrait immédiat des troupes russes et des négociations sous l’égide d’institutions internationales, comme l’OSCE et l’ONU. Négocier ne veut pas dire céder à toutes les demandes de l’adversaire, mais revient à éviter que la situation dramatique en Ukraine s’éternise.

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