Anthony Smith morts au travail

Élections du 9 juin : le candidat LFI Anthony Smith veut porter une directive « Zéro morts au travail »

Morts au travail. C’est le combat d’une vie pour des milliers d’autres à sauver. Anthony Smith, inspecteur du travail, syndicaliste et candidat LFI en 4 position, veut porter une directive « Zéro mort au travail » au Parlement européen. Chaque année, plus de 1 200 personnes sont tuées du travail, quand plus de 700 000 autres sont blessées ou mutilées à vie. Des morts qui ne doivent rien au hasard, mais sont la conséquence de politiques macronistes, telles que la suppression des comités d’hygiène et de sécurité. Ces tueries, fait social massif présenté comme des faits divers, sont largement invisibilisées par l’appareil médiatique et le personnel politique. Une invisibilisation que combat avec acharnement Anthony Smith.

L’homme est une figure des luttes, spécialement investi pour le droit à la santé et la sécurité au travail, dont il a fait sa profession en devant inspecteur du travail. En 2020, il était mis à pied et sanctionné par Elisabeth Borne pour avoir pris la défense d’aides à domicile à Rennes. Deux ans plus tard, entouré des députés insoumis Mathilde Panot et Thomas Portes qui avaient alors montré un collectif pour le défendre, Anthony Smith est blanchi.

Sa présence sur la liste, en 4 position, est une fierté pour les insoumis. « Sur la liste macroniste, vous avez Elisabeth Borne qui n’a cessé de faire reculer les droits des travailleurs. À la place, nous avons Anthony Smith, sanctionné par Borne parce qu’il défendait les droits des travailleurs. Le 9 juin, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! », déclarait Manon Aubry le 7 mai sur le plateau de France Info. Notre article.

Une hécatombe dans le monde du travail 

Le 1ᵉʳ mai, journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, le département de sociologie de l’Institut La Boétie s’ancre à nouveau dans cette démarche en publiant une note de la sociologue Anaïs Bonnano et du député-sociologue Hadrien Clouet « Accidents du travail : les victimes invisibles du libéralisme ». Cette thématique est un sujet central. Les accidents du travail et les maladies professionnelles font une hécatombe dans notre pays. Et pourtant, cela passe généralement sous les radars médiatiques. 

Imaginez pourtant : chaque jour, 2 000 travailleurs subissent un accident sur leur lieu de travail. En comptant ces accidents, les accidents de trajet domicile-travail et les maladies professionnelles, chaque jour, 3 personnes meurent du travail. Qui pour en parler sur BFMTV ? Qui pour leur rendre hommage ? Cette note de l’Institut La Boétie est salutaire pour cela d’abord : rendre visible un phénomène massif et invisibilisé. La France est mauvais élève dans l’Union européenne. Seules la Lettonie et la Lituanie font pire que nous.

Une situation loin d’aller en s’améliorant : la fréquence des accidents ne diminue plus depuis 2014, et même, leur gravité augmente. Il s’agit là d’une inversion historique d’une courbe qui diminuait depuis les premières lois sur le travail, à la fin du 19ᵉ siècle. Pourquoi ?

Anaïs Bonnano et Hadrien Clouet démontrent dans leur note la responsabilité des transformations néolibérales du travail dans ce résultat. La précarisation des travailleurs les a placés dans une situation de faiblesse pour revendiquer des conditions de travail plus sécurisées. Le travail s’est aussi beaucoup intensifié ces dernières décennies. 35 % des salariés sont aujourd’hui exposés à au moins 3 contraintes physiques, contre 12,9 % en 1983. Enfin, la fragmentation du travail par l’externalisation ou la sous-traitance a eu pour effet de casser les collectifs qui sont d’après la littérature scientifique les meilleurs préventifs des accidents. 

Macron responsable des accidents du travail

Cette situation, expliquent les deux co-auteurs, a été largement aggravée par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Ce n’est pas un hasard si les années Macron battent des records de morts au travail. Car le Président des riches a considérablement affaibli le pouvoir et la représentation des salariés dans les entreprises. Or, ceux-ci sont les moyens les plus efficaces de lutter contre les accidents. En effet, les travailleurs sont toujours les mieux placés pour adapter de manière sécurisée leurs propres postes de travail.

Or, les ordonnances de 2018 ont supprimé les Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) dans lesquels des représentants des salariés se consacraient précisément à cela. Depuis, plus d’instances dédiées, mais dans le meilleur des cas une sous-commission du CSE (Comité Social et Économique). En réalité, dans la majorité des cas, plus rien du tout. 

Macron a par ailleurs supprimé les critères de pénibilité qui permettaient un départ anticipé à la retraite. Bien sûr, il a reculé de deux ans le départ en retraite alors que plus de 40 % des travailleurs de 55 ans déclarent ne pas se sentir capables de continuer dans leur travail jusqu’à 60 ans. Il a poursuivi le démantèlement des services publics de l’inspection du travail (17% d’inspecteurs en moins en 10 ans) et de la médecine du travail : 39% des salariés déclarent avoir eu accès à une visite médicale santé-travail dans l’année contre 70% en 2005.

Enfin, il pique dans la caisse de la branche accidents du travail / maladies professionnelles pour financer sa réforme des retraites au lieu d’utiliser ses excédents pour augmenter les indemnités ou financer un plan ambitieux de prévention des risques. En somme, Macron le néolibéral est responsable de l’augmentation des morts du travail dans notre pays. 

Une directive « Zéro morts au travail » portée par le candidat LFI Anthony Smith

L’accident du travail n’est pas une fatalité. Au Parlement européen, Anthony Smith entend bien mener ce combat comme parlementaire. Faire adopter une directive « Zéro morts au travail », notamment en s’appuyant sur les syndicats, dont la confédération syndicale européenne, ainsi que les inspecteurs du travail des pays voisins. L’accident du travail n’est pas une spécificité française, mais bien un fait social massif partout en Europe où les politiques néolibérales de réorganisation du travail sévissent.

Les propositions qu’entend porter Anthony Smith sont nombreuses : à l’échelon national, restaurer les comités d’hygiène et de sécurité au travail, doubler les effectifs de l’inspection du travail, organiser des pénalités jusqu’à 10 millions d’euros en cas d’accident mortel et assurer une meilleure indemnisation des victimes et leur famille.

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