Jeudi 13 février se déroulait à l’Université Bordeaux Montaigne le « village antifa » organisé par le Comité d’Action Contre l’Extrême Droite (CACED) avec le soutien d’environ 45 organisations politiques, syndicales et associatives. Cet événement s’inscrit dans un contexte de riposte unitaire initiée par les étudiants face aux attaques de militants néofascistes violents et à la volonté d’implantation de leurs alliés, à l’instar syndicats étudiants « La cocarde » et « l’UNI ». 700 personnes ont répondu présentes.
À Paris aussi, la riposte contre le fascisme s’organise. Après les raids des milices fascistes de ce dimanche contre les jeunes kurdes et les militants CGT, un important rassemblement antifasciste s’est déroulé lundi soir. Ce mardi à l’Assemblée nationale, le député LFI Raphaël Arnault a dénoncé le silence complice de Bruno Retailleau sur ces attaques : « Au slogan « Paris est nazi », nous répondons « Paris est antifasciste » » et appelons à la mobilisation générale le samedi 22 mars contre l’extrême-droite et votre gouvernement qui leur ouvre la voie ! ». Notre brève.
Une riposte face aux intimidations de l’extrême droite
Depuis déjà plusieurs mois, des membres du groupuscule violent « La bastide bordelaise » ont multiplié les incursions sur cette université marquée à gauche avec un objectif simple : faire trembler les organisations militantes de gauche. Se contentant au départ de taguer pendant la nuit, « La bastide » s’est ensuite mise à multiplier les incursions en plein jour sur la fac dans le but d’intimider les militants.
Face à ce groupuscule qui n’en est pas à son coup d’essai (ses membres s’étant rendus responsables de plusieurs attaques y compris sur une conférence de LFI fin 2022, ndlr), les étudiants ont rapidement su réagir, au début grâce à des rassemblements spontanés, puis à travers la création du CACED, composés de militants et d’étudiants ne souhaitant pas laisser la fac à des nazillons.
Grâce à cette nouvelle structure, les mobilisations pouvaient d’un coup se faire de manière coordonnée et immédiate. Ainsi, quand le groupuscule tentait de revenir, il fut cette fois-ci renvoyé par plus de 60 étudiants. Le tout filmé dans une vidéo atteignant plus de 35 000 vues sur le compte Instagram du CACED, faisant de la bastide la risée de l’extrême droite française la plus radicale.
Au-delà de la réaction, l’action
Mais, fort de cette dynamique, les étudiants du CACED n’ont pas souhaité en rester à de simples actions défensives, mais bien occuper l’espace dont les fascistes tentaient de les chasser. Cette volonté prit alors la forme d’un village antifasciste, soigneusement organisé et réunissant le plus largement possible parmi les organisations impliquées dont la lutte contre l’extrême droite. 700 personnes étaient présentes.
Face aux fascistes qui tentaient de briser les solidarités dans le milieu étudiant déjà attaqué par les coupes budgétaires néo-libérales, la gauche permet de replacer l’entraide et la lutte contre la précarité étudiante au centre de son combat contre le fascisme.
Pour aller plus loin : Victoire des antifascistes dans la Creuse : la conférence du RN annulée, la manifestation antiraciste maintenue
À l’université Bordeaux Montaigne, un succès malgré les tentatives d’annulation
À l’approche du village, les organisations d’extrême droite Reconquête, la Cocarde et l’UNI (ayant toutes eu recours aux services de « La bastide bordelaise » pour leur service d’ordre et possédant des membres dans l’organisation) ont réagi. Elles ont cherché à présenter l’événement comme un rassemblement ultraviolent, notamment dans Le Figaro afin de le faire annuler. Cependant, leurs cris n’ont pas été entendus, ce dernier s’étant déroulé comme prévu dans une ambiance festive et chaleureuse.
Au programme, repas convivial à prix libre, distribution alimentaire, prises de paroles et surtout les nombreux stands des organisations présentes, permettant aux sympathisants et militants de différents milieux de se rencontrer et d’échanger.
Ce village que l’extrême droite cherchait à décrire comme un déchaînement de violence inouï fut un grand moment de joie partagée entre plusieurs centaines de personnes. Les fascistes n’ont bien souvent que le mensonge pour convaincre, les seules têtes ayant roulé ce jour-là étant celles sur les boîtes du très populaire chamboule tout du stand de la France insoumise.
Par Lucina T