« On ne peut pas trahir le programme du NFP pour lequel nous sommes tous d’accord ! Si le PS va avec Retailleau ou Estrosi, je rendrai ma carte ! ». Sur le marché d’Olympe de Gouges, à Pantin, Ahmid, militant socialiste depuis 5 ans, ne cache pas à l’Humanité sa colère contre la Direction de son parti. En cause, l’orientation du Parti socialiste se disant prêt à des « concessions réciproques » avec les macronistes et les LR, et allant, pour certains socialistes, jusqu’à adouber l’idée de François Bayrou Premier ministre. Même Eric Ciotti a vu le piège à plein nez en dénonçant une « tambouille » à quelques heures du rendez-vous à l’Elysée.
Mais dans le parti à la rose, le niveau de cacophonie est proportionnel au nombre de courants et sous-courants. Dans ce magma, et cédant son aile droite, Olivier Faure a accepté le rendez-vous à l’Élysée en se disant prêt à des « compromis ». Comprendre : passer à la trappe le programme du NFP signé en juin dernier, dont Olivier Faure avait dit qu’il ne « bougera pas ». Le secrétaire général du PS a déjà commencé en sabordant l’abrogation de la retraite à 64, refondue en « conférence de financement ».
A t-il oublié ses déclarations estivales lorsqu’à Blois, le 30 aout dernier, il déclarait avec gravité « Macron est prêt à vous dire que vous pourrez tout avoir, à la seule condition que vous rapportiez le scalp du NFP » ? A t-il oublié le serment du 8 juin 2023, ce moment où toutes les forces du NFP se sont jurés de « tout faire » pour abroger la retraite à 64 ans ?
Une chose est sûre, les appels du pied du PS à Emmanuel Macron déclenchent l’ire d’une grande partie de leurs militants depuis vendredi dernier et l’annonce du voeu des « concessions réciproques » avec les macronistes et la droite. Sur un autre marché, à Charleville Mézières, d’autres militants socialistes disaient ce dimanche leur mécontentement : « On n’a pas oublié le programme du NFP, à quoi ça sert d’aller à l’Élysée pour se retrouver ensuite avec Bruno Retailleau ou d’autres personnalités de droite ? »
Pour les insoumis, rompus à l’exercice de déminage des manœuvres, les choses sont claires. Emmanuel Macron tend un piège aux dirigeants du NFP pour le fracturer, et le détruire. Comment imaginer un pacte de non-censure et un programme commun avec Bruno Retailleau et Gabriel Attal ? Pour les insoumis, la réponse est nette : « Nous avons refusé de participer aux discussions à l’Élysée, car nous respectons nos électeurs et le programme du NFP », a rappelé Manuel Bompard ce matin. Pour certains esprits superficiels, la trahison est une seconde nature. Pour d’autres, à l’instar des insoumis, la loyauté en politique est une boussole. Notre article.
Sylvain Noel, rédacteur en chef
« Si le PS va avec Retailleau ou Estrosi, je rendrai ma carte ! » : la colère de militants socialistes
Pour aller plus loin : « Concessions réciproques » – Le PS tue le NFP au profit de Retailleau et Attal