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Armes Netanyahu

Les États-Unis ont livré 22,76 milliards d’euros d’armes à Netanyahu depuis un an

États-Unis. 22,76 milliards de dollars. C’est la somme totale des aides militaires versées par les criminels de guerre nord-américains à Benjamin Netanyahu depuis le 7 octobre 2023 d’après une analyse de Watson Institute for Internationale and Public Affairs, de l’Université Brown. Depuis 1948, le chiffre s’élève à 124 milliards.

Joe Biden a beau répéter « cessez-le-feu » de temps à autre – comme Kamala Haaris, alignée sur le droit d’Israël à se défendre – il n’en reste pas moins complice actif du génocide en cours. Les balles dans les têtes des enfants palestiniens sont « made in USA » ou fabriquées en France, après l’envoi de 100 000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs de type Negev 5 fin octobre 2023.

Malgré les plus de 200 000 tués en Palestine, et les pires restrictions d’aides alimentaires dénoncées ce mercredi 30 octobre par l’UNICEF, l’embargo sur les armes n’existe dans la bouche des dirigeants nord-américains que sous forme de fumeux ultimatum de façade. Il est pourtant le seul levier qui stopperait la machine génocidaire de Netanyahu, donc les stocks de munitions dépendent quasi exclusivement de l’apport américain. 69 % des armements israéliens sont « made in USA ». Notre article.

Israël est-elle militairement une colonie occidentale ?

La question se pose lorsque l’on regarde les principaux partenaires militaro-industriels de l’État d’Israël. Selon l’article de la BBC du 8 avril 2024, Israël a besoin d’une aide extérieure pour se fournir en avions de combat, en bombes guidées et autres missiles. C’est donc bien avec le soutien des pays de l’Ouest qu’Israël se fournit de quoi mener ses guerres. Parmi les pays exportateurs, on notera le poids conséquent des États-Unis, à hauteur de 69 % des armes importées par Israël.

Les médias même officiels ont récemment rappelé la dépendance de Tsahal à l’industrie de l’armement américain. Mais il ne faudrait pas oublier que l’Allemagne a été un acteur majeur dans ce domaine au cours des dernières années, puisqu’elle représente 30 % de l’équipement importé par Israël entre 2019 et 2023. Pire encore, le déclenchement de la guerre a dopé le volume des transactions, l’Allemagne ayant vendu dix fois plus d’armement en 2023 qu’elle ne l’avait fait en 2022.

De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis ont conclu en 2016 un nouveau chapitre de leur collaboration militaire avec leur allié au Moyen-Orient. Ce partenariat en est ressorti renforcé pour une durée prévisionnelle de 10 ans, soit un accord de 38 milliards de dollars entre 2019 et 2028. Avec une seule réserve cependant ; au bout de la sixième année, Israël ne pourra plus se servir de ces fonds pour alimenter leur propre industrie de la défense. Autrement dit, leur partenaire exclusif sera l’industrie militaire américaine, qui s’assure une part de marché colossale dans les affaires israéliennes.

Pour aller plus loin : France, Allemagne, États-Unis : quels sont les États qui continuent à livrer des armes à Netanyahu ?

Les ambigüités américaines, condamner parfois, soutenir toujours

Le 6 mai 2024, il était question de la suspension d’une livraison d’armes par Joe Biden. Cependant, quelques jours plus tard, un envoi d’une valeur d’un milliard de dollars à Israël était approuvé. Plus fort encore, alors que le déchaînement de violence à Gaza, mais aussi à Rafah gagnait en puissance et devenait de plus en plus difficile à nier, un autre contrat d’une valeur de 20 milliards de dollars a été signé en août, pour la livraison de 50 avions de combat F 15, ainsi que des munitions pour mortier à haute puissance explosive, sans oublier des cartouches de char d’assaut et missiles air-air.

Cette livraison dépasse de plus de 5 fois le coût annuel prévu par l’accord de 2016 sur la programmation d’aide militaire à Israël prévue de 2019 à 2028, signe que la guerre au Proche-Orient a renforcé les ambitions de l’industrie militaro-industrielle américaine.

Tout ne s’est passé malgré tout sans heurts au plus haut niveau de la politique aux États-Unis. Au moment de l’accord de 2016, Barack Obama, alors Président en difficulté avec les deux chambres aux mains des Républicains, avait clairement exprimé ses réticences en raison de l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie. 83 des 100 sénateurs américains ont fait pression sur lui, dans un contexte à l’époque récente marqué par l’accord sur le nucléaire iranien. Ces sénateurs désiraient donner à Israël les moyens de se défendre contre d’éventuels agresseurs au Proche-Orient.

Joe Biden, pourtant lui-même défenseur d’Israël revendiqué, a également déclaré à plusieurs reprises sa désapprobation envers l’action israélienne, comme le 1ᵉʳ juin 2024, lorsqu’il affirme que la guerre doit prendre fin (« Il est temps que la guerre s’arrête et que le jour d’après commence »). À la même occasion, un plan pour un cessez-le-feu a été présenté, détaillant en 3 phases l’arrêt des hostilités à un moment où l’Administration Biden jugeait que le Hamas n’était plus en état de renouveler une attaque comme celle du 7 octobre 2023. Mais comme nous l’avons vu, les livraisons d’armes ont continué, culminant avec celle décidée en août 2024.

D’après le rapport de Brett Murphy pour l’association de journalisme ProPublica, paru le 14 octobre 2024, le Département d’État américain a volontairement ignoré les rapports faisant état violations de droits humains commis par Israël afin de continuer à livrer de l’armement. La démocratie semble ne plus tout à fait fonctionner non plus, lorsque le secrétaire d’État Anthony Blinken contourne à deux reprises le Congrès en décembre 2023, prétextant l’urgence pour Israël de se défendre.

La puissance des lobbies industriels est immense aux États-Unis. Tout ceci démontre que seule la décision de stopper les livraisons d’armes depuis l’Amérique pourrait véritablement entraver la politique de Netanyahu. C’est d’ailleurs le fait rappelé régulièrement par Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, et premier dirigeant politique à l’échelle planétaire, ayant appelé à décréter sans délais un embargo sur les armes, dès l’automne 2023.

Par Victor Gueretti