Rapport d’Oxfam sur le CAC 40. Ce mardi 28 mai, l’ONG Oxfam a publié un rapport choc sur l’activité du CAC 40 et sur ses conséquences sociales et économiques, intitulé « Une France à CAC 40 degrés – Les investissements verts loin derrière les actionnaires ». Le verdict est simple : le shoot aux millions des actionnaires plutôt que l’urgence de répondre à l’effondrement climatique. Voilà le choix fait par les grandes entreprises du CAC 40, qui ont généré plus de 145 milliards d’euros de profits en 2023.
Celles-ci ont versé quatre fois plus de dividendes et de rachats d’actions à leurs actionnaires qu’elles n’ont investi dans la transition écologique. La tête de liste des insoumis pour les élections du 9 juin, Manon Aubry, en sait quelque chose. Ancienne porte-parole d’OXFAM, elle a passé son mandat à rédiger ce type de rapports, et continue son combat fort de son écharpe de parlementaire et de candidate pour « tout changer » lors des élections européennes du 9 juin.
Une révélation qui dément tout le narratif politique du gouvernement depuis des années. Un narratif selon lequel les superprofits des grandes entreprises sont positifs pour l’ensemble de la société, puisque les bénéfices des entreprises seront bien sûr reversés en investissement au profit de la collectivité. Un mirage, régulièrement débunké par la réalité économique et les études empiriques telles que celle d’Oxfam publiée ce 28 mai 2024. Leur étude donne au contraire raison au projet politique de la France insoumise, qui souhaite réguler l’activité des grandes entreprises afin qu’elles prennent leur juste part dans la planification écologique nécessaire. Notre brève.
Le CAC 40, ou la destruction du climat au profit des actionnaires
Si l’on savait déjà que les grandes multinationales saccagent la planète et le climat, l’étude d’Oxfam est un nouveau pavé dans la mare, et une nouvelle preuve de l’absurdité macroniste en matière économique. La révélation principale tient en deux chiffres à mettre en parallèle : les dividendes et rachats d’actions du CAC 40 s’élevaient à 67, 3 milliards d’euros, alors que les investissements dans la transition écologiques atteignaient à peine 16,8 milliards d’euros. Et pour certaines, c’est un différentiel encore plus abyssal. Danone, par exemple, a versé 420 fois plus de dividendes que d’investissements écologiques. C’est aussi 22 fois de plus pour Carrefour.
Derrière leur greenwashing trompeur donc, aucun investissement suffisant pour la transition écologique qu’ils doivent pourtant entamer dès maintenant. Et pour cause, l’étude d’Oxfam révèle un second chiffre alarmant : les entreprises du CAC 40, sous leur fonctionnement actuel, nous mènent à un monde à +2,7 degrés. Pour rappel, un monde à +2,7 degrés de réchauffement, c’est 2,1 milliards de personnes exposées à des températures extrêmes et dangereuses. Les entreprises du CAC 40 continuent donc de faire exploser le thermomètre, et sont loin de respecter l’Accord de Paris.
Surtout, Oxfam note à juste titre que leur « impact colossal » sur le climat est d’autant plus condamnable que leurs marges de manœuvres pour bifurquer n’ont jamais été aussi grandes. Depuis 2021, « elles ne cessent de battre des records de superprofits et de versements de dividendes depuis 2021 ». Oxfam note qu’en encadrant la part versée aux actionnaires à 32% des bénéfices aurait suffi à couvrir les besoins des entreprises du CAC en investissement dans la transformation écologique.
Mais sans politique réellement contraignante, nul doute que les grandes entreprises continueront à privilégier un modèle court-termiste profitant majoritairement aux actionnaires, au détriment de la bifurcation écologique. Et c’est sans compter les inégalités sociales colossales que portent en elles ces entreprises : au CAC 40, l’écart entre la rémunération du dirigeant et le salaire moyen de la même entreprise a augmenté de 75% en 10 ans.
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Pour Oxfam comme pour LFI : l’urgence est à la régulation du CAC 40
Pour Oxfam, qui publie cette étude, comme pour la France insoumise, il y a urgence à changer de politique vis-à-vis des grandes entreprises du CAC 40. Responsabiliser les grandes entreprises irresponsables, voilà la direction dans laquelle il faut avancer, s’accordent les organisations.
Dans son rapport, Oxfam demande ainsi « d’interdire les versements aux actionnaires lorsque l’un des objectifs suivants n’est pas atteint : un salaire décent sur l’ensemble de la chaîne de valeur, une stratégie climat ambitieuse et un plan d’investissement associé ». En ce sens, le devoir de vigilance, arraché par Manon Aubry au Parlement européen, a marqué une première victoire.
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Le conditionnement des aides publiques aux entreprises est aussi une mesure essentielle à la bifurcation écologique et sociale que les insoumis entendent entamer, à l’heure où ces aides s’élèvent à près de 200 milliards par an sans aucune contrepartie sociale ou écologique. Le résultat : un capitalisme sous perfusion d’argent public, pour des entreprises qui polluent et détruisent des emplois.
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Tout comme de nombreuses autres ONG, la France insoumise soutient aussi l’instauration d’un ISF climatique et l’instauration d’une surtaxe sur les dividendes, lorsque les entreprises ne respectent pas l’Accord de Paris, et l’instauration d’un salaire maximale pour les PDG. Toutes ces propositions, LFI les porte depuis des années à l’Assemblée nationale, dans les mobilisations sociales, mais aussi au Parlement européen. En vue des élections du 9 juin prochain, les insoumis entendent bien mettre ce sujet sur la table contre les macronistes et autres alliées néolibéraux qui encouragent la course actuelle droit dans le mur.