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97% des eaux contaminées : un nouveau scandale sanitaire

Eaux contaminées, santé en danger. 97 % des stations d’eaux souterraines sont contaminées aux pesticides. Dans près d’un tiers des cas, la contamination dépasse les normes de qualité en vigueur, mettant en péril la santé de millions de Français et l’environnement. Première source d’eau potable du pays, les nappes phréatiques sont aujourd’hui en danger : c’est le résultat d’une enquête menée par Le Monde, six autres médias européens et des collectifs de scientifiques sur les 7 dernières années.

Plus de 300 contaminants différents sont présents dans nos nappes phréatiques : pesticides bien sûr, mais aussi nitrates, solvants, bisphénol A, PFAS et autres produits chimiques. Sans surprise, leur présence est plus forte dans les zones où les traitements phytosanitaires des surfaces agricoles sont les plus fréquents. Une mise en danger sanitaire immense, puisque soixante-quatorze de ces polluants sont considérés « cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ».

Quant à l’action du Gouvernement, il choisit délibérément de ne pas être à la hauteur via un plan d’action de réduction des produits phytosanitaires insuffisant et contesté par l’ensemble de la communauté scientifique. Une situation alarmante et un véritable scandale sanitaire, notamment dénoncés par Marina Mesure, eurodéputée LFI et candidate aux élections européennes du 9 juin. Notre brève.

Contamination des eaux souterraines en France : une ampleur inédite

Depuis plus de vingt ans, l’Union européenne s’est fixée l’objectif de restaurer le « bon état » de nos eaux souterraines en 2015. L’objectif a finalement été reporté à 2027, mais la Cour des Comptes notait dès juillet 2023 que cet objectif ne sera pas atteint. De leurs côtés, tous les États membres envoient régulièrement à la Commission européenne un état des lieux de leurs eaux. La France, quant à elle, feint de tenter de réduire l’usage des produits phytosanitaires et la contamination de nos eaux par différents plans dits « Écophyto », sans réussite.

Force est de constater l’échec de ces objectifs : dans le dernier document transmis à l’UE, la France reconnait elle-même que plus d’un tiers de nos masses d’eau souterraines sont clairement en « mauvais état chimique ». Les chiffres actuels viennent confirmer le désastre sanitaire d’une contamination désormais hors de contrôle. Après le scandale de l’eau en bouteilles contaminée commercialisée par Nestlé, pour lequel la députée Clémence Guetté avait saisi la justice, les révélations de l’enquête du Monde sont un nouveau coup de massue.

Pour aller plus loin : Scandale de l’eau en bouteilles contaminée – La députée LFI Clémence Guetté a saisi la justice

Les dernières mesures des contaminations révèlent non seulement la surprésence des pesticides dans nos eaux souterraines, mais aussi la persistance de molécules dangereuses pourtant interdites il y a des décennies. En Martinique et en Guadeloupe, le chlordécone, substance ultra-cancérogène, est toujours présent malgré son interdiction en 1993 et dépasse même les seuils maximaux trente ans plus tard. En France hexagonale aussi, la chroridazone, herbicide utilisé pour la culture des betteraves et interdit en 2020 dépasse encore les seuils de qualité dans près de 20% des stations, notamment dans les Hauts-de-France.

Pour le nitrate, même rengaine. Molécule pourtant absente ou très faiblement présente dans les eaux, le nitrate atteint aujourd’hui des niveaux colossaux à cause du recours massif aux engrais azotés.

Et l’étendue du problème des n’est pas encore tout à fait connue. De nombreux polluants, pourtant présents en nombre, sont pour l’heure dépourvus de valeurs seuils, empêchant ainsi d’analyser l’ampleur de leur concentration. C’est notamment le cas des PFAS, les « polluants éternels » au cœur de l’actualité de par leur déploiement immense. Ces PFAS sont notamment présents en nombre dans les nappes phréatiques dans l’Est, proches du Rhin et du Rhône. Un problème longtemps ignoré et qui ne fait que s’aggraver.

Qui est responsable de ces eaux contaminées ?

Les responsables de ces pollutions sont clairs : le modèle d’agriculture intensive actuel et son utilisation massive d’engrais polluants et de pesticides, et certaines industries polluantes. Les polluants d’origine industrielle – le trichloréthylène et le tétrachloroéthylène notamment – dépassent les seuils de qualité dans plus de 460 stations en France, situées dans les grands bassins industriels.

Côté politique, c’est le vide sidéral ou l’inaction. Les plans Écophyto du Gouvernement sont un échec. Après l’avoir abandonné en janvier 2024, le Gouvernement a présenté le 6 mai son nouveau plan « Écophyto 2030 ». Une coquille vide pour beaucoup, fondée sur un indicateur frauduleux et trompeur selon les scientifiques. Ces mêmes scientifiques, tels que Florence Habets, hydrogéologue et directrice de recherche au CNRS, s’inquiètent aussi des reculs énormes liés aux récents allègements de la PAC (Politique agricole commune) au niveau européen, sur le plan environnemental.

La France insoumise alerte quant à elle depuis des années sur l’état de nos nappes phréatiques et sur la contamination des eaux par les pesticides. À l’Assemblée comme au Parlement européen, les insoumis mènent la bataille pour une politique ambitieuse de dépollution, face à la droite et l’extrême droite qui ne veulent rien entendre. Pour Marina Mesure, candidate sur la liste de l’Union Populaire pour les élections européennes du 9 juin, « la pollution de l’eau est un fléau ».

Le basculement de certains polluants présents dans les rivières jusque dans les nappes phréatiques est profondément inquiétant selon les scientifiques. Entre pollution de ses nappes phréatiques et sécheresses répétées, l’eau, notre bien commun le plus précieux, est aujourd’hui largement malmenée par l’inaction de nos gouvernements.

Avec 97% des eaux contaminées par les pesticides, et 20% dépassant dangereusement les normes de qualité, le scandale sanitaire actuel est un signal d’alarme pour nos dirigeants. Pour l’heure, la liste de Manon Aubry aux élections européennes du 9 juin porte haut et fort le refus des pesticides, pour la santé et pour la planète.

Par Zoé Pébay