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Loi agricole – LFI mène la bataille contre une loi au service de l’agrobusiness

Agricole. « Un coup de maître qui nous a fait espérer ». Le 10 avril dernier, Thomas, agriculteur dans le Jura, résumait ainsi la procédure enclenchée par LFI ayant débouché sur une suspension de l’examen de la « loi agricole » défendue par le Gouvernement. En repérant des manquements ici et là dans le texte, les insoumis étaient parvenus à bloquer le texte. Le projet du Gouvernement cristallise les critiques des agriculteurs.

Lors d’une « Assemblée paysanne » organisée par LFI à l’Assemblée nationale réunissant plus d’une cinquantaine d’agriculteurs, le consensus était clair : une rémunération digne des agriculteurs est une urgence absolue. Une urgence balayée par le projet gouvernemental. En un an, les prix alimentaires ont augmenté de 10% tandis que les prix agricoles ont diminué de près de 10%.

De retour à l’Assemblée, la loi du Gouvernement reste à des kilomètres des préoccupations des agriculteurs – rien sur le revenu agricole, rien sur la concurrence déloyale et les traités de libre-échange qui les écrasent, rien sur la transition agroécologique. Un constat rappelé ce matin en conférence de presse par la députée LFI Aurélie Trouvé, cheffe de file aux côtés des députés insoumis Manon Meunier, Mathilde Hignet et Loïc Prudhomme. Notre article.

Le Gouvernement présente son projet de loi d’orientation agricole à l’Assemblée nationale : silence radio sur les prix rémunérateurs

Le constat est connu : la masse des agriculteurs souffre de revenus indécemment bas, de dettes permanentes et qui s’alourdissent. Une situation entraînant des drames humains à répétitions : un agriculteur se suicide tous les deux jours. En un an, les prix agricoles ont baissé de 10% quand les ménages voyaient le prix des produits alimentaires augmenter de 10% dans les supermarchés.

Entre les deux, les grands groupes du patronat financier, Carrefour, Auchan, Lactalis, se gavent. Dans une note, l’Institut La Boétie a montré comment l’agro-industrie a pu augmenter ses marges de 71% en un an et demi. Symbole d’un modèle à bout de souffle. D’un autre côté, le modèle d’agriculture intensive devient absolument incompatible avec la crise écologique.

En conférence de presse ce matin, la députée LFI Aurélie Trouvé a torpillé les manquements de la loi d’orientation du gouvernement, une loi « au service de l’agrobusiness ». « Rien dans ce projet ne permet de soutenir l’agriculture familiale et de renouveler les générations agricoles, rien non plus pour leur permettre d’accéder au foncier à des revenus dignes ». Une loi qui passe ainsi à la trappe des semaines de mobilisation des agriculteurs, en mouvement contre le libre-échange et pour des revenus dignes. Son article 1 entérine la logique de la concurrence internationale, déloyale, qui pousse à la diminution des coûts de production et étrangles les agriculteurs.

La députée LFI a aussi dénoncé un projet qui va priver les agriculteurs de leurs moyens de production, en donnant des possibilités aux investisseurs de s’accaparer des terres agricoles au détriment des agricultures, via un groupement foncier. En toile de fond, la loi « va aussi privatiser l’enseignement public agricole », souligne Aurélie Trouvé en dénonçant le souhait de l’agrobusiness de piloter l’enseignement agricole pour mieux servir ses propres intérêts.

La loi d’orientation conforte aussi les grands projets inutiles qui émaillent d’un bout à l’autre du pays, des mégabassines jusqu’aux fermes usines, lesquelles dépassent déjà les 3000 en France.

En réponse, LFI a annoncé le vote d’une motion de rejet, et le dépôt de plus de 500 amendements pour défendre l’instauration des prix minimums garantis pour les agriculteurs, une mesure défendue par Jean-Luc Mélenchon, la fin des traités de libre échange et des mesures pour tendre vers une « bifurcation écologique et sociale. »

Pour aller plus loin : Loi d’orientation agricole : LFI a présenté son contre-projet

Des prix planchers pour les agriculteurs : la constance de LFI face aux inconsistances des libéraux et de l’extrême droite

Bien avant leur contre-projet d’orientation agricole, les insoumis se sont distingués dès 2018 en proposant, les premiers, l’instauration de prix minimums garantis (dits prix planchers) aux agriculteurs. La constance de leurs mesures en faveur du monde agricole explique l’accueil chaleureux réservé aux députés LFI s’étant rendus sur les points de blocage et de rassemblements des agriculteurs.

Alors que Jordan Bardella qualifie cette mesure de « trappe à la pauvreté » et que les macronistes s’opposent à cette mesure qu’ils jugent « soviétique » sans rien y connaître, les insoumis tiennent la barre. Le 30 novembre 2022, plusieurs semaines avant le début de la vaste mobilisation des agriculteurs, les insoumis avaient de nouveau porté la mesure dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale en demandant l’instauration de ces prix planchers et l’encadrement des marges de la grande distribution et de l’industrie agro-alimentaire.

Elle fut rejetée à six voix près après d’intenses manœuvres des députés macronistes et Les Républicains. Comble de l’ironie : deux mois plus tard, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture « s’étonne » des marges de l’agro-industrie et la troupe macroniste feint de les découvrir… après avoir pourtant refuser sciemment leur encadrement.

Les insoumis sont aussi les seuls à combattre sans relâche les accords de libre-échange qui tuent les agriculteurs en les exposant à une concurrence déloyale à travers le monde. Le groupe de la France insoumise est le seul, au Parlement européen, à avoir voté contre tous ces accords de libre-échange. Les Écologistes, le parti socialiste soutenu par Glucksmann et bien sûr les macronistes, la droite et l’extrême-droite : tous siègent dans des groupes qui votent pour ces accords de libre-échange qui tuent nos agriculteurs.

L’actuelle PAC, votée au Parlement européen, a d’ailleurs été soutenue non pas seulement par les macronistes qui composent la majorité, mais aussi par le Rassemblement national.

Pour aller plus loin : « Prix garantis pour les agriculteurs – Une victoire idéologique qui ne passe pas pour Macron et Bardella »

Agri-Tour, Assemblée paysanne… : les insoumis sur le terrain pour une agriculture durable et rémunératrice

Pour les prix garantis rémunérateurs pour les agriculteurs, comme pour une bifurcation écologique du modèle de production agricole, les insoumis se sont distingués par la constance et le détail de leurs propositions. Des propositions qui rejoignent les revendications portées par les agriculteurs : pouvoir vivre de son travail sur une planète en bonne santé. Les prix planchers, la limitation des marges de l’agro-business et des multinationales de la grande distribution, la transition vers un modèle d’agriculture paysanne respectueuse des ressources naturelles. Toutes ces propositions ont un point commun : une agriculture au service des besoins, et non à celui de l’agro-business.

Sur les ronds-points, pendant le mouvement des agriculteurs en colère, en visite dans des fermes agricoles partout en France, jusqu’à l’organisation d’une « Assemblée paysanne » à l’Assemblée nationale : les insoumis sont sur le front.

Depuis le mois d’octobre, les députés insoumis ont entamé un travail de fond en allant à la rencontre des agriculteurs partout en France à travers « l’Agri-Tour », qui s’est conclu le mercredi 10 avril par l’organisation d’une Assemblée paysanne, réunissant plus d’une quarantaine d’agriculteurs.

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Agriculteurs et députés LFI lors de la séance plénière de l’Assemblée paysanne

Pour aller plus loin : Assemblée paysanne – LFI réunit des agriculteurs à l’Assemblée nationale pour faire la loi

Un objectif : partir des expériences des agriculteurs et de leurs revendications propres pour construire un projet agricole réellement à leur service. Chacun d’entre eux est invité à présenter son expérience et à donner une mesure phare en répondant à une même question : « Si vous étiez législateur ou législatrice, quelle serait la mesure prioritaire que vous mettriez dans une loi d’orientation agricole ? ». Un sujet revient à l’unanimité : la nécessité d’une rémunération juste et digne pour les agriculteurs