marche contre le racisme

Marche contre le racisme, la victoire contre l’interdit

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Contre le racisme. « Ils ont voulu nous censurer comme Mélenchon, Rima Hassan et tant d’autres, c’est raté, on marche ! ». Ce 21 avril, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Paris contre le racisme et pour la paix. Comme Enzo, ils sont nombreux à être venus, conscients de la « pente liberticide » que prend le Gouvernement par ses multiples opérations de censure et d’intimidation des opposants politiques.

La Préfecture avait d’abord prononcé une interdiction de la marche en raison de « forts risques de troubles à l’ordre public ». Le même motif avait été invoqué pour censurer Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan vendredi dernier à Lille. Le tribunal a opéré un recadrage au goût de sévère défaite pour les autorités. Il a jugé que l’interdiction portait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation ». En réponse à l’appel fait par le gouvernement, le Conseil d’État a, lui aussi, donné raison aux organisatrices… en pleine manifestation, aux alentours de 17 heures.

L’arrêté préfectoral d’interdiction : l’arme de la censure politique envers une marche contre le racisme

Amal Bentounsi, fondatrice du collectif des familles des victimes tuées par la police, une des co-organisatrice de la marche, a attendu de longues heures le rendu devant le conseil d’Etat alors que la manifestation s’était déjà élancée depuis 14 heures. « C’est une victoire » a-t-elle lancée sur le camion de tête de la manifestation aux côtés de Yessa Belkhodja, membre du collectif de défense des jeunes du Mantois et co-organisatrice de la marche. 

La manifestation à l’appel de 51 organisations, dont LFI, a-t-elle dégénéré comme la Préfecture le laissait entendre en invoquant ce « risque de trouble » ? Des « slogans antisémites » ont-ils été entendus ou affichés comme la Préfecture le soulevait dans sa décision ? Non, ni troubles, ni antisémitisme bien sûr. Une déroute totale qui met à mal les argumentaires politiques des autorités pour bâillonner et salir les militants de la paix. La manifestation partie de Barbès s’est déroulée dans le calme absolu, sans heurts. Jean-Luc Mélenchon était présent ainsi qu’une forte délégation insoumise.

Le Conseil d’État autorise donc la marche et le concert. La leçon est claire : le « risque de trouble à l’ordre public » et la crainte de « slogans antisémites » sont des chimères inventées par les partisans du génocide à Gaza. Des chimères qui servent d’armes pour réduire au silence les opposants, au même titre que l’accusation d’« apologie de terrorisme ».

Dans sa décision d’interdiction, la préfecture de police avait mis l’accent sur une « absence de prise en compte des risques de débordements par les organisateurs et le service de sécurité insuffisant » ainsi que des risques de « troubles graves à l’ordre public ». Le calme absolu de la marche et du concert qui s’est suivi a mis en déroute totale la préfecture et ses argumentaires. Preuve, s’il en fallait une, du caractère hautement politique des interdictions prononcées.

Pire encore, dans sa décision, la Préfecture justifiait l’interdiction par un lien infâme entre le fait de porter « l’attention sur les enfants de Gaza » et les « slogans antisémites », fidèle en cela à la ligne de classe politico-médiatique depuis le 7 octobre. Ceux qui marchent contre le racisme et pour la paix sont aussitôt injuriés d’« antisémites ». Des organisations comme le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) qualifient chaque jour d’antisémites tous ceux qui défendent la cause palestinienne : le Pape, Edgar Morin, de Villepin, Mélenchon. La Préfecture et les préfets, militants politiques qui y officient, surfent sur cette vague.

La marche s’est finalement achevée par un concert avec les rappeurs populaires Médine et Kerry James précédé de prises de paroles devant la foule rassemblée place de la République. Yessa Belkhodja, « fière de la marche et d’avoir défié la préfecture » a dénoncé la « frénésie autoritaire » qui « s’est emparée du pouvoir ». Ella a ensuite conclu :

Demain, la répression reprendra de plus belle. Nous n’avons pas de solution miracle à apporter, si ce n’est de soutenir tous les projets politiques qui défendront les intérêts des habitants des quartiers, des noirs, de musulmans, des migrants, de tous ceux qui sont fermement du côté de la Palestine, c’est-à-dire des opprimés. Étant donné la répression qui s’abat sur toutes les voix solidaires de la Palestine et en solidarité avec tous ceux qui sont poursuivis, nous disons : accusez-nous tous, poursuivez-nous tous. Nous sommes tous coupables d’avoir des positions anti-racistes et anti-impérialistes.

Yessa Belkhodja

Pour aller plus loin : Rima Hassan convoquée par la Police : la scandaleuse criminalisation des voix de la paix

« Nous ne nous tairons pas », déclarent les insoumis

Entourée des députés Thomas Portes, Jérôme Legavre et Louis Boyard, Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, a pris la parole : « Nous avons remporté une double victoire contre le pouvoir et contre Macron qui ont tenté par deux fois de nous faire taire. Et ils n’ont pas réussi. Que cela leur serve de leçon quand ils tentent d’annuler conférences, meetings, rassemblements, concerts… Quand ils poursuivent pour apologie du terrorisme. Non, nous ne nous tairons pas. »

Très applaudie, elle a rappelé que « Nous n’accepterons jamais qu’on tente d’apprendre avec des contrôles au faciès, à des enfants de 10, 12 ans, qu’ils seraient étrangers à leur propre pays. Nous n’accepterons jamais que des jeunes soient tués par la police sans que rien ne soit fait. Nous abrogerons la loi Cazeneuve de 2017 qui a fait exploser le nombre de morts pour refus d’obtempérer ».

La marche du 21 avril a prouvé brillamment le mensonge et le caractère hautement politique des interdictions ordonnées par le pouvoir contre les opposants politiques et les militants de la paix. Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon avaient bien raison à Lille : « La censure est l’arme de ceux qui ont déjà perdu ».

Sylvain Noel, rédacteur en chef de l’Insoumission

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