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Climat – Face à l’urgence, un climatoscepticisme décomplexé : le RN, les macronistes et les superprofits complices

Climat. Alors que la température globale sur terre augmente, que le niveau des mers ne cesse de monter et que les limites planétaires sont franchies toujours plus prématurément, des grands projets écocidaires voient tout de même le jour. La construction de l’A69 en est le parfait exemple.

L’année 2023 a été désastreuse écologiquement parlant. En France, l’été s’est symbolisé par des vagues de chaleur ayant battu des records. Mayotte a été particulièrement victime de températures extrêmes et a connaît encore aujourd’hui un manque d’eau très critique. Certains en sont même arrivés au point de boire l’eau des toilettes pour survivre. D’autres pays ont également été touchés par des chaleurs extrêmes. L’Iran par exemple a fait face à des températures allant jusqu’à 50°C, obligeant le pays à confiner ses citoyens du 2 au 3 août.

Le jour du dépassement, date à partir de laquelle l’Humanité surexploite les ressources terrestres pour le reste de l’année, avance au fur et à mesure que les années passent. Cette année, c’était le 2 août, en 1986 c’était le 31 décembre… Le dérèglement climatique est préoccupation prise très au sérieux par La France Insoumise avec la volonté d’inscrire dans la Constitution la « règle verte ». Elle prévoit de ne pas exploiter davantage de ressources que la planète ne peut produire.

L’urgence climatique devient de plus en plus concrète, tandis que le climatoscepticisme ne cesse de se répandre. En France, le Rassemblement National, les macronistes et les super-profits sont complices de cet état de fait. Chaque jour, le climatoscepticisme doit être combattu. Face à la crise climatique, nous n’avons que très peu de temps avant qu’il ne soit trop tard. Notre article.

De beaux jours pour le climatoscepticisme

Le climatoscepticisme peut se définir comme la non croyance ou la remise en question du réchauffement climatique, mais aussi à la dénégation du lien de causalité entre l’activité humaine et le réchauffement climatique.

Déni ? Peur ? Intérêt ? Ce qui est sûr, c’est que depuis quelques années, l’idée que le réchauffement climatique ne serait pas lié à l’activité humaine ne cesse de croître. Selon l’étude de l’Observatoire Climat et Opinion Publique publiée l’année dernière, de moins en moins de personnes feraient le lien entre activités humaines et le réchauffement climatique. Par exemple, l’idée que le réchauffement climatique existe mais que cela ne serait pas lié à l’activité humaine a pris +5 points dans le monde en 4 ans, et +7 points en 4 ans en France. Toujours selon cette étude, 37% des Français se considèrent comme climatosceptiques.

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Pourquoi, après tous les événements liés au dérèglement climatique, le climatoscepticisme prend t-il de l’ampleur ?

Nous pouvons expliquer ces données et prises de position par un réflexe de déni, de déculpabilisation mais aussi et surtout par la circulation de discours climatosceptiques notamment sur les réseaux sociaux.

À l’été 2022 sur twitter, depuis peu racheté par Elon Musk, une vague de haine climatosceptique s’est déferlée sur les climatologues. Christophe Cassou et Robert Vautard, deux climatologues du GIEC, ont même été contraints de désactiver leurs comptes Twitter pour préserver leur santé mentale. Christophe Cassou affirme que « le climatoscepticisme a la couleur de l’extrême droite ».

L’exaspération et le désespoir des scientifiques

Les scientifiques, qui sont les premiers à alerter sur l’urgence climatique, ne sont absolument pas pris au sérieux ni écoutés par les gouvernements ou les multinationales. Certains en sont même venus à la désobéissance civile et au recours à des actions extrêmes pour être un minimum entendus et visibilisés : grève de la faim, envahissement de showrooms de BMW en Allemagne ou même création d’une ZAD à Sainte-Soline afin de lutter contre le système des méga bassines.

Pour aller plus loin : Agriculture intensive VS bifurcation écologique : les méga-bassines, symbole d’une guerre entre deux mondes

En avril 2022, le GIEC a publié un rapport extrêmement inquiétant. Pourtant les différents gouvernements ne semblent plus y prêter attention. Les experts sont quasi tous unanimes : nous avons tous les moyens pour améliorer la situation : arrêter totalement de brûler les combustibles fossiles. C’est d’ailleurs l’une des grandes mesures inscrites dans le programme L’Avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon : sortir du nucléaire et de toutes formes de consommation d’énergies fossiles pour planifier le passage à 100% d’énergies renouvelables.

Pourtant, lorsque les scientifiques lancent l’alerte à de multiples reprises sur l’urgence climatique, ils se heurtent aux discours de soi-disant « bon sens », « pragmatiques » des néolibéraux. Selon Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, « il faut du temps, être réaliste ».

La réalité est la suivante : des millions de personnes vont mourir à cause des conséquences du réchauffement climatique, des centaines de milliers ont déjà disparu à cause de lui. Et les plus gros pollueurs sont les super riches et les grosses multinationales comme le montre ce graphique ci-dessous. Les 0,01% les plus riches ont émis 2 332 tonnes de CO2 par an et par personne sur l’année de 2019. Ainsi, ils ont libéré environ 17 fois plus de CO2 que le reste de la population mondiale.

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Pour aller plus loin : Les riches détruisent la planète : les chiffres chocs… pour une écologie populaire !

Le frauduleux programme « écologique » du RN

 « Nous ne pouvons pas uniquement nous baser sur les données du GIEC, ils ont parfois tendance à exagérer », « il faudrait être idiot pour voir qu’il n’y a pas de changement climatique. Mais est-ce l’effet de l’homme ? Peut être que oui, peut-être que non » : ce sont les paroles de Thomas Ménagé et Christophe Barthès, députés du Rassemblement National. Des discours climatosceptiques alors qu’en parallèle, le RN fait tout pour lisser son image écologiquement parlant.

Le programme écologique du RN est une arnaque. Il se base sur une « écologie du bon sens » – rappelant le discours des libéraux – en luttant contre ce qui pourrait modifier le mode de vie et consommation des Français. Ainsi, l’abandon des éoliennes, inciter à l’usage des transports en commun plutôt qu’aux voitures individuels, inviter les français à réduire la consommation de viande ne font pas partie de son projet écologique du parti lepéniste. Et pourtant ce sont des mesures qui sont essentielles et efficaces : la France Insoumise l’a bien compris et les a inscrites dans son programme écologique.

Lorsque Jordan Bardella, président du parti d’extrême droite, affirme qu’« il ne faut pas laisser l’écologie à la gauche » il ne faut pas se méprendre. Le RN utilise l’écologie par pur opportunisme. Il s’oppose à une écologie dite « punitive » pour séduire les classes populaires et notamment agricoles. Selon eux, les citoyens n’auraient pas à changer de mode de vie. Le parti de Marine Le Pen défenderait une écologie sans contrainte, à l’inverse de ce que propose les méchants « écoterroristes ». Un terme très apprécié par le ministre de l’Intérieur.

En parallèle, le RN soutient l’idée que la technologie arriverait à régler tous les problèmes climatiques. Leur programme écologique ne se base que sur des déclarations sans mesures concrètes, structurées et chiffrées. Marine Le Pen explique qu’il serait préférable de cesser le développement des énergies renouvelables et d’inciter à la consommation d’hydrocarbures et de combustibles fossiles. Elle propose également de rester dans l’Accord de Paris sans le respecter. Deux paradoxes qui montrent bien son ignorance face aux enjeux climatiques. L’extrême droite est complice du climatoscepticisme, quand elle n’en est pas la source principale.

Pour aller plus loin : Marine Le Pen : la supercherie sociale, écologique, féministe, laïque et républicaine

L’extrême-droite, en plus d’utiliser l’écologie dans un but électoral, instrumentalise la lutte contre le réchauffement climatique à des fins nationalistes et xénophobes. C’est dans cette logique d’écologie identitaire que s’inscrivent les propositions « écologiques » du RN, servant une nouvelle fois à affirmer leur rejet de l’étranger, de l’international et promouvoir la fermeture des frontières.

L’essayiste Pierre Madelin parle de « greenwashing nationaliste » qui pourrait séduire une partie de l’électorat. Il s’inquiète que l’extrême droite s’empare une nouvelle fois d’un principe fondamental de la gauche – la protection de l’environnement – à l’instar de la laïcité ou patriotisme.

Si le RN est une arnaque écologique, le camp présidentiel se caractérise par son inaction climatique et par un discours retardant toute lutte d’envergure contre le dérèglement climatique.

Une inaction climatique chez les macronistes

Macron avait annoncé une « écologie à la française », comprendre une écologie productiviste et compétitive. Or, à l’heure de la crise écologique, ce qui est attendu, c’est la cohérence et l’efficacité, pas le bénéfice économique que l’on peut en tirer. L’écologie n’est d’ailleurs pas compatible avec une vision libérale et capitaliste de l’économie – vision partagée par les macronistes – prévoyant de surexploiter la planète pour produire toujours plus. Au contraire, pour une bifurcation écologique de l’économie, il faut poser un cadre aux activités humaines dans les limites soutenables de notre planète. La « règle verte » inscrite dans la Constitution et la planification écologique, défendues par La France insoumise, vont dans ce sens.

Pour aller plus loin : La planification écologique, une idée révolutionnaire

En 2022, Greenpeace a publié un bilan écologique sur le premier quinquennat d’Emmanuel Macron illustrant l’inaction et l’incompétence de ce dernier face à la crise climatique. L’ONG insiste notamment sur l’incapacité de la France à respecter ses objectifs climatiques définis par l’Accord de Paris alors même que Macron s’était engagé à tout mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Un échec qui en plus s’est soldé d’une double condamnation pour L’État français sur le motif de préjudice écologique, une première dans l’Histoire. Greenpeace rappelle également la promesse baffouée d’Emmanuel Macron : fermer la totalité des centrales à charbon avant la fin de son mandat, ce qui n’a évidemment pas été fait. En parallèle, il a même passé des alliances avec des États utilisant les gaz fossiles, a investi plusieurs dizaines de milliards d’euros d’argent public dans les énergies fossiles. Résultat, la France finance davantage les énergies non-renouvelables au détriment des énergies renouvelables.

La politique environnementale conduit par les macronistes s’inscrit dans le courant de l’« écologie du bon sens ». C’est-à-dire une politique incitative et non restrictive renvoyant au discours pragmatique des néolibéraux privilégiant l’économie à l’écologie. Ce discours fait partie des « 12 discours retardant l’action climatique », étude répertoriant les discours répandus qui invisibilisent la lutte pour l’environnement, réalisée par la Cambridge University.

Les macronistes et l’extrême droite convergent sur de nombreux sujets : immigration, libéralisme, politiques et idées anti-sociales… Mais il semble que ça soit également le cas pour l’écologie lorsqu’Eric Zemmour et Emmanuel Macron utilisent tous deux le discours du 1% régulièrement pour amoindrir la responsabilité de la France.

Par exemple, à l’occasion d’une interview avec Hugo Décrypte en septembre dernier, Macron a déclaré : « La France c’est 1% des émissions mondiales, on va faire notre part ». Le président essaie donc de se dédouaner des lourdes responsabiltiés climatiques qui l’inccombent. Cet argument est largement réfutable : la quasi totalité des pays représentent moins de 1 à 2% des émissions de gaz à effet de serre. Il ne faut pas non plus oublier la responsabilité historique de la France qui se place en 12ème position des pollueurs historiques depuis 1850. Si la Chine est mise en cause parce qu’elle le premier pollueurs de la planète, ne jamais oublier que ce pays compte 1,3 milliard d’habitants.

Cette politique macronistes en matière d’écologie profite surtout aux grandes entreprises et aux superprofits qui eux n’ont pas honte d’être climatosceptiques.

Un climatoscepticisme et une inaction climatique profitant aux grandes entreprises

Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, lors du MEDEF de 2023 n’a fait qu’insister sur la nécessaire, selon eux, lenteur du processus de la transition énergétique et écologique pour essayer de gagner du temps et in fine de l’argent. Pour répondre à la demande du peuple en énergie le recours aux combustibles fossiles sont pour lui indispensables, argument typique du discours moralisateur du « bon sens ».

Or, il y a une réelle confusion entre demande et besoin qui sont intrinsèquement différents. Les énergies renouvelables suffisent largement pour subvenir aux besoins en énergie du peuple. Ce qui n’est pas le cas de la demande, notamment des classes les plus aisées qui ont un mode de vie nécessitant une consommation d’énergie ahurissante. C’est pour cela qu’il est nécessaire de revenir sur un mode de vie plus sobre.

Depuis décembre 2021, la firme transnationale de Patrick Pouyanné fait l’objet de nombreuses accusations de Greenwashing et de « pratiques commerciales trompeuses » par des associations écologistes comme Greenpeace France, Sea Sheapered France ou encore Amis de la Terre France. L’entreprise a même déjà perdu un procès en Allemagne pour une publicité dans laquelle ils illustraient leur gazole domestique comme « climatiquement neutre ».

Face à ces accusations, TotalEnergies s’est défendu en expliquant qu’ils mettaient en place des stratégies concrètes afin d’atteindre la neutralité carbone pour 2050. Pourtant dans ses prévisions jusqu’à 2030, la multinationale prévoit d’investir à 70% dans des énergies fossiles. C’est également la 7ème entreprise du monde à prévoir de nouveaux projets prétoires et gaziers.

En plus de faire du Greenwashing, l’entreprise a deja eu des positions climatosceptiques très ambiguës. En 1992, le directeur environnemental de Total écrivait dans le journal de l’entreprise qu’ « il n’existe aucune certitude sur l’impact des activités humaines, parmi lesquelles la consommation d’énergies fossiles ». Rappelons que le GIEC – le groupe d’experts faisant le plus large consensus dans le monde scientifique sur la question climatique –  est sûr à 100% que le réchauffement climatique est dû à l’activité humaine.

Un enjeu climatique peu pris au sérieux 

Les discours climatosceptiques de l’extrême droite et des néolibéraux ont des effets dévastateurs, voire meurtriers, en rendant la société spectatrice et désinformée des effets du changement climatique. Par exemple, encore peu de personnes sont conscientes des répercussions que peuvent entraîner la pollution de l’air sur la santé humaine. Selon l’OMS, la pollution de l’air est « la première menace mondiale pour la santé humaine », plus encore que le tabac ou l’alcool.

Bien que le rapport du GIEC ait eu du retentissement lors de sa parution en avril 2022, maintenant, on n’en entend plus parler. À l’instar des avertissements des médecins et scientifiques, le rapport a été mis sous silence.

Aujourd’hui, les actualités sur les « catastrophes naturelles » sont devenues des marronniers pour les grands médias en traitant ces dernières comme un rapport d’opposition entre la Nature et l’Humanité. Comme si les deux étaient complètement séparées et la Nature était un danger pour les humains. Cette manière de cadrer les répercussions du réchauffement climatique a pu contribué à renforcer le climatoscepticisme.

Chez les insoumis, il est hors de question de considérer l’urgence climatique comme un fait dépolitisé et « normal ». L’un des principaux combats de la France Insoumise est de lutter contre le climatoscepticisme et de faire face à l’urgence climatique. C’est dans cette volonté qu’a été créé le programme écologique de l’Avenir en Commun, en coopération avec des climatologues et scientifiques experts en la matière. « On se bat pour être à l’avant d’un avion qui va droit vers le crash », rappe Orelsan.

Par Julie Ferveur