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Cet élu RN traite ses opposants de « sous-hommes » : le RN ne le suspend pas et reste les bras croisés

Jeudi 11 avril 2024, les élus du Rassemblement National en Bourgogne Franche-Comté (menés par Julien Odoul) ont provoqué deux interruptions de séance au conseil régional. Un membre de leur groupe a qualifié ses opposants de « sous homme ». Thomas Lutz, le mis en cause, se justifie péniblement auprès d’InfosDijon : « Pour moi, ce n’est pas un terme nazi, c’est un terme allemand. ».

En parallèle, les élus RN ont déployé des banderoles en soutien à des activistes d’extrême droite du groupe Némésis, visés par une plainte pour incitation à la haine raciale. A la tête des opérations : Julien Odoul, ce député RN qui s’est fait connaître en se moquant du suicide d’un agriculteur et en humiliant une mère voilée.  Deux opérations qui marquent un retour aux sources pour le RN, parti fondé par par des Waffen-SS et des traîtres à la patrie. Notre article.

Ce soutien du RN à des actes racistes assumés

Après les pancartes (« Violeurs étrangers dehors » et « Libérez-nous de l’immigration ») et la banderole (représentant une femme blonde aux yeux bleus, la bouche masquée par des mains de personnes noires, prétendant qu’une application stricte des Obligations de Quitter le Territoire Français « épargnerait »les femmes françaises) déployées au carnaval de Besançon par des membres de Némésis, les mêmes pancartes ont été brandies au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté par les élus d’extrême droite.

À leur tête, on retrouve Julien Odoul : ce député RN s’est fait connaître en humiliant une mère voilée et en se moquant du suicide d’un agriculteur. Un habitué des outrances racistes et xénophobes. D’aucuns sont alors surpris de le voir défendre une responsable locale de Némésis (la section locale ne compterait pas plus de 3 membres) mise en garde à vue ce mardi pour incitation à la haine raciale.

Pour aller plus loin : Portait – Julien Odoul, ce député RN qui se moquait du suicide d’un agriculteur

Après un long monologue où la militante Némésis est qualifiée de « lanceuse d’alerte », « muselée » par la plainte de la maire EELV de Besançon, les élus régionaux RN brandissent les mêmes pancartes « Violeurs étrangers dehors ».

Parmi ces élus, on a aussi vu Géraldine Grangier, députée RN et elle aussi conseillère régionale. Elle aussi a fièrement arboré sa pancarte et a apporté son soutien aux deux membres de Nemesis sur Twitter, au nom de la « liberté d’expression » et « d’opinion » (opinion visée, on le rappelle, par une plainte pour incitation à la haine raciale). Pourtant, la liberté d’expression la dérangeait davantage lorsqu’un militant insoumis lui a rappelé que le RN était (est toujours) un parti « d’imposteurs et de fachos ». Pour ces mots, ce militant a été attaqué en justice par Mme Grangier, procès qu’elle a lamentablement perdu. Pas une si grande défenseure de la liberté d’expression en fin de compte.

En réaction, la présidente de région Marie-Guite Dufay (PS) a suspendu la séance et annonce déposer plainte pour « incitation à la haine ».

Un élu lepéniste reprend un vocabulaire nazi

Quelques minutes après, la séance au conseil régional est de nouveau interrompue. Un élu socialiste accuse un élu RN d’avoir prononcé le mot allemand « untermensch ». Ce terme a été popularisé sous le régime nazi en Allemagne, qui distinguait les « übermenschen » (« sur-hommes », appartenant à la « race aryenne », et les “untermenschen” (« sous-hommes », regroupant les « races inférieures » : juifs, slaves, homosexuels…

La séance est suspendue et la présidente de région Dufay a déposé une deuxième plainte auprès du procureur de la République. Deux versions s’opposent : soit l’élu RN, Thomas Lutz, a dit hors-micro « les untermensch ça suffit », soit il aurait dit « vous nous considérez comme des untermensch » à propos de la majorité socialiste qui n’aurait pas respecté leur temps de parole. Dans les deux cas, l’emploi du terme est gravissime. On a senti Julien Odoul bien mal à l’aise face aux références douteuses de son grognard. Celui-ci s’est contenté de rejeter la faute sur… la majorité PS.

Thomas Lutz, le mis en cause, se justifie péniblement auprès d’InfosDijon : « Pour moi, ce n’est pas un terme nazi, c’est un terme allemand. (…) C’est un mot qui n’avait aucune connotation ni raciste, ni antisémite, ni de penser que Madame Dufay est une nazie ». En somme, sa défense est : « c’est marrant, c’est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle ». Mais sa référence montre au mieux un manque flagrant de culture politique, au pire des sympathies idéologiques.

Cela n’aurait rien de surprenant venant de M. Lutz. Sur la liste qui l’a fait élire conseiller régional, un de ses colistiers était déjà épinglé pour ses accointances néonazies, sans que cela dérange le RN à l’époque, ni M. Lutz. De quoi sérieusement contredire le récit de la « dédiabolisation » du Rassemblement National.