Pacte asile et migration

Pacte asile et migration : l’Union européenne acte son orbanisation

Le pacte Asile et migration vient d’être voté au Parlement européen ce mercredi 10 avril. Co-écrit par les socialistes européens – le groupe auquel appartient Raphaël Glucksmann – et la droite, ce texte est une succession de mesures répressives pour les migrants. Tout un arsenal de mesures de brutalisation des personnes migrantes a été acté : camps aux frontières, fichages, filtrages etc… Qu’importe les 30 000 morts dans le cimetière qu’est devenue la Méditerranée.

À 301 voix contre 272, le Parlement européen a donc définitivement enterré l’idéal humaniste dont l’Europe se targue tant. Une partie de la gauche combative n’a, elle, pas abandonné le combat pour une autre politique migratoire en Europe. Au premier rang : la tête de liste de l’Union Populaire, Manon Aubry, présidente du groupe de La Gauche au Parlement européen. Aux côtés des forces vives de la société civile, son groupe politique se bat pour « l’Europe de l’humanité, et non plus des barbelés ». L’insoumission.fr revient sur les enjeux de ce vote crucial pour les droits humains. Notre article.

Pacte Asile et migration  : une loi « répressive, raciste et xénéphobe » 

En votant ce texte, le Parlement européen vient d’acter son tournant raciste et xénophobe, et accélère l’orbanisation (en référence au Premier ministre hongrois, Viktor Orban, ndlr) de l’Union européenne. Au programme : refoulement systématique à la frontière, enfermement – y compris des enfants, militarisation des frontières ou encore le renvoi des personnes migrantes vers des « pays sûrs ». Or, parmi la liste des pays considérés comme sûrs par l’Union européenne se trouve, à titre d’exemple, la Libye. Un pays qui viole largement les droits humains des migrants – torture, détentions arbitraires, esclavage sexuel, entre autres, comme le rappelle régulièrement l’ONU.

Le pacte Asile et migration acte donc le renvoi de millions d’êtres humains dans des pays qui les mettent en danger. Un aller simple vers l’Enfer ? C’est ce que dénoncent toutes les organisations de défense des droits humains. Un pacte bien loin d’une politique humaniste promis par les socialistes européens donc.

Le 7 avril, Manon Aubry expliquait en plateau sur CNEWS : « On nous avait annoncé un principe de solidarité. Il a été jeté à la poubelle. Les États du Sud de l’UE font face à une arrivée de migrants qu’ils doivent gérer seuls. Il faut donc plus de solidarité. Or, le pacte actuel demeure largement dans la logique des accords de Dublin, qui pénalisent les pays du Sud en plus d’être inhumains. »

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Les crayons de L’insoumission – La frontière la plus meurtrière au monde

D’autant plus que les États qui refusent d’accueillir leur part de migrants ne seront pas sanctionnés. Au contraire, ils pourront « payer pour ne pas les accueillir, et financer des murs à la frontière de l’UE » dénonce encore Manon Aubry. Autre point majeur, les macronistes se targuent d’une loi qui «r enforce l’agence Frontex » : cette même agence coupable de violations volontaires massives de droits humains en Méditerranée. Son ancien directeur, Fabrice Leggeri, est actuellement en troisième position sur la liste du Rassemblement National pour les élections européennes.

Pour aller plus loin : « Frontex, une agence meurtrière anciennement dirigée par le RN »

Également parmi les mesures phares du pacte : davantage de contrôles aux frontières, des filtrages pouvant aller jusqu’à sept jours ou encore une procédure spéciale pour ceux qui ont statistiquement moins de chance d’obtenir l’asile. Bref : une loi qui emprunte bien plus que les mots de l’extrême-droite ; elle reprend son projet politique. Et Gérald Darmanin se réjouissait lui aussi d’une loi qu’il considère comme « l‘équivalent de la loi Immigration, qui va même plus loin ». Face aux socialistes européens qui ont participé à l’écriture de ce texte, Manon Aubry n’hésite pas à monter au créneau : « C’est toute la différence avec mon groupe La Gauche qui ne fait aucune compromission avec les macronistes et la droite ».

De nombreuses associations et autres forces vives de la société s’y opposent également. 161 ONG, dont Human Rights Watch, Amnesty International ou encore Oxfam avaient appelé les eurodéputées à rejeter le Pacte, s’inquiétant d’une criminalisation des éxilés. Pour Utopia 56, ce texte est « la caractérisation d’une société malade et un échec profond pour notre humanité », ont-ils annoncé sur X. Beaucoup d’activistes et ONG étaient présents cet après-midi devant le Parlement européen, aux côtés de Manon Aubry et d’autres eurodéputés. Leur objectif : dénoncer le vote du Pacte Asile Migration qui va, selon eux, aggraver davantage la politique migratoire inhumaine de l’UE.

«Aujourd’hui s’annonce comme un jour extrêmement sombre. C’est notre humanité que l’on est en train d’enterrer ici. Celle de toutes celles et ceux qui fuient les guerres, les inondations, les catastrophes. On ne traverse pas la Méditerranée comme on monte sur un bateau de croisière. Au péril de leurs vies, des millions de personnes vont être torturés, des enfants vont être enfermés. Au nom du groupe La Gauche au Parlement européen, nous disons : jamais nous n’accepterons l’Europe des barbelés. Toujours nous nous battrons pour faire vivre l’Europe de la solidarité, de l’humanité.»

Manon Aubry devant le Parlement européen

Pour aller plus loin : «79 morts et des centaines de disparus : l’Europe meurt en Méditerranée»

Retrouver « l’Europe de l’humanité plutôt que celle des barbelés »

Contre cette politique meurtrière, Manon Aubry et les associations appellent à un changement de cap clair, notamment en vue des élections européennes du 9 juin prochain. Plusieurs candidats de la liste de l’Union Populaire se sont déplacés ce vendredi pour échanger avec les associations d’aide aux migrants.

Ils défendent une politique migratoire « humaniste et réaliste », fondée sur deux volets : accueillir dignement les personnes qui migrent à leur arrivée, et lutter contre les causes de l’immigration. Autrement dit, s’attaquer aux causes des migrations forcées. Une piste : au cours des années 2010 les événements climatiques ont provoqué 2 fois plus de déplacements forcés que les conflits selon le Haut-commissariat pour les réfugiés de l’ONU. Il y aura jusqu’à 1 milliard de migrant·es climatiques dans les 30 ans selon l’Organisation internationale pour les migrations. Une politique migratoire censée pour l’avenir n’a d’autre choix que de prendre la question climatique à bras le corps.

La France Insoumise propose aussi de régulariser l’ensemble des travailleurs et travailleuses sans papiers, de rétablir la carte de 10 ans comme titre de séjour de référence, et de renforcer les organisations internationales en la matière. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) en premier lieu. Toutes les propositions du mouvement insoumis en matière de politique migratoire peuvent être retrouvées dans leur livret thématique.

Pour l’heure, le Pacte Asile et migration entraîne l’Europe dans une impasse politique et humanitaire.

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