« Qui est pour l’adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne ? » La question a été posée ce soir sur le plateau de RFI à l’occasion du débat entre les candidats pour les élections européennes du 9 juin. Les candidats Raphaël Glucksmann, Marie Toussaint et Valérie Hayer ont levé la main en cadence. Quelles seraient les conséquences de cet élargissement ? Depuis que le sujet a saturé l’espace médiatique, de nombreux économistes se sont penchés sur le sujet.
Avec un salaire minimum inférieur à 200 euros, l’adhésion de l’Ukraine dans l’Union aboutirait à un intense dumping social. Cet élargissement conduirait, entre autres, à une catastrophe pour l’agriculture française et européenne. Si elle y entrait, ce pays serait éligible à 96,5 milliards d’euros de la PAC sur 7 ans. Cela obligerait à réduire les subventions pour tous les autres États membres, dont la France, de 20% des aides par hectare cultivé. Peu de responsables politiques tiennent une ligne claire sur le sujet. À l’Assemblée nationale, seuls les insoumis se sont opposés à l’accord de défense entre la France et l’Ukraine, lequel prévoyait l’adhésion de Kiev à l’UE, comme à l’OTAN. Notre article.
En Ukraine, le salaire minimum est inférieur à 200 euros
« Faire rentrer un pays dont le SMIC est inférieur à 200 euros serait une catastrophe », résume le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard. En effet, intégrer l’Ukraine dans le marché commun aurait pour conséquence augmenter la concurrence déloyale entre les pays et les travailleurs européens.
Les leçons des échecs de l’Union européenne doivent être tirées, en refusant tout élargissement sans harmonisation préalable. Cette position est d’ailleurs tenue par les insoumis depuis de nombreuses années. Le marché commun de l’Union européenne a fait exploser le dumping social (profiter des différences de rémunérations et de règlementations entre les pays pour baisser les coûts de production sur le dos des travailleurs et des industries des autres pays, ndlr) et les délocalisations.
« Nous avons toujours été contre les nouvelles intégrations dans l’UE, aussi longtemps qu’il n’y a pas d’harmonisation sociale et fiscale entre les Nations », expliquait de son côté Jean-Luc Mélenchon le leader insoumis. À noter que l’Ukraine serait également éligible à 61 milliards provenant des fonds de cohésion de l’UE. Tous les États membres devraient payer plus et recevoir moins du budget de l’UE ; de nombreux États membres qui sont actuellement des receveurs nets deviendront des contributeurs nets.
L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait dévastatrice pour l’agriculture française et européenne
La crise agricole n’est pas terminée. Pourtant, le camp présidentiel s’acharne à défendre l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. Les conséquences seraient lourdes pour l’agriculture française et européenne. Si elle y entrait, l’Ukraine serait éligible à 96,5 milliards d’euros de la Politique Agricole Commune (PAC) sur 7 ans. Cela obligerait à réduire les subventions pour tous les autres États membres, dont la France, de 20% des aides par hectare cultivé. Sachant, qu’en moyenne, les exploitations ukrainiennes sont 15 fois plus grandes que celles en France.
À noter aussi que le prix du filet de poulet ukrainien est à 3 euros quand celui produit en France est à 7 euros. La filière volaillère française s’effondre déjà à cause de l’entrée du poulet ukrainien sur notre territoire. De plus, la France consomme davantage plus de miel importé d’Ukraine que de miel français. Cela oblige nos apiculteurs à vendre à perte. Sans parler du fait qu’un tiers des normes européennes relatives à la sécurité alimentaire, aux phytosanitaires et aux conditions d’élevage sont respectées par l’Ukraine.
« Il y a un choix entre plusieurs manières d’agir », résumait le tribun, s’adressant au camp présidentiel : « vous ne pouvez pas être pour la guerre et l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, et ‘en même temps’ dire que vous vous souciez du bien-être de vos compatriotes, de la manière de récolter, de semer, ce n’est pas vrai ! Il n’y a pas de politique écologique possible dans une concurrence déloyale comme celle qui a lieu ».
Seuls les insoumis se sont opposés à l’entrée de l’Ukraine dans l’UE
L’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne ? Seuls les insoumis se sont opposés à cet objectif politique lors d’un vote à l’Assemblée nationale le 12 mars 2024. Ce jour-là, la représentation nationale débattait de l’accord franco-ukrainien sur la sécurité, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février dernier. Celui-ci engage Paris et Kiev pour une durée de dix ans. Il comprend notamment un renforcement de la coopération militaire. Il pose également deux objectifs politiques : l’entrée de l’Ukraine à la fois dans l’Union européenne et dans l’OTAN. Les insoumis ont voté contre.
Ce vote avait une valeur purement symbolique. Pire, il était un « simulacre », pour reprendre les mots du député insoumis Arnaud Le Gall. Organisé quelques jours après les propos va-t-en-guerre du chef de l’État n’excluant pas l’envoi de troupes en Ukraine, il a été organisé par le camp présidentiel avec le plus grand cynisme. L’objectif : désigner comme alliés de Poutine ceux qui ne voteraient contre ce qui a été présenté comme un texte de soutien à l’Ukraine. Conclusion. L’exécutif instrumentalise le dramatique conflit à l’Est pour régler ses comptes politiques. Les insoumis, eux, pointent sans langue de bois les problèmes que poserait une intégration de l’Ukraine à l’Union européenne.
Pour aller plus loin : Ukraine : contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix