Brico Privé est une entreprise toulousaine créée en 2012, spécialiste de la vente en ligne d’outillage et de bricolage. Le succès était tel que l’entreprise a racheté Racetools à Nîmes, spécialiste de l’équipement artisanal en ligne. En juillet 2020, début de l’enfer : le groupe Les Mousquetaires/Intermarché rachète 66% du capital de la société Brico Privé pour 53 millions d’euros.
Première crise en septembre 2023 : les Mousquetaires/Intermarché rachètent les parts des fondateurs. Quelques mois plus tard, la décision tombe : 174 salariés de Brico Privé sont en licenciés. « En même temps », le groupe « Les Mousquetaires » a engrangé… 53 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2023. 8% de croissance. Les salariés mènent depuis plusieurs mois une lutte exemplaire. Notre brève.
Brico Privé : la lutte exemplaire de 174 salariés licenciés
Brico Privé est une entreprise toulousaine créée en 2012, spécialiste de la vente en ligne d’outillage et de bricolage. Une pépite, classée parmi les meilleurs sites d’e-commerce, qui attire 6 millions de membres sur le site Internet. Le succès était tel que l’entreprise a racheté Racetools à Nîmes, spécialiste de l’équipement artisanal en ligne.
Mais en juillet 2020, début de l’enfer : le groupe Les Mousquetaires/Intermarché rachète 66% du capital de la société pour 53 millions d’euros. Il constitue ainsi un pôle interne avec Bricorama, Bricocash et Bricomarché, ambitionnant de contrôler le secteur du bricolage. Une opération purement aventuriste de la part du directeur Thierry Cotillard, qui tente de se bâtir un empire sans aucune réflexion stratégique.
Première crise en septembre 2023 : les Mousquetaires/Intermarché rachètent les parts des fondateurs. Ceux-ci prétendent les avoir vendues, l’acheteur prétend les avoir destitués… mais pour faire quoi ? Aucun plan de redressement, aucune écoute des propositions stratégiques des salariés, aucune synergie entre la centrale d’achats Mousquetaires et la capacité d’e-commerce de Brico Privé. La décision de liquider l’entreprise était prise, sans aucun souci de préserver les emplois, les qualifications et le savoir-faire.
Quelques mois plus tard, la décision tombe : licenciement de l’ensemble des 174 salariés, avec une clause abusive de confidentialité qui interdit aux représentants du personnel de diffuser la proposition de l’entreprise, un refus de prendre en compte l’ancienneté et la qualité de travailleur handicapé, une indemnisation sur quelques mois seulement… Bref, un plan de licenciement digne d’une TPE en difficulté, pas d’un grand groupe qui pèse 53 milliards de chiffre d’affaires et 8% de croissance !
Les salariés ne se laissent pas faire. Dès le premier jour, ils ont exigé d’être reçus par une direction sourde et violente – qui a préféré quitter le site sous escorte policière que de parler au personnel viré ! Face à cela, la mobilisation s’est imposée. Manifestations répétées, distribution de tracts dans les Intermarchés du même groupe, rassemblement Place du Capitole à Toulouse…
Hier, 9 avril 2024 au matin, le ton s’est durci. Les salariés sont montés de Toulouse à Paris, pour tenter de rencontrer le directeur général Thierry Cotillard dans son propre magasin d’Issy-les-Moulineaux ! Les députés Hadrien Clouet et Christophe Bex les ont accompagnés jusque dans le magasin, occupant l’entrée pour informer la clientèle du scandale en cours. Prochaine étape : obtenir une intervention de la puissance publique. Car le directeur général avait visiblement mis son téléphone en mode avion, ou avait prolongé le petit-déjeuner, car il fut impossible de le joindre ou d’obtenir une réponse sur son temps théorique de travail. S’il lit ce message, qu’il n’hésite pas à passer par L’Insoumission afin qu’on lui présente des salariés !
