LGV Bordeaux-Toulouse

Les déboires annoncés de la LGV Bordeaux-Toulouse : un esprit de révolte gronde dans le sud-ouest

LGV Bordeaux-Toulouse. Le Grand Projet Ferroviaire du sud-ouest fait partie de ces grands projets inutiles et imposés à une population qui n’en veut pas, qui trainent depuis plusieurs dizaines d’années. Plusieurs milliers de tonnes de béton, au milieu de zones agricoles et d’une forêt de plus de 40 000 ans, pour plusieurs dizaines de milliards d’euros, le projet ne passe toujours pas et les citoyens s’organisent. Un esprit de révolte gronde. Notre article.

De plus en plus de collectifs citoyens locaux contre la LGV Bordeaux-Toulouse

Alors que les travaux liés aux Aménagements Ferroviaires du Sud de Bordeaux (AFSB) ont commencé et que des premiers blocages ont eu lieu, les citoyens s’organisent et se rassemblent autour de nouveaux collectifs. En Gironde, au moins 4 organisations ont émergé depuis 2022, dont 2 en ce début d’année, couvrant tout un territoire allant de Bordeaux aux portes du Lot-et-Garonne et des Landes. Si le contexte de création de ces collectifs diffère, ils se retrouvent tous dans les mêmes mots d’ordre marquant leur ferme opposition à la création d’une ligne nouvelle de LGV entre Bordeaux, Toulouse et Dax.

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La carte du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest. SNCF Réseaux / Préfecture d’Occitanie 

Si ce projet regroupe autant de personnes contre lui, c’est qu’il s’annonce très destructeur écologiquement, économiquement et socialement. Les lignes nouvelles programmées doivent, selon SNCF Réseaux, faire gagner jusqu’à cinquante minutes de trajet sur un Bordeaux / Toulouse, et seulement s’il s’agit d’un trajet direct.

Tout cela, pour la modique somme de 14 milliards d’euros minimum, le montant datant d’avant le COVID et n’ayant pas été réactualisé avec l’inflation. Cet argent, qui doit majoritairement venir des collectivités et de l’Europe, viendra aussi d’une petite partie des contribuables et des entreprises locales qui doivent contribuer s’ils se situent à moins d’une heure de voiture d’une gare LGV du tracé. Par le biais d’une Taxe Spéciale d’Équipement

Mais plus grave que le coût faramineux annoncé pour un gain de temps dérisoire, il y aura la défiguration du paysage du Sud-Ouest le long des deux nouvelles lignes. Rien que dans le Sud-Gironde, c’est la forêt du Ciron, une forêt vieille de 40 000 ans qui sera traversée par une immense colonnade de béton pour faire passer des trains à plus de 300 km/h.

La commune de Bernos-Beaulac sera coupée en 4 avec d’une part l’A62 qui sépare déjà en deux le village et la ligne nouvelle qui viendra compléter cette division, des gravières et de nouvelles carrières seront étendues ou ouvertes tout le long du parcours… Bref, le chantier promet déjà sur le papier une destruction des petits territoires ruraux au profit d’une métropolisation destructrice de cohésion sociale et aggravant la concurrence entre les territoires et les gens.

Pour aller plus loin : Liquidation du fret ferroviaire – Macron et Bruxelles à la manœuvre

Un projet socialement rejeté

Si beaucoup de collectifs se sont nouvellement créés, la contestation contre ce projet n’est pas nouvelle. Des associations comme LGVEA mènent depuis déjà plusieurs années une bataille juridique, dont notamment une en ce moment pour contester la déclaration d’utilité publique des AFSB .

Une enquête publique, réalisée en 2014, a montré que la population ne souhaitait pas ce projet : « La commission chargée de l’enquête publique du Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) a émis un avis défavorable sur le projet de déclaration d’utilité publique des travaux des lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax ». Pourtant, depuis la relance du projet par Jean Castex quand il était Premier ministre, le gouvernement ne cesse d’approuver la continuité de ces projets, ardemment demandés par les présidents de région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset et Carole Delga.

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Une cinquantaine d’opposants au projet, membres de collectifs girondins et lot-et-garonnais et membres de « LGVnonmerci », se sont rassemblés devant la gare de Saint-Médard d’Eyrans - LGVnonmerci

Mais beaucoup d’élus s’opposent aussi à ce GPSO. En témoigne la demande de moratoire sur les AFSB réalisée par plusieurs parlementaires de tout bord et menée par le député LFI Loïc Prud’homme. Plusieurs collectifs d’élus se sont également joints dans la bataille, regroupant des maires et des conseillers municipaux de toutes les étiquettes politiques et de tout le territoire concerné.

« Nous avons dit au préfet, nous sommes contre ce projet, nous avons des arguments », déclarait Jacqueline Lartigue, maire de Bernos-Beaulac lors d’une réunion publique dans le Sud Gironde en septembre dernier (3:15). « S’il ne nous entend pas, s’il ne nous écoute pas, s’il continue de nous mépriser… Malheureusement, il se passera des actions dont il ne voudra pas. […] Nous on est déterminé, et tant que les bulldozers ne sont pas dans ma mairie, je ne m’arrêterai pas. »

Comme Jacqueline Lartigue, ce vent de révolte souffle plus généralement le long du tracé, et les actions de résistance face à l’imposition d’un projet dont personne ne veut ne fera que grandir à mesure du mépris qu’afficheront les commanditaires de ce Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest.

Par S.A.

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