Des armes françaises livrées à Benjamin Netanyahu ? Hier après-midi, Mathilde Panot a interpellé le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, à l’Assemblée nationale. L’Insoumission.fr relaye dans ses colonnes son intervention.
« Est-ce que la France continue de fournir des armes à Netanyahou ? » : Mathilde Panot met en difficulté le ministre des Affaires étrangères
Monsieur le Président, Monsieur le ministre.
Hier, nous avons reçu à l’Assemblée nationale une délégation de l’association PalMed, de soignants qui revenait de Gaza. Leurs témoignages sont effroyables et je voudrais les faire résonner ici. Parce que lorsque des soignants qui ont choisi ce métier pour soigner des gens, pour prendre soin des gens en arrivent à parler ainsi, je crois qu’on comprend les franchissements dans l’horreur qui ont été commis.
Je vous donne le témoignage de Monsieur Bouchakour Chens Eddine, qui est docteur, qui parlait de la mort d’un nouveau-né. 4 ou 5 heures après leur naissance, il dit : « Je me suis posé la question personnellement, est-ce que mourir dans ce système-là n’est pas une chance en soi ? Parce qu’en réalité, ce qui ne meurt pas et à qui on fait des pansements régulièrement finissent par mourir aussi et dans la souffrance et donc on peut se poser la question, est-ce qu’ils n’ont pas eu de la chance que ça se termine ? »
C’est ce que j’ai pu constater sur le terrain. Imane Maarifi, infirmière, parle d’un soignant palestinien, d’un médecin qui est rentré le samedi. Il pleurait parce qu’il avait sauvé la vie d’un bébé de huit mois qui a eu les deux bras arrachés. Il ne lui reste que l’apparence. Mais qui n’a plus de famille.
Il pleurait en disant : « Est-ce que je lui ai vraiment sauvé la vie ? Elle n’a plus de famille alors qu’elle a huit mois. J’ai opéré parce qu’on était au bloc et qu’il fallait le faire. Mais après, je me suis dit qu’est-ce que j’ai fait ? Est-ce que je n’aurais pas dû la laisser mourir ? » Voilà comment parlent des soignants. Ils sont rentrés il y a une semaine. Entre temps, le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu a franchi un nouveau seuil en décidant d’attaquer Rafah, où 1,5 million de personnes sont coincés, souvent dans des tentes.
Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments. Entre temps, à la Knesset est en train d’examiner une loi pour interdire notamment la chaine Al-Jazeera, qui laisserait les crimes de guerre se dérouler sans images ni sons. J’ai entendu que le président de la République, Emmanuel Macron, venait de demander à Netanyahu la fin des opérations israéliennes. Il est trop tard pour juste demander, Monsieur le ministre.
Il est minuit moins une pour le peuple palestinien et pour la paix. Alors, vous avez dit Monsieur le ministre, nous agissons sans relâche. Quelles actions allez-vous mettre en place et avez-vous mises en place pour concrétiser le cessez-le-feu immédiat ? Qu’avez-vous fait pour faire respecter les mesures conservatoires de la Cour internationale de justice qui parle de risque génocidaire alors que l’Afrique du Sud l’a de nouveau saisi ?
À part peut-être, expliquer qu’accuser Israël de génocide, c’est franchir un seuil moral. J’espère que vous allez nous expliquer les actions concrètes qui vont être faites. De même, Monsieur le ministre, ces dix dernières années, la France a livré pour plus de 200 millions d’euros d’armes à Israël. Est-ce que la France continue de fournir des armes à Netanyahou ?
Avez-vous, monsieur le ministre, la certitude qu’aucun composant militaire français n’est utilisé à Gaza dans aucun crime de guerre qui est commis ? Et quand allez-vous décréter l’embargo sur les armes ? De Gaulle l’a fait. Emmanuel Macron doit le faire. Je vous remercie et je vous remercie, Madame la présidente.
Quelles que soient les différences de sensibilités, d’approche politique que nous avons dans cette commission. Je crois que tout le monde est extrêmement sensible à l’extrême gravité de la situation, à l’intensité des souffrances que vivent chacun actuellement le peuple palestinien. Et tout le monde est extrêmement anxieux de savoir comment notre pays peut peser pour effectivement soulager ces souffrances. Monsieur Monsieur le Ministre.
Pour aller plus loin : 111 millions d’euros d’armes françaises livrées à Israël, Macron complice du nettoyage ethnique à Gaza