« Les riches, les racistes et les golfeurs votent, et vous ? ». Le slogan de la France insoumise pour lancer sa campagne d’inscription sur les listes électorales ne manque pas de faire réagir. Au point où des médias, habitués à la provocation dont ils ont fait un métier, poussent des cris d’orfraie lorsque les insoumis associent le golf, par une teinte d’humour et volonté d’information civique, aux racistes et aux riches.
La formule a fait mouche. Force est de constater que les insoumis réussissent, par ce slogan, à combler un vide béant en France. À ce jour, aucune campagne officielle ni aucun site public n’est lancé pour inciter les électeurs à s’inscrire sur les listes électorales. Pour cause : les autorités comptent sur l’abstention pour éviter que les classes populaires, premières cibles de leurs politiques antisociales, se mobilisent. Au total, faute de campagne d’information civique des autorités, ce sont toujours 13 millions de personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales alors qu’elles en ont le droit, soit car jamais inscrites, soit car mal inscrites ou désinscrites après un déménagement.
Pire, la classe politico-médiatique va plus loin et opte pour la désinformation : hier sur le plateau de BFMTV, Brice Hortefeux a ainsi déclaré, sans contradiction, qu’il n’était plus possible de s’inscrire sur les listes après le 31 décembre. Une information complètement fausse (et non démentie par la chaine), le code électoral prévoyant la possibilité pour tout un chacun de s’inscrire jusqu’au 3 mai. Passé cette date, il ne sera plus possible de s’inscrire pour voter aux élections européennes afin de « battre Bardella et dégager Macron » comme le résument les insoumis qui ont lancé une plateforme spécifique : onvoteinsoumis.fr. Notre article.
La France insoumise lance sa campagne d’inscription sur les listes électorales autour du slogan : On s’inscrit, on vote insoumis
Depuis quelques jours fleurissent sur les murs de tout le pays des affiches au message marquant. En rouge, les riches votent, et vous ? En violet, les racistes votent, et vous ? En vert, les golfeurs votent et vous ?
Ces affiches attirent l’œil des passants, suscite le débat. Et invite à découvrir le nouveau site : onvoteinsoumis.fr. Elles sont la matérialisation de la campagne lancé par les insoumis pour faire inscrire un maximum de personnes sur les listes électorales.
Cette initiative vise à rendre réel le droit de vote. Si toutes les personnes de nationalités âgées de plus de 18 ans sont censées pouvoir voter, en réalité, de larges masses de la population sont privées de ce droit. Mal-inscription et non-inscription aux élections représentent un véritable fléau pour la démocratie en France.
Grâce au site onvoteinsoumis.fr, chacun peut vérifier en 3 minutes montre en main si les personnes sont inscrites sur les listes électorales. L’outil remplit directement la page du service public, sans toutefois conserver les données. A moins que les gens ne donnent explicitement leur accord pour s’inscrire à la France insoumise. Ainsi, grâce à cette technologie, tout le monde peut accéder à son numéro d’électeur et à son bureau de vote en un temps record.
Lorsque les personnes ne sont pas ou mal inscrite, commence le véritable travail d’accompagnement citoyen. Les insoumis expliquent la procédure, quel papier est autorisé comme attestation de domicile, comme pièce d’identité. Ils peuvent faire sur leur téléphone les démarches pour inscrire en ligne. Ou si les personnes préfèrent, ou ne possède pas de compte France connect, ils offrent un formulaire Cerfa. Parfois, ce sont les militants qui accompagnent les personnes jusqu’à la mairie. Ou qui poste la lettre contenant tous les papiers nécessaires.
Cette démarche d’accès au droit est pratiquement invisible. Elle ne fait jamais les gros titres, sauf lorsque la classe politico-médiatique s’agite et s’indigne de l’idée de faire voter de nouvelles personnes aux élections. C’est pourtant un travail civique indispensable. Totalement indispensable pour permettre le fonctionnement de la démocratie. Que signifie le pouvoir au peuple quand un tiers ne peut voter ?
Fidèle à leurs valeurs, être utile, agir sans chercher la reconnaissance d’une caste médiatique qui s’affirme chaque jour un peu plus comme leur adversaire le plus résolu, les militants du mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon poursuivent leur objectif. Patiemment. Résolument. Et efficacement. Entre le 2 février, lancement du site et mercredi 7 février au matin, ce sont déjà 3318 personnes qui ont vérifié leur inscription sur les listes électorales grâce au site onvoteinsoumis.fr
Sur les réseaux sociaux, champ essentiel de la politique au 21ème siècle, la campagne fleurit aussi. Le #onsinscrit se déploie sur Twitter. Les habituels échanges de commentaires plus ou moins élogieux se déroulent sous les publications. Il faut dire que les slogans sont fait pour susciter le débat, attiser la curiosité dans l’objectif civique de faire inscrire le plus grand nombre de personnes sur les listes électorales. Tout cela dans le but de percer le mur de l’indifférence patiemment érigé par les puissants pour empêcher que l’accès au droit civique ne devienne jamais un sujet du débat public. Pour continuer à gouverner entre eux, entre riches, entre racistes.
Des insoumis ont déjà commencé à s’approprier la campagne et des nouveaux visuels inspirés commencent à fleurir sur les réseaux sociaux autour du #onsinscrit.
Combien de personnes, les insoumis auront-ils permis d’accéder plus pleinement à la citoyenneté pour les élections européennes 2024 ? Réponse le 3 mai, date butoir pour s’inscrire avant le scrutin européen du 9 juin.
13 millions de personnes non inscrites sur les listes électorales
Depuis une quinzaine d’années, des chercheurs en sciences politiques se penchent sur cette problématique et mettent en lumière une réalité alarmante. En analysant les données des enquêtes sur la participation électorale menées par l’Insee, ces experts révèlent l’ampleur de l’anomalie civique : près de 13 millions de personnes étaient mal inscrites ou non inscrites sur les listes électorales en 2017. Pour être plus précis, lors de la dernière élection présidentielle, on dénombrait environ 7,6 millions de cas de mal-inscription et un peu plus de 5 millions de personnes non inscrites.
13 millions voix sont étouffées, des millions de destins sont relégués aux marges de la société. Mais ce n’est pas seulement une question de nombres, c’est une question de représentation, de légitimité, de justice sociale. Ce sont les voix des plus démunis, des plus marginalisés, des plus méprisés qui sont sacrifiées sur l’autel de l’indifférence et de l’apathie. La France insoumise se dresse contre cette injustice, elle tend la main à ces citoyennes et ces citoyens relégués, oubliés, elle leur offre un moyen de se faire entendre. Car une démocratie qui exclut une partie de sa population n’est pas une démocratie, c’est une mascarade, une imposture, une trahison de l’idéal républicain.
Le changement de bureau de vote n’est pas automatique. Contrairement à ce qui se pratique partout ailleurs chez nos voisins, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, il faut faire une démarche pour changer de bureau de vote. De nombreuses personnes, en particulier les jeunes qui déménagent pour leurs études ne le savent pas. Et découvre le jour du vote qu’ils ne peuvent pas voter là où ils vivent. C’est ce phénomène qu’on appelle mal-inscription sur les listes électorales.
Comme le changement de bureau de vote n’est pas automatique, chaque année des milliers de personnes sont radiées. En France, il n’y a pas d’obligation d’inscrire les gens sur les listes. Seulement une obligation pour les communes d’enlever les gens qui ne remplissent plus les conditions d’attache communale, c’est-à-dire qui ne peuvent plus justifier d’un domicile dans la commune ou de toute autre condition prévue par le code électoral (gérant d’entreprise située dans la commune, contribuable dans la commune, au titre du domicile des parents pour les jeunes de moins de 26 ans. Entre mai 2021 et mars 2022, 226 962 électeurs ont été radiés.
L’absence d’inscription automatique pour toutes les personnes naturalisées est également un choix politique qui mène à une inégalité de fait.
Pour Macron et Le Pen, l’aubaine de la non-inscription sur les listes électorales
Les chiffres du non accès au droit de vote sont en en constante augmentation depuis le dernier rapport mené par des parlementaires dès 2014, lorsqu’ils avaient mis en lumière les lacunes dans les modalités d’inscription sur les listes électorales. Depuis, à l’exception des caravanes populaires insoumises qui sillonnent la France à chaque vacance scolaire depuis 2016, rien n’est fait. En effet, cette absence de droits civiques arrange bien les riches et les racistes.
Pour aller plus loin : 18 910 portes toquées : le travail herculéen des Caravanes Populaires, pour vaincre la résignation !
Macron et Le Pen, les deux faces d’une même pièce, les champions de l’ordre établi ont-ils intérêt à ce que les exclus se fassent entendre ? Bien sûr que non. Leur stratégie repose sur le silence des opprimés. Ils comptent sur une forte abstention pour remporter les élections, pour perpétuer le pouvoir du grand patronat financier.
Ils prétendent représenter le peuple, mais ils redoutent par-dessus tout sa voix, son vote. La France insoumise les met au défi, elle les expose au grand jour, elle dénonce leur idéologie réactionnaires, leurs votes en commun contre le SMIC et le blocage des prix, leur collusion avec les lobbys pétroliers et financiers, leur soumission aux puissants de ce monde.
Le combat des insoumis pour les droits du peuple à décider pour lui-même
C’est un chantier titanesque. 13 millions de personnes. Les personnes les plus éloignées de la politique. Les personnes des milieux populaires, les premiers à souffrir de la crise du logement, de l’école publique dégradé, des urgences saturés,. Les premiers aussi qui subiront les nouvelles offensives de tailles annoncées par Gabriel Attal, sur la désindexation du SMIC, la fin de la loi SRU, la répression des mal-logés. La perte de droit civique est presque toujours le signe d’une forme d’exclusion sociale.
Par Ulysse