Prudhomme télémédecine

Abandons des métiers du soin

Métiers du soin. Une étude du ministère de la Santé indique qu’en 2022, 10 % des étudiants ont interrompu leur cursus et la situation s’aggrave d’année en année. La situation est encore plus dégradée pour la formation d’infirmier avec un taux d’abandon et d’échec qui monte à 18 %. Le billet d’humeur de la semaine.

Abandon des métiers du soin, causes connues…

Les causes sont connues mais le gouvernement ne répond pas aux demandes des syndicats et des organisations professionnelles. La première exigence est la suppression de Parcoursup dont les algorithmes affectent les étudiants au petit bonheur la chance, trop peu souvent dans leur premier choix et pas toujours dans les établissements de proximité.

Par ailleurs, un des motifs d’abandon mis en avant par de nombreux étudiants est la maltraitance lors des stages professionnels avec un encadrement inadapté, voire inexistant. Un exemple typique rapporté récemment est une étudiante laissée seule dans un service pendant une partie de sa vacation du fait du manque d’effectifs, qui a été confrontée à une situation d’urgence qu’elle a dû gérer seule pendant de longues minutes avant de pouvoir obtenir un renfort. Elle est ressortie de cette épreuve complètement traumatisée.

Conséquence : elle a abandonné ses études quelques semaines plus tard. En effet, face au constat de conditions de travail dégradées ne permettant pas d’assurer la sécurité des patients, elle ne pouvait plus se projeter dans ce métier.

…et entretenu par Emmanuel Macron

Cette situation n’est pas nouvelle mais au regard de l’absence de réponse politique, il est légitime de penser qu’elle est sciemment entretenue pour fermer des hôpitaux dans une logique financière de réduction des dépenses de la Sécurité sociale.

En effet, toutes les mobilisations de ces dernières années, notamment en 2019 dans les services d’urgence, plaçaient en tête des revendications la formation et l’embauche massive de personnels. Mais rien n’a été fait malgré entre temps la crise de la COVID qui a mis très largement en lumière le manque de moyens de notre système de santé. Or il faut insister sur le fait que la plupart des formations aux métiers de la santé durent entre 1 et 3 ans. Donc si le pouvoir politique s’était réellement attaqué au problème, nous aurions en 2023 des soignants formés en poste.

L’autre question à laquelle le gouvernement n’a pas répondu est celle des salaires et des conditions de travail. Ces métiers sont pénibles et sont exercés très majoritairement par des femmes. Or le niveau de rémunération n’est pas à la hauteur du niveau de qualification et des responsabilités exercées et n’a cessé de se dégrader depuis plus de 10 ans par rapport au SMIC. Le différentiel aujourd’hui n’est plus que de 300 euros sur le salaire de base.

Par ailleurs, une autre demande très forte est celle du temps de repos du fait de la pénibilité du travail en horaires décalés. La réponse actuelle est de travailler en équipes de 12 h, ce qui est mauvais pour la santé des personnels et dangereux pour les patients. La solution est simple, il s’agit de la semaine de 32 h sur 4 jours en maintenant un temps de travail journalier de 8 h.

Dr Christophe Prudhomme