eau Mayotte

Scandale – À Mayotte, de l’eau au robinet moins d’un jour sur trois, l’État distribue des bouteilles en plastique

Mayotte a toujours soif. Alors que l’eau coule au robinet moins d’un jour sur trois, l’État essaie enfin de répondre à la crise de l’eau sur place en distribuant des bouteilles en plastique. L’eau, loin d’être à 100% potable, ne coule au robinet que durant 18 heures consécutives tous les trois jours. En 2023, la 7ème puissance économique mondiale n’est donc plus capable d’assurer le droit d’accès à l’eau potable à ses citoyens. Et malheureusement, à Mayotte, cela fait bien longtemps. Pour pallier cette crise, l’État essaie très tardivement d’y répondre… en distribuant gratuitement des bouteilles en plastique.

Bien sûr, la situation est critique. Mais la distribution d’une telle quantité de plastique représente un risque de pollution énorme pour Mayotte. Face à la crise de l’eau exceptionnelle que vivent Mayotte ou la Guadeloupe, est-ce tout ce dont l’État est capable ? Dans les Outre-mer, le mauvais état des canalisations conduit à une perte de 50% de l’eau potable pendant son transport. À quand des grands travaux pour réparer les canalisations ? Plus largement, quand s’arrêtera le mépris du camp présidentiel pour l’Outre mer alors que le ministre dédié invite la population guadeloupéenne à faire chauffer l’eau avant de la boire ? Notre article.

À Mayotte, l’eau coule du robinet moins d’un jour sur trois

À Mayotte, une crise de l’eau exceptionnelle sévit. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’eau ne coule au robinet que durant 18 heures consécutives tous les trois jours. Début septembre, déjà, nous en parlions dans nos colonnes : l’eau ne coulait que deux jours sur trois.

L’ampleur de la crise actuelle est notamment le fait d’une sécheresse historique, la plus forte depuis 1997, conséquence directe des politiques néolibérales climaticides menées depuis des décennies. Le niveau d’alerte s’explique aussi par la vétusté des infrastructures hydriques du département. Pour rappel, le mauvais état des canalisations dans les Outre-mer conduit à une perte de 50% de l’eau potable pendant son transport. Parce que ces territoires sont méprisés par la minorité présidentielle. L’abandon de l’État est total, les conséquences sont déjà dramatiques.

Pour aller plus loin : Martinique : Macron assoiffe la population par la destruction des services publics

Depuis 1997 au moins, les habitants voient les crises et les coupures se succéder. Chaque année, comme le souligne une mère de quatre enfants auprès de FranceInfo, « il y a des affrontements entre petits et grands qui se battent pour avoir de l’eau ». Chaque année, « […] à chaque coupure, les enfants pleurent ». « On en est là parce qu’on est à 30 ans du manque d’investissement en infrastructures. On n’a pas assez de retenues collinaires pour stocker l’eau de pluie. » souligne Estelle Youssoupha, députée Libertés, Indépendant, Outre-mer et territoires (LIOT) de Mayotte.

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Crédits : Xab / La Plume Rieuse

Distributions de bouteilles en plastique : le risque d’une importante pollution, un petit sparadrap sur une plaie béante

À compter d’hier, 20 novembre 2023, 17 millions de litres d’eau potable, en bouteille plastique, sont distribués gratuitement chaque mois à Mayotte. Désormais, l’eau n’est plus seulement réservée aux personnes considérées comme vulnérables, mais à la population totale de Mayotte (environ 330 000 personnes). Sur Twitter, la préfecture de Mayotte indique la marche à suivre : « Récupérez un pack d’eau par personne et par semaine sur présentation d’un justificatif d’identité ».

Problème : la distribution massive de bouteilles en plastique va produire une quantité de déchets difficilement absorbable par l’île. Une masse de 11,6 tonnes de déchets quotidienne est attendue. « À Mayotte, on a déjà beaucoup de peine à évacuer les déchets. Le tri n’est vraiment pas performant. En mettant autant de bouteilles plastiques en circulation, on craint d’en retrouver pas mal dans la nature », témoigne Michel Charpentier, président de l’association Les Naturalistes de Mayotte, auprès de FranceInfo.

Au-delà de la pollution à venir, il y a comme une impression de sparadrap posé sur une plaie béante. L’État a mis des semaines à mettre en place cette opération. Pourquoi une si longue attente ? Comment les autorités peuvent-ils laisser des Français assoiffés ? Pourquoi des grands travaux sur les canalisations des territoires d’Outre-mer ne sont-ils toujours pas lancés ?

Concernant la crise de l’eau en Guadeloupe, le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, déclarait : « Vous faites couler l’eau, vous la faites chauffer et après, vous la mettez au frigo ». Ce n’est pas sûrement des casseroles d’eau qui se sont mises à bouillonner après cette déclaration.

Par Nadim Février

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