LFI. Hier, aux journées d’été de La France insoumise, Ségolène Royal a annoncé vouloir lancer une « dynamique d’union » avec La France insoumise pour les élections européennes. La température, déjà à 40 degrés sur le site, est monté d’un cran. Dans la même séquence, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle a validé la stratégie insoumise, celle de l’Union populaire et de la résistance radicale à l’Assemblée nationale comme dans la rue, notamment lors de la mobilisation historique contre la retraite à 64 ans. Une analyse intelligente et pertinente qui arrive à point nommé. Notre article.
« Déclencher une dynamique d’union » : l’initiative audacieuse de Ségolène Royal
Hier, lors de la sixième édition des AMFiS de LFI, celle qui avait apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon en 2022 a appelé sans détour à partir unis avec les insoumis aux élections européennes de 2024. Le message est audacieux et courageux : « Je vais prendre une initiative pour déclencher cette dynamique d’union ». Elle poursuit en valorisant les efforts des insoumis, ces « partenaires privilégiés » qui ont fait un « travail formidable de mobilisation pour l’union ». Dans un contexte où le double langage de certains partenaires organise sciemment la désunion, de telles déclarations font du bien. Elles constituent un signal fort pour l’ensemble des partenaires de la NUPES.
Dans un amphithéâtre plein à craquer à Châteauneuf-sur-Isère, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle pose la question fondamentale : « Comment l’Union pourrait-elle être crédible aux yeux des Français pour de prochaines échéances si nous partons désunis aux européennes ? ». D’aucuns feraient bien de se poser et reposer la question dans leurs têtes. Faire l’union en se divisant aux élections sénatoriales et européennes est vide de sens. Ségolène Royal poursuit en procédant à quelques piqûres de rappel : « Alors que des insoumis se sont sacrifiés pour laisser des sièges aux autres partis aux élections législatives, je suis choqué que tout d’un coup, cela soit oublié ».
L’ancienne candidate socialiste a raison : pourquoi privilégier les petites combines d’appareils plutôt que l’union alors que tant de sacrifices et d’efforts ont été accomplis par les insoumis jusqu’ici ? D’autant que l’enjeu est grand et ne peut tolérer ni dispersions ni tergiversations. L’objectif est clair : construire et identifier aux yeux du peuple la NUPES comme seule alternative au macronisme et à l’extrême droite. L’union aux élections européennes en est la première étape essentielle.
Pour le député insoumis Manuel Bompard, avec lequel Ségolène Royal débattait lors de la conférence intitulée « Pour gagner, la gauche doit-elle s’assagir ? », ces déclarations sont une « initiative positive ». Le coordinateur de LFI l’affirme clairement « Si pour parvenir à une liste d’union, il faut que la tête de liste ne soit pas de nos rangs, on y est prêt. ». Encore une preuve, que les insoumis sont prêts à de nombreux gestes envers leurs partenaires pour construire et sauvegarder la NUPES.
Benoit Hamon, Jérôme Guedj, Philippe Brun : la liste unique aux européennes plébiscitée aux AMFIS
En moins d’une journée, d’autres personnalités de la NUPES se sont exprimées pour une liste unique aux élections européennes. Pour Benoit Hamon, ancien candidat socialiste à l’élection présidentielle, « il faut une liste unique de la gauche aux européennes pour créer une dynamique pour 2027 ». De même pour le député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj qui a déclaré que ne pas faire cette union serait une « erreur politique, une faute politique ». Même chose encore pour Philippe Brun. Cet autre député PS de l’Eure plaide en faveur de l’union et s’interroge : « Comment expliquer aux électeurs de gauche qu’on est uni à l’Assemblée mais pas à Bruxelles ? ».
Pour aller plus loin : Sondage : unie aux élections européennes, la NUPES peut l’emporter face à Macron et Le Pen
Ces déclarations vont dans le sens du sondage publié le 24 août par l’institut de sondage Cluster 17. Unie aux élections européennes, la NUPES l’emporterait face à Macron et Le Pen avec 25% des suffrages. La conclusion du sondage est claire : la NUPES est en mesure de remporter les élections européennes même en cas d’union partielle. Dans le cadre d’une hypothèse sans EELV, une telle liste est testée en deuxième position (20,5%), deux petits points et demi derrière le RN. De même pour une liste sans le PCF, avec 22,5% d’intentions, un demi-point derrière le parti de Marine Le Pen.
Ségolène Royal valide la stratégie de LFI
Dans la même séquence, Ségolène Royal a tranché à la question posée lors de la conférence des « AMFiS » de LFI, intitulée : « Pour gagner, la gauche doit-elle s’assagir ? ». L’ancienne candidate à l’élection présidentielle est revenue sur le débat à l’Assemblée nationale lors de la séquence de la réforme des retraites : « Que s’est-il passé à l’Assemblée ? Vous avez fait du bruit. On a cherché à vous diaboliser. Mais la responsabilité de la gauche, ce n’est pas d’avoir peur quand on lui parle de décibels… ». Tout est dit.
Pour gagner, la résistance mêlant radicalité et décibel est la clé. Pour l’ex-candidate, les parlementaires insoumis ont fait le boulot et ce pourquoi ils ont été élus « même si on a cherché à les disqualifier et les ridiculiser ». Comprendre : ils avaient raison de tenir tête à la macronie par-delà les appels à la soi-disant « respectabilité », une fadaise synonyme de renoncement.
Rappelons-le : qui a fait voler en éclats le calendrier de la macronie qui pensait adopter la réforme des retraites en dix jours jours ? Qui a permis de porter haut la lutte contre la réforme des retraites par le plus long conflit social depuis mai 1968 ? Qui a analysé les révoltes urbaines avec les sciences humaines et la conscience plutôt que par la matraque et l’ignorance ? Ce sont les insoumis.
Par Sylvain Noël
