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« 5 ans à trimer pour la souris, toujours payée comme un rat » : à Disney, grève pour les salaires

Disney. Ce samedi 3 juin, c’est la quatrième journée de mobilisation chez Disneyland Paris à l’appel du Mouvement anti-inflation, un collectif créé mi-avril. « Cinq ans à trimer pour la souris toujours payée comme un rat », lit-on sur une pancarte . « De la fée clochette, à la fée clocharde », « Certains de mes collègues prennent des crédits conso pour manger », « Les grèves deviennent réalité », aux pancartes s’entremêlent les drapeaux rouges de la CGT et le jaune fluo des Gilets Jaunes. La sécurité, brassard orange au bras, accourt. Les touristes s’arrêtent. Un clapping géant, popularisé par l’équipe d’Islande à l’Euro 2016, est lancé par plusieurs centaines de manifestants.

C’est la deuxième journée de grève cette semaine (lire notre article de Mardi) à Disney, et ça fait plus de trois semaines que ça dure. Les revendications sont claires : une augmentation de 200 euros net, des horaires plus réguliers, les dimanches payés double et le doublement de l’indemnité kilométrique. Dans cette multinationale où l’on apprend à sourire aux clients, la dernière grève remontait à 2006. Et contrairement à celle-ci, elle avait été portée par les syndicats, et non par un collectif de salariés. La semaine dernière, ils étaient 500 à manifester. Aujourd’hui, ils sont plus d’un millier. Les syndicats CGT et UNSA les ont rejoints pour les soutenir.

La direction, totalement déconnectée de la pauvreté qui sévit dans notre pays, s’oppose à la hausse des salaires et a proposé des primes. Les primes ne financent ni les retraites, ni le système de santé. Pourtant, la multinationale se porte bien. Disneyland Paris enregistre même un chiffre d’affaires record cette année : 2,6 milliards de dollars (Forbes). Les chambres sont à 600 euros la nuit. Les invisibles qui les nettoient doivent prendre des crédits consommation pour pouvoir manger. L’insoumission.fr avaient rencontré 3 de ces invisibles qui nous avait raconté l’enfer que Disney fait vivre à ses femmes de ménage. Aujourd’hui, le Mouvement anti-inflation relève la tête, à la veille d’une journée de mobilisation nationale contre la retraite à 64 ans dans tout le pays.

Disney : Mi-avril, ils étaient 40 à fonder le Mouvement anti-inflation (M.A.I.)

40 travailleurs du secteur de la maintenance qui n’en pouvaient plus. Ras-le-bol de voir l’inflation dévorer leurs salaires. De ne plus pouvoir finir le mois. Ras-le-bol de la flexibilité totale des horaires, sans aucune régularité. Impossible d’organiser sa vie en dehors du travail. Comment prendre soin de ses enfants, de ses parents lorsqu’on n’a aucune visibilité sur ses horaires de travail ? Tout ça pour ne pas gagner de quoi les mettre à l’abri.

Alors, ils se sont réunis. Ils ont créé un collectif de lutte. Appelé Mouvement anti-inflation. Ils se réunissent le soir. Ils cherchent du soutien parmi les autres travailleurs, dans d’autres secteurs. Ils sont bientôt 80, 120. Ils organisent une première manifestation le 10 mai. 200 personnes répondent à l’appel. Puis, une deuxième, le 23 mai. Ils sont alors 500, issues de toutes les branches du parc d’attraction. Les syndicats UNSA et CGT rejoignent le mouvement. Ils demandent l’ouverture anticipée des négociations annuelles obligatoires (NAO), originellement prévues en septembre. Trop loin, il faut de l’argent maintenant : l’inflation dévore les salaires.

Mardi 30 mai, 1200 salariés de Disneyland Paris manifestent pour la 3ème journée de mobilisation

Les revendications se sont élargies. Comme toujours, au fur et à mesure de la lutte, sur un premier mot d’ordre, généralement le partage des richesses, d’autres viennent s’ajouter. On échange avec les autres travailleurs. On prend conscience que ce n’est pas possible de travailler sur des horaires totalement imprévisibles. On prend conscience qu’on n’est pas seul à ne pas s’en sortir pour organiser la vie de famille quand le planning change sans cesse. On n’est pas un mauvais parent, un looser désorganisé. Non. C’est un système qui nous broie.

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Pancarte 1

Alors, en plus des mesures contre l’inflation : une augmentation de 200 euros pour tous, les dimanches payés double et le doublement de l’indemnité kilométrique, les travailleurs se battent maintenant aussi pour la régularité de leurs horaires de travail.

Réponse anachronique de la direction : travailler plus pour gagner des primes

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La direction de Disneyland Paris déclare au journal Le Parisien qu’après « une rencontre avec les organisations syndicales avec qui elle maintient le dialogue, elle a proposé une prime de 125 euros et la possibilité de monétiser des jours de repos ainsi que la mensualisation du 13e mois ».

En résumé, travailler plus pour gagner plus de primes. La proposition paraît à côté de la plaque, dans une période où le peuple a manifesté par millions son attachement à la réduction du temps de travail ainsi que l’importance de salaires, ouvrant le droit à des cotisations pour permettre à tous les travailleurs de bénéficier d’une retraite décente. 

Pas sûr que cette proposition patronale à contre-sens de l’Histoire convainque les grévistes d’arrêter la lutte. 

Pour aller plus loin : EXCLUSIF – L’enfer que Disney fait vivre à ses femmes de ménage