courants océaniques

Les courants océaniques ont déjà ralenti de 30% en 20 ans : urgence absolue d’une révolution écologique

Les courants océaniques ralentissent sous l’effet du réchauffement climatique. Les modèles informatiques donnaient le chiffre de 40% d’ici à 2050 dans les parties les plus profondes de l’océan. Les données récoltées sur le terrain ont finalement permis de montrer que les courants ont déjà ralenti de 30% entre 1990 et 2010. Ce qui devait arriver en 2050 est donc probablement déjà là. Avec plus de deux décennies d’avance.

Les océans sont un régulateur essentiel. Ils absorbent le CO2 et la chaleur de la terre. Ces courants profonds permettent d’emmener au fond de l’océan une partie de la chaleur accumulée en surface. Leur ralentissement va donc encore accélérer le phénomène d’augmentation globale de la température de notre planète. Le changement climatique est commencé. Il est urgent de changer de système économique pour limiter la destruction du seul écosystème compatible avec la vie humaine. Notre article. 

Les effets du réchauffement climatique sur l’océan seraient 27 années « en avance sur le calendrier » 

La précédente étude, réalisée à partir de modèles informatiques, avait abouti à une estimation du ralentissement des courants océaniques de 40% d’ici à 2050 si aucune bifurcation écologique majeure n’était engagée au niveau mondial. 

Kathryn Gunn, de l’agence scientifique australienne CSIRO (Organisation fédérale pour la recherche scientifique et industrielle) et de l’université britannique de Southampton, entourée d’une équipe scientifique, ont récolté des données pendant des années dans le bassin antarctique australien, au plus profond de l’océan. Le résultat de leur recherche est paru jeudi 25 mai 2023. « Nos données montrent que les impacts du changement climatique sont en avance sur le calendrier ». 

En avance, et pas qu’un peu. Puisque leur travail révèle que le processus de ralentissement des courants marins au plus profond de l’océan a déjà ralenti de 30% entre les années 1990 et 2010. Si le phénomène suit la même courbe, sans s’accélérer, aujourd’hui, en 2023 nous avons déjà dépassé les 40%. Avec 27 années d’avances. 

Récolter ces données est un travail laborieux à de telles latitudes et à une telle profondeur. La température de l’air comme de l’eau dépasse rarement les 0°C. Et il s’agit d’un espace immense. L’océan antarctique fait 20,33 millions km² en surface. La vérité scientifique a donc nécessairement un décalage temporel. 

Cependant, les émissions de CO2 continuent d’augmenter chaque année de 1% en moyenne depuis 2010 pour atteindre 40,6 milliards de tonnes en 2022. De plus, les courants océaniques profonds ont eux-même un effet régulateur sur le climat. « Quand la circulation océanique ralentit, il reste plus de dioxyde de carbone et de chaleur dans l’atmosphère, ce qui accélère le réchauffement climatique » explique la chercheuse. 

Les courants océaniques profonds, climatisation naturelle et écologique à échelle mondiale, sont menacés

Il n’y a donc pas de raison de penser à ce jour que le phénomène soit plus lent aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Le dérèglement climatique est commencé. Et souvent depuis plus longtemps que nous le pensions. L’exemple du ralentissement des courants avec des décennies d’avance sur les précédents systèmes le prouvent. Les rapports du GIEC sont également chaque fois plus alarmistes que les précédents. La situation est grave. Et elle est également sous évaluée. Il n’y a plus de temps à perdre. 

En plus de perdre son rôle de régulateur, une sorte de climatisation naturelle à l’échelle planétaire, les courants marins profonds sont également essentiels pour la biodiversité. Ils apportent de l’oxygène depuis la surface jusque dans les abysses. Cette même étude parue dans Nature Climate Change révèle que l’oxygène atteignant l’océan profond a diminué.

Il y a urgence à agir. Le système économique capitaliste extractiviste doit cesser d’organiser la vie sociale. Il est plus que temps de passer à la règle verte. Avant qu’il ne soit trop tard.