Marine Le Pen

Scandale : des néo-nazis défilent en plein Paris avec l’autorisation de la préfecture, deux proches de Marine Le Pen dans leurs rangs

Extrême droite. Samedi 6 mai 2023, environ 500 militants néo-nazis ont manifesté dans les rues de Paris, aux cris de « Europe, jeunesse, révolution ». La raison ? Commémorer l’un des leurs morts en 1994 : Sébastien Deyzieu, un jeune militant pétainiste. Dans le cortège, deux proches de Marine Le Pen : Axel Loustau et Olivier Duguet (Médiapart). La dédiabolisation pour laquelle œuvre le Front National depuis des années en prend un coup. Au programme de ce défilé dans les rues de la capitale : croix celtiques, cagoules, gants coqués, intimidation de journalistes et slogans fascistes. Comme une odeur de peste brune. Quand réagira-t-on face à la menace de l’extrême droite ?

Que fait la police ? Interdiction des casserolades, autorisation de défilé nazi en plein Paris ? Un curieux sens des priorités. Cette manifestation était bien autorisée par la préfecture de police de Paris. Pas de risque de trouble à l’ordre public, selon le Préfet de Police de Paris, Laurent Nuñez, qui assume l’avoir autorisée. Entre défilé de néo-nazis et manifestations contre la retraite à 64 ans au son des casseroles, deux poids, deux mesures. Parce que nous vivons une crise de régime, souvenons-nous des mots d’Albert Camus : « Quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles ». Notre article.

Extrême droite : des néo-fascistes défilent sans encombres dans les rues de Paris, quand réagit-on ?

500 militants néo-nazis ont manifesté dans les rues de la capitale le 6 mai 2023. Le tout, sous autorisation préfectorale. Au programme : croix celtiques, cagoules, gants coqués, intimidation de journalistes et slogans fascistes. Vous aussi, vous sentez cette odeur de peste brune ? Un cortège silencieux, d’où sortait deux principaux slogans : « Europe, jeunesse, révolution », le slogan du Groupe Union Défense (GUD) et « Sébastien Présent ».

Connaissez-vous le Comité du 9 mai ? C’est un groupuscule d’extrême droite, émanation du GUD. Tous les ans à peu près, autour du 9 mai, il organise une manifestation pour rendre hommage à Sébastien Deyzieu, un jeune militant pétainiste mort en 1994. Sur la messagerie Telegram, « le Comité du 9 mai a revendiqué la présence de « 700 militants nationalistes » dont des « camarades bulgares, italiens et hollandais venus commémorer les martyrs du nationalisme » » (France Info). L’extrême droite marche sans encombres dans les rues de Paris. Quand réagira-t-on face à la menace qu’elle représente ?

Deux proches de Marine Le Pen présents dans le cortège de néo-nazis

Cachez ses soutiens que je ne saurai voir. Selon les informations de Mediapart, deux proches de Marine Le Pen ont été aperçus dans cette manifestation à l’ambiance nauséabonde. Leurs noms : Axel Loustau et Olivier Duguet. Pourtant, sur Sud Radio, Marine Le Pen a démenti catégoriquement : « Ces deux anciens trésoriers ne sont pas mes proches ! ». La cheffe de l’extrême droite a sans doute un souci avec la réalité.

Qui sont-ils ? Olivier Duguet d’abord. Il a été trésorier (comme son comparse) et trésorier adjoint de Jeanne, le micro parti de Marine Le Pen. Axel Loustau, ensuite. Il a milité au Groupe Union Défense (GUD), organisation étudiante d’extrême droite connue pour sa violence, dans les années 1990. Axel Loustau a fait la rencontre de Marine Le Pen à l’Université Panthéon-Assas. Gud-Connection.

Pour aller plus loin : Extrême-droite : qui se cache derrière Marine Le Pen et Éric Zemmour ?

Selon Mediapart, il a pris « en 2017, les commandes de la cellule financière de la campagne présidentielle de Marine Le Pen ». Avec Frédéric Chatillon, aussi ancien du GUD et vieil ami de Marine Le Pen, ils détiennent 45% d’e-Politic, une agence de communication qui « a pris le relais de Riwal comme prestataire favori des campagnes du RN, et [a joué] un rôle central dans la campagne numérique de Marine Le Pen » (Le Monde).

Alors, ce ne sont pas des proches ? La dédiabolisation, sur laquelle Marine Le Pen travaille depuis des années, en prend un sacré coup.

Casserolades ou défilé de néo-nazis : le deux poids, deux mesures

Comme un sentiment de deux poids, deux mesures. Pour les néo-nazis, un dispositif policier réduit, comparé à n’importe quelle casserolade contre la retraite à 64 ans : « une voiture devant, une voiture derrière, quelques agents à vélo », selon Libération. Pire, les néo-nazis manifestent… sous autorisation préfectorale. Le préfet de Police de Paris, Laurent Nuñez assume : pas de risque avéré de trouble à l’ordre public. Des N.É.O.-N.A.Z.I.S., cagoulés, portant des gants coqués, faisant partie d’une mouvance connue pour sa violence, défilent à Paris, que faut-il de plus pour interdire ? Par contre, une distribution de cartons rouge à l’entrée d’un stade, c’est interdit ?

La position de Laurent Nuñez est d’autant plus troublante que, le 5 mai 2023, il a lui-même pris un arrêté préfectoral pour autoriser l’utilisation de drones pour la manifestation du 9 mai, en écrivant que « des troubles à l’ordre public sont de nature également à éclater en marge du cortège avec les forces de l’ordre et les journalistes », comme l’a indiqué la journaliste d’Arrêts sur Images Nassira el Moaddem.

Interrogé à propos de cette manifestation à l’Assemblée ce 9 mai 2023, pendant les questions au Gouvernement, Gérald Darmanin a demandé aux préfets d’interdire toutes les manifestations d’ultradroite. Il aurait été préférable de s’en inquiéter avant qu’elle ait lieu. Il serait également bon d’arrêter de diaboliser ses opposants de gauche, de les qualifier de « terroristes intellectuels », et en même temps, faire la courte-échelle à l’extrême-droite en reprenant ses mots. À l’heure où la France traverse une grave crise politique, n’oublions jamais les mots d’Albert Camus : « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles ».

Par Nadim Février