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Retraites : les 15 mensonges de Macron dans sa lettre aux syndicats

Retraites. Emmanuel Macron est sorti de son silence pour… Refuser de rencontrer les syndicats. Le président de la République, dans une lettre adressée aux syndicats ce vendredi matin, étale une nouvelle fois l’étendu de son mépris pour la démocratie. Le chef de l’État prétend laisser le Parlement faire son travail. Cocasse quand, l’après-midi même, le gouvernement réalise un coup de force parlementaire au Sénat au travers de la procédure du « vote bloqué ».

Pendant que le plus fort mouvement social du 21e siècle embrase le pays, que fait le président ? Il hiberne depuis 2 mois ? Il laisse, courageusement, ses ministres en grande souffrance en première ligne. A tel point que même le journal Le Monde souligne que dans la majorité et au gouvernement, le doute s’installe sur Élisabeth Borne. Le gouvernement est extrêmement fébrile. Et il a de quoi. Et que fait le chef de l’État pour l’aider ? Une lettre bourrée de mensonges.

Après ses 21 mensonges dans sa lettre aux Français durant la présidentielle, Emmanuel Macron vient en effet de récidiver. Dans les grandes largeurs. Dans sa lettre aux syndicats, visiblement écrite avec les pieds, l’insoumission.fr a dénombré au moins 15 mensonges du président. Les voici. Notre article.

Mensonge n°1 : « le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), instance indépendante et pluraliste d’expertise et de concertation au sein duquel vous siégez, souligne de manière incontestable les déficits durables et grandissants auxquels notre système de retraite va faire face dans les années à venir »

Emmanuel Macron a refusé de débattre avec les autres candidats à l’élection présidentielle. Il s’est déclaré candidat au dernier moment. Il a affronté l’extrême droite au second tour mais le chef de l’État fait comme s’il avait été élu sur un programme, notamment cette réforme des retraites. Emmanuel Macron doit son élection à la présence de Marine Le Pen au second tour, parce qu’il a reçu de nombreuses voix de personnes voulant simplement faire barrage à l’extrême droite.

« La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5 point de PIB à -0,8 point de PIB » dans les 10 prochaines années, peut-on lire dans le rapport du COR. Cela représente environ 10 à 12 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, « qui serait moindre à l’horizon 2032 » (rapport du COR). Sans parler du fait que le faible déficit constaté par le COR est en partie fictif, comme vous pourrez le lire dans l’article ci-dessous (écrit avant que le gouvernement annonce finalement un décalage de l’âge légal à 64 ans, et non plus à 65 ans.)

Pour aller plus loin : Désintox économique : la retraite à 65 ans ? Le Conseil d’orientation des retraites (COR) tacle Macron

Mensonge n°2 : « Ces constats m’ont conduit à présenter devant les Français le choix clair de travailler un peu plus longtemps, en épargnant les plus fragiles »

Tout le monde devra travailler plus longtemps pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Les plus fragiles, les personnes aux métiers les plus pénibles qui ne pourront pas travailler jusqu’à 64 ans, ne verront pas leur retraite augmenter de façon significative. Les fameux 1200 euros minimum promis par le gouvernement ne concernent uniquement que les carrières complètes au SMIC. Soit… entre 10 000 et 20 000 personnes.

Mensonge n°3 : « et en veillant à ne pas pénaliser ceux qui ont commencé à travailler plus tôt »

L’accélération de l’allongement de la durée de cotisation concerne tout le monde. Alors, 43 ou 44 annuités pour partir à taux plein à la retraite ? C’est simple : chiffre pair, tu perds. Si on commence à travailler à 16 ans, on a besoin de 44 annuités pour partir à taux plein. À 17 ans, 43 annuités. À 18 ans, c’est… 44 annuités. À 19 ans ? 43 annuités. On marche sur la tête avec cette nouvelle loterie inventée par le gouvernement.

Pour aller plus loin : Retraites : 43 ou 44 annuités ? C’est tellement compliqué qu’on n’a même pas réussi à faire un titre

Mensonge n°4 : « Cette nécessité d’adapter notre système pour le préserver a ainsi été au cœur de la campagne des élections présidentielle »

Emmanuel Macron a refusé de débattre avec les autres candidats à l’élection présidentielle. Il s’est déclaré candidat au dernier moment. Il a affronté l’extrême droite au second tour mais le chef de l’État fait comme s’il avait été élu sur un programme, notamment sur cette réforme des retraites. Emmanuel Macron doit son élection à la présence de Marine Le Pen au second tour, parce qu’il a reçu de nombreuses voix de personnes voulant simplement faire barrage à l’extrême droite.

Mensonge 5 : « plutôt que de baisser les pensions, d’augmenter les impôts ou de faire porter le fardeau financier des retraites à nos enfants et petits-enfants »

Voilà un mensonge par omission. Il existe de nombreux autres moyens pour financer les retraites : l’augmentation des salaires, l’égalité salariale réelle entre hommes et femmes (6 milliards par an), une très légère augmentation de cotisation sur les salaires supérieurs à 3400 euros.

Mensonge n°6 : « Le Gouvernement a travaillé pendant plusieurs mois avec l’ensemble des partenaires sociaux et des groupes parlementaires »

La NUPES et l’ensemble des organisations syndicales n’ont travaillé que contre ce projet. Le recul de l’âge ? Une ligne rouge pour l’intersyndicale depuis le début. Celles et ceux qui ont voulu tenter l’expérience du dialogue à la sauce Macron – Borne – Dussopt sont très vite ressortis dégoûtés par cette mascarade, en ayant l’impression que tout était écrit d’avance dans les « concertations ». La ligne directrice du macronisme avec les corps intermédiaires est restée inflexible depuis 2017 et se résume en deux mots : « cause toujours ».

Mensonge n°7 : « de nombreuses avancées ont été réalisées, y compris sur la question de l’âge légal en renonçant à le porter à 65 ans »

Travailler jusqu’à 64 ans ne peut être qualifié d’avancée. Deux ans de plus, c’est toujours trop. Le retour à la retraite à 60 ans, comme l’ont défendu Jean-Luc Mélenchon et la NUPES, est le sens logique de l’Histoire. Les Français vivent plus longtemps parce qu’ils travaillent moins longtemps.

Mensonge 8 : « ces améliorations ont permis d’aboutir à un projet plus juste sans compromettre l’objectif d’équilibre financier »

Faux, au fur et à mesure des compromis avec la droite dure d’Eric Ciotti, le texte est de plus en plus loufoque, notamment pour les personnes qui ont commencé à travailler à 16 et 18 ans qui devront travailler 44 annuités alors que celles qui commencent à 17 et 19 ans n’auront besoin que de 43 ans. De plus, les macronistes ont tellement lâché des miettes aux Républicains que, selon leur calcul, leur réforme ne permettrait plus de combler le déficit qu’ils annonçaient pour justifier leur réforme. Le camp présidentiel s’englue et s’enfonce. Rattrapé par ses propres mensonges, le gouvernement n’est plus qu’un navire en détresse que son capitaine a abandonné en ne laissant qu’une simple lettre, pleine de mensonges.

Mensonge n°9 : « préserver le temps parlementaire qui se déroule actuellement et qui est l’essence même de  notre démocratie »

Quel magnifique sens du timing. Écrire ces lignes le jour même où le gouvernement active l’article 44.3 et active le « vote bloqué » au Sénat, il fallait oser. Qu’est-ce que l’article 44.3 ? De l’avis de certains sénateurs de gauche, il n’est ni plus ni moins qu’un « 49.3 sénatorial ». Son objectif ? Que le Sénat vote en un seul bloc pour ou contre l’ensemble du texte de loi, arrêté au stade choisi par le gouvernement. En somme, un coup de force parlementaire. 

De plus, dans le cadre du débat sur la réforme des retraites, le gouvernement a usé de l’article 47-1, contraignant le temps accordé au débat parlementaire. Vous pourriez au moins nous demander de fouiller un peu pour débusquer vos mensonges. Là franchement, c’est trop facile : vous nous avez apporté la preuve du contraire il y a 3 heures à peine.

Mensonge 10 : « Les parlementaires représentent la pluralité des opinions de notre société, sans doute plus que jamais »

Les élections législatives ont lieu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Le principe est que, justement, la pluralité des opinions n’est pas représentée, mais une majorité est artificiellement créé à l’Assemblée nationale. C’est le principe même de la Constitution de la Vème République. Cher M. Macron, vous le savez très bien puisque c’était votre propre argument lorsque vous tentiez encore de vous faire passer pour un Président différent, à l’écoute du peuple et que vous vouliez introduire une dose de proportionnelle à l’élection législative. 

Mensonge 11 : « j’ai moi-même répondu aux questions des Français à ce sujet à plusieurs reprises sur le terrain y compris récemment »

À plusieurs reprises sur le terrain ? C’est-à-dire lors de deux visites organisées au millimètre près au Salon de l’Agriculture et au marché international de Rungis ? 80% des Français et 93% des actifs se déclarent opposés à cette réforme. M. Macron, vous avez croisé une petite centaine de travailleurs de Rungis, et avec une ou deux questions et zéro interpellation un tant soit peu véhémente. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne semblaient étonnamment pas vraiment représentatif de l’opinion de la population du pays. 

Mensonge 12 : « Le débat est nourri et continue de l’être dans nos enceintes »

Tout ce que vos députés et vos alliés Les Républicains ont su répondre à toutes les critiques, interventions, interpellations et questions des députés de la Nupes au Sénat et à l’Assemblée, c’est : « retirez vos amendements ». Pour un débat nourri, on reste un peu sur notre faim. 

Vous avez pourtant eu, M. Macron, maintes fois l’occasion de répondre sur le fond grâce aux nombreux amendements proposés par une opposition de gauche sérieuse qui a tenu à débattre de chaque point problématique dans votre projet de réforme. Les opposants de la Nupes ont fait honneur à leur mandat d’opposant politique. Ils ont pris la parole comme le voulaient leurs électeurs. En face, il n’y a eu qu’une bande de couards, d’élus playmobils, incapables d’assumer la contradiction et pressés de pouvoir s’illustrer dans la seule activité à laquelle ils sont bons : lever le bras en cadence aux ordres de leur Président. 

Mensonge 13 : « notre responsabilité est de garantir aux générations futures leur pension et leur transmettre un système de retraite par répartition viable »

Faux. La pérennité du système par répartition, Emmanuel Macron s’en moque comme de sa première chemise. Pire, il souhaite secrètement le détruire. En 2019, son projet de retraite à point ouvrait tout grand la porte à la retraite par capitalisation. En effet, avec la retraite à point, impossible de connaître à l’avance son niveau de pension. Toutes les personnes qui en ont les moyens font donc des réserves, donc achètent du capital privé en prévision de leur retraite, au cas où le gouvernement déciderait de baisser la valeur du point. Partout où la retraite à point est mise en place, elle favorise grandement la capitalisation.

Autre preuve, Macron a fait voter la loi PACTE qui incite tous les salariés à contribuer à des retraites complémentaires privées. Enfin, la retraite à 64 ans va avoir un effet majeur : la baisse des pensions massive pour toutes les personnes qui ne peuvent plus travailler après 62 ans. Pour toutes les personnes qui en ont les moyens, il leur restera une solution : la capitalisation. La retraite par capitalisation ce serait l’ouverture d’un marché de 300 milliards d’euros à l’appétit insatiable des milliardaires. Qui peut croire que le Président des riches tienne absolument à un système, la répartition, qui empêche ses amis milliardaires de se faire des super-profits sur la vieillesse des Français ?

Mensonge 14 : « j’ai toujours montré mon attachement au dialogue avec les Français comme avec les organisations syndicales et professionnelles ainsi qu’au respect de nos institutions et d’un débat démocratique au Parlement »

Faux. Alexandre Benalla et les yeux crevés des Gilets Jaunes, c’est du dialogue avec les Français peut-être ? Dix 49.3 pour un seul budget, c’est le respect démocratique du Parlement ? 

Mensonge 15 : « Je vous prie d’agréer, Messieurs les Secrétaires généraux, Mesdames et Messieurs les Présidents, Madame et Monsieur les Co-délégués généraux, l’expression de ma considération distinguée »

Faux, en refusant tout net de recevoir les représentants de tous les travailleurs unis, à la tête d’une contestation approuvé par plus de deux tiers de la population du pays et 93% des actifs, le président n’exprime pas une considération distinguée, il leur urine au visage. 

Par le comité de rédaction de l’insoumission.fr