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Retraites : l’Assemblée rejette l’index senior, premier camouflet pour Macron et Borne

Retraites. Le camp présidentiel a goûté hier soir à la saveur de la défaite : l’Assemblée nationale a rejeté l’index senior, prévu à l’article 2 du projet de loi sur la retraite à 64 ans. L’objectif ? Que les entreprises fassent un rapport annuel sur l’emploi des seniors en leur sein et sur les actions menées pour le favoriser. Une soi-disant « caution sociale » de leur injuste réforme.

« Un bidule mal pensé », « une tarfufferie de plus », selon les députés insoumis, aux contours flous, doublés d’une absence de contraintes envers les entreprises « mauvaises élèves ». Comme toujours confiance aveugle aux grands groupes sans aucune contrepartie, on s’agenouille et on supplie le capital d’être gentil avec les travailleurs. Un véritable camouflet pour Emmanuel Macron et Élisabeth Borne. Plus largement, un nouveau signe de fragilité du camp présidentiel dans cette bataille des retraites qui s’annonce longue. Le gouvernement est seul contre tous. Notre article.

Retraites : rejet de l’index senior, « un bidule mal pensé », « une tartufferie de plus »

« L’index schmoll : un bidule mal pensé » (Hadrien Clouet), « Ça ne sert à rien, c’est une tartufferie de plus » (Clémence Guetté), « mascarade » (Danièle Obono), « pure diversion » (Marianne Maximi), « fumeux » (Bastien Lachaud), « bidon » (Damien Maudet), « gadget pour faire avaler la retraite à 64 ans » (Aurélie Trouvé), « vaste moquerie, vide de tout contenu » (Rachel Keke)… Les parlementaires insoumis n’ont pas manqué de qualificatifs péjoratifs pour caractériser l’index senior, soi-disant « caution sociale » de la réforme du gouvernement.

De quoi s’agit-il alors ? Il s’agit de créer un « index senior », d’abord dans les grandes entreprises (plus de 1000 salariés) puis en 2024 les moyennes (plus de 300 salariés). En résumé, un rapport annuel sur l’emploi des seniors dans l’entreprise. « L’employeur publie chaque année des indicateurs relatifs à l’emploi des salariés âgés ainsi qu’aux actions mises en œuvre pour favoriser leur emploi au sein de l’entreprise », peut-on lire à l’article 2 du projet de loi. Sauf que les indicateurs en question ne sont pas inscrits pas dans la loi.

L’article 2 renvoie à un décret devant être pris après concertation avec les organisations syndicales. Quand c’est flou, il y a un loup. Des contraintes seraient-elles mises en place pour des entreprises « mauvais élèves » ? Même pas. Cet index senior est un écran de fumée, doublé d’une soi-disant caution sociale qui ne convainc personne, tant par le flou de ses contours que par l’absence de contrainte prévues pour les entreprises.

Le camp présidentiel est fragile

38 députés LR ont voté contre ce fameux index senior. 6 autres se sont abstenus (Libération). Avec de tels amis, les macronistes n’ont pas besoin d’adversaires. Si le camp présidentiel comptait sur LR pour voter avec lui de concert cette réforme des retraites, un tel vote sur l’index senior laisse planer le doute à l’Élysée. Mais pas question de les critiquer davantage tant que l’étude du projet de loi n’est pas terminée. Hier soir, Olivier Dussopt a préféré vilipender la NUPES et le RN, alors que les voix de LR ont été déterminantes.

Pour aller plus loin : Retraites : « même vos économistes dézinguent votre projet », Aurélie Trouvé (LFI) rappelle au gouvernement à quel point il est seul

Ce véritable camouflet est le signe de la fragilité du camp présidentiel en pleine bataille des retraites. Il est temps pour lui de réaliser qu’il n’y a pas de majorité dans ce pays en faveur de la retraite à 64 ans. 80% des Français, 93% des actifs, un front intersyndical uni, des économistes néolibéraux pourtant d’habitude soutiens du chef de l’État, même certains députés de son camp sont contre cette réforme aussi inutile qu’injustifiée. La bataille est loin d’être terminée. Prochain rendez-vous de mobilisation : demain, 16 février 2023, partout en France.