Retraites. Élisabeth Borne et Emmanuel Macron ont déclaré la guerre sociale à 80% des Français. La retraite à 64 ans en 2030 : voilà ce qu’a annoncé la Première ministre le 10 janvier 2023 aux Français. Alors qu’à l’âge (actuel) de la retraite, 25% des hommes les plus pauvres sont déjà morts. Un objectif : faire des économies, malgré les dires du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Plutôt faire trimer le peuple que de faire payer le capital.
La question des retraites ne se limite pas à des chiffres. On parle surtout du sort de personnes brisées par leur travail. Celles-ci n’ont pas voix au chapitre sur les plateaux télés. On y préfère les « experts » économiques et les éditorialistes de plateaux libéraux. L’insoumission a décidé de donner la parole aux invisibles, toutes celles et tous ceux qu’on n’entend jamais.
Vous ne pourrez pas bosser jusqu’à 64 ans comme l’a décidé Emmanuel Macron ? Vous avez un métier pénible et comme 80% des Français vous êtes contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ? Envoyez-nous votre témoignage à [email protected].
1er témoignage issu de notre appel : Nathalie 53 ans, Professeure des écoles.
Je suis Professeure des écoles depuis 20 ans. Avant cela j’étais formatrice. Donc plus de 25 ans à rester debout au moins 6 heures par jour.
Depuis trois ans déjà, je ne travaille plus. En incapacité totale et définitive d’exercer en présentiel, reconnue travailleur handicapé (RQTF) j’attends un poste au CNED. Un travail d’enseignante à distanciel. Mon administration freine des deux pieds pour m’en octroyer un. Leurs critères restent secrets, opaques.
Je ne peux plus rester debout. Parle-t-on de la pénibilité des profs à demeurer debout ?
Si mon administration refusait encore une fois de me donner un poste (je suis en attente), je risque de me retrouver en invalidité. Alors repousser l’âge de la retraite, c’est m’empêcher de toucher une pension complète jusqu’à l’âge légal. C’est aussi me précariser au sein de ma famille. Si demain je devais vivre seule, je n’y parviendrais pas. J’ai trois enfants, tous au Lycée j’ai 53 ans. Comment alors leur permettre de poursuivre leurs études ?
J’ai commencé à travailler à 18 ans. Je n’ai jamais arrêté, j’étais surveillante d’externat. Toujours debout, aussi. Repousser l’âge, c’est, pour ceux qui ont un régime mixte (privé-public), repousser le droit de toucher nos pensions complètes, pensions pour laquelle nous avons cotisé.
Nous cotisons pour une pension dont nous ne voyons pas la couleur. C’est du vol !