Hélène Laporte est députée du Rassemblement National (RN) de la 2ème circonscription du Lot-et-Garonne. Grâce aux voix des macronistes, elle est désormais l’une des vice-présidentes de l’Assemblée nationale. Liens avec l’extrême-droite identitaire du Sud de la France, attaques contre les droits des femmes, construction d’un réseau réactionnaire international et soutien des grands patrons… L’insoumission vous en dresse le portrait.
Au second tour des élections législatives, le RN a percé le plafond de verre du Palais Bourbon. Le chef de l’État porte une très lourde responsabilité dans la crise qui s’ouvre : pendant 5 ans, la stratégie politique macroniste a consisté à faire monter l’extrême-droite. Macron a joué avec le feu, il s’est brûlé. Aujourd’hui le parti présidentiel tend la main à l’extrême-droite pour gouverner. Les 5 années qui s’ouvrent s’avèrent décisives si l’on veut empêcher l’extrême-droite de fracasser un autre plafond de verre en 2027.
Le RN a aujourd’hui près de 90 députés, il est temps de les démasquer. Deuxième épisode de notre série sur les 89 députés du RN. Portrait d’Hélène Laporte, une vice-présidente de l’Assemblée qui fut un temps trop « identitaire » pour le Rassemblement national.
La macronie a permis l’élection d’Hélène Laporte par deux fois
Coup de tonnerre fasciste dans l’histoire de la Vème République. Le 29 juin 2022, Hélène Laporte, députée du Rassemblement national, est élue vice-présidente de l’Assemblée par 284 voix. Son groupe et celui des Républicains ne rassemblent pourtant que 151 députés. C’est donc grâce au soutien des députés macronistes qu’elle accède au premier cercle du Palais Bourbon.
Ce n’était certainement pas un accident. Et d’ailleurs, ce n’était pas la première fois que la macronie l’aidait à se faire élire. Au second tour des élections législatives, le candidat LREM de la circonscription de Mme Laporte a refusé de se retirer au profit du candidat de la NUPES arrivé deuxième, donnant de ce fait une confortable majorité à la candidate du RN. Par deux fois, la macronie a permis l’élection d’Hélène Laporte. Et pourtant un simple coup d’œil à son parcours montre sans conteste qu’elle porte les idées de l’extrême droite la plus crasse.
Des liens avec l’extrême-droite identitaire du Sud de la France
Hélène Laporte est issue d’une famille bien ancrée au Front national. Son père, Jacques Laporte, était déjà candidat aux élections législatives de 1997 sous la bannière frontiste. Elle grandit dans le Lot-et-Garonne, affiliée à cette extrême-droite identitaire du Sud de la France qui ne s’embarrasse d’aucun faux-nez social.
Tradition familiale oblige, elle adhère au RN et progresse rapidement dans les rangs de l’extrême-droite (conseillère régionale en 2016, candidate aux législatives de 2017) sans se départir d’une ligne ouvertement raciste et accumulant les déclarations nauséabondes.
En avril 2018, elle apporte son soutien à Bachar El-Assad, président de la Syrie et remet en question son usage d’armes chimiques dans son pays. Deux mois plus tard, elle relaie une fake news qui attribue à tort le meurtre d’un adolescent à un immigré. Alors que le mensonge est rapidement démonté, son tweet raciste était encore en ligne le jour de la publication de ce portrait. Il a aujourd’hui été supprimé.
Ce n’est sûrement pas pour déplaire aux militants de son coin. Quelques mois plus tard, sous sa supervision en tant que secrétaire du parti pour le département, deux ex-candidats du Rassemblement national aux élections départementales s’illustrent en publiant sur Facebook des propos révisionnistes. Ils y évoquent pêle-mêle wokisme, nazisme et fours crématoires.
De toute évidence, cela ne choque pas non plus les cadres du parti. Au contraire, elle a visiblement l’étoffe brunâtre d’une porte-flingue d’extrême droite qui attire l’œil de Marine Le Pen. En 2019, Hélène Laporte partage en effet la tête de liste pour les élections européennes avec Jordan Bardella. Une fois élue, elle a dédié son mandat à la mise en place d’un programme raciste, réactionnaire et écocidaire.
Attaques contre les droits des femmes
Figure féminine du RN, Hélène Laporte œuvre pourtant de concert et bien avec son parti pour attaquer les droits des femmes. En octobre 2020, elle s’oppose publiquement à l’allongement de deux semaines du délai légal pour avorter. Ce, alors que des milliers de femmes découvrent tard leur grossesse et font face à des retards de prise en charge.
En juin 2021, ses positions réactionnaires sont actées au Parlement européen : avec le reste de la délégation du Rassemblement National, Hélène Laporte vote coup sur coup contre le droit de chacun à accéder à une éducation sexuelle complète, à un avortement légal et sûr, ou encore à recevoir des soins de maternité. L’avoir élue vice-présidente de l’Assemblée nationale est donc une belle entrée en matière pour la macronie qui prétend (encore) que les droits des femmes sont la grande cause du quinquennat.
La construction d’un réseau réactionnaire international
Mais Hélène Laporte s’est aussi illustrée dans la construction d’un réseau international réactionnaire avec les plus notables fossoyeurs de la démocratie et des droits fondamentaux. Le 13 novembre 2020, elle demande à la Commission de remettre le résultat des élections qui ont défait Donald Trump et s’affiche encore récemment avec ses collègues lors d’une visite aux Etats-Unis pour applaudir le putschiste américain.
En avril 2022, elle continue sa tournée des figures réactionnaires en Hongrie où elle soutient publiquement les candidats du parti de Viktor Orban et dit vouloir « reprendre ce qui marche ailleurs » pour nourrir la campagne de Marine Le Pen. Enfin, elle apportera un soutien parfaitement homophobe au gouvernement polonais en votant contre une résolution du Parlement condamnant la mise en place de « zones sans LGBTQI » en Pologne.
Une mascarade écologiste
Si notre nouvelle présidente s’assume ostensiblement réactionnaire, elle se prétend en revanche écologiste. Mais un coup d’œil sur les explications des votes de la députée révèle immédiatement la mascarade.
Ces dernières semaines, elle explique voter contre les limitations d’émissions de CO2 des voitures car « l’automobile est le véritable bouc émissaire des mesures européennes pour le climat ». Mais aussi contre la réduction des émissions de l’aviation car elle défend « les vols de courtes distances face à ceux qui veulent les supprimer ». Et encore contre la diminution des émissions carbones de l’industrie qui va « heurter des secteurs de production déjà soumis à des objectifs climatiques drastiques ». Tout cela bout à bout ne donne pas grand espoir pour le climat.
Hélène Laporte, soutien des grands patrons
Et le social alors, les travailleurs, cette révélation qu’aurait eue le RN au cours de ces derniers mois ? Le mois dernier, Hélène Laporte s’est abstenue de voter l’interdiction d’importer en Europe des biens issus du travail forcé. Parce qu’elle estime que cette mesure porterait atteinte à l’intérêt des entreprises européennes. Un soutien sans faille aux grands patrons, jusqu’à l’abject. La députée a ainsi demandé à l’UE de lever l’embargo sur l’exportation de biens de luxe vers la Russie pour protéger « LVMH [qui] réalise 2% de son chiffre d’affaires annuel de 64 milliards d’euros en Russie ».
Voilà donc à qui nous avons à faire. Hélène Laporte est la première vice-présidente raciste, réactionnaire et fascisante de l’Assemblée nationale, élue par deux fois grâce au soutien de la macronie. Devant l’alliance LREM & RN, l’alliance capital-fasciste qui s’est confirmée sous nos yeux ébahis depuis bientôt deux semaines, il est venu le temps de la riposte antifasciste.