L’arrivée à l’Élysée de Marine Le Pen causerait des dégâts sans précédent dans notre pays. Alors que la responsable du Rassemblement national (RN) n’a jamais été aussi proche de gagner la présidentielle, à quoi ressemblerait un quinquennat Le Pen ? Nos libertés, nos droits fondamentaux, les droits des travailleurs, des femmes, des enfants, des étrangers, des musulmans, des LGBTQ+… Tous seraient attaqués avec une violence inouïe. Sans oublier l’inaction climatique, alors qu’il ne nous reste que 3 ans pour agir. Notre article.
Attaques sans précédents en vue contre l’État de droit
Si l’on a assisté à une répression policière indédite sous le mandat d’Emmanuel Macron, « le programme de l’extrême droite représente une vraie rupture » selon Nathalie Tehio, avocate et membre du bureau de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). C’est le cadre de l’État de droit lui-même qui est menacé : « Leur logique, c’est de s’affranchir de toute garantie et de recours possible aux juges. C’est l’instauration d’un État policier, où la police détermine ce qu’elle peut faire. On lui donne un blanc-seing, explique-t-elle. »
Une mesure effrayante proposée par Marine Le Pen pour illustrer une casse sans précédent de l’État de droit : la “présomption de légitime défense des policiers.” Prenant l’exemple de l’affaire Cédric Chouviat dans lequel des policiers ont été jugés coupables dans un rapport judiciaire, Nathalie Tehio (LDH) explique que « si l’extrême droite passe, sa famille ne pourra pas porter plainte contre les policiers. » Il deviendrait ainsi quasiment impossible de faire reconnaître l’existence de violences policières, alors que c’est déjà très difficile aujourd’hui.
Concernant le programme judiciaire de Marine Le Pen, il amènerait à « beaucoup plus d’incarcérations et beaucoup moins de prévention et de réinsertion. » En clair, construire toujours plus de prisons, enfermer éternellement des gens : « Ce serait la fin de l’État de droit« , selon Nils Monsarrat, secrétaire national du Syndicat de la magistrature.
Immigration, islam : Marine Le Pen n’a pas oublié les fondamentaux de l’extrême-droite
« Je suis effrayée » explique Sihem Zine, présidente d’Action droits des musulmans. Effrayée certes par les idées nauséabondes de Marine Le Pen, mais surtout par tous les moyens qu’elle aurait à disposition en arrivant au pouvoir.“Imaginez qu’elles tombent entre de mauvaises mains”, alertent de nombreuses personnes depuis quelques années, à force de répression aggravée, d’état d’urgence et son instauration dans la Constitution. Il y « déjà la déchéance de nationalité, déjà le retrait des titres de séjour, déjà le gel des avoirs, déjà la fermeture de lieux de culte‘ alerte la militante Sihem Zine.
Elle s’alarme entre autres de la volonté de Marine Le Pen d’interdire le voile dans l’espace public. En clair, l’instauration d’une police du vêtement teintée d’un racisme profond. « Elle va faire quoi, leur mettre une amende ? Les mettre en prison ? Leur arracher leur voile ? » s’exclame Sihem Zine, très inquiète. Sans oublier que l’arrivée au pouvoir de la patronne de l’extrême-droite française ferait se sentir pousser des ailes aux groupuscules d’extrême-droite très présents dans notre pays : « ils vont avoir un sentiment d’immunité et s’en donner à cœur joie. »
Concernant l’immigration, Marine Le Pen est dans le fantasme d’un quasi-arrêt de l’immigration, qui est impossible : « Tout est réfléchi pour rendre l’accès au séjour le plus restrictif possible, dans une logique de “machine à expulser” générant un climat de peur permanent pour les étrangers« , selon Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade (droits des migrants). Le droit d’asile et tout ce qui le compose serait vidé de sa substance, le droit du sol remis en question… Tout cela mènerait à « fracturation accrue de la société, à des tensions sociales toujours plus exacerbées. »
Menaces sur les droits des femmes et des LGBTQ+
En cas de victoire de l’extrême-droite, Marylie Breuil, militante féministe au collectif Double peine s’inquiète d’un « recul très net en termes d’avancées des droits des femmes et de lutte contre les violences sexuelles. » Marine Le Pen ne propose aucune mesure concrète pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Fidèle aux valeurs de l’extrême-droite, elle instrumentalise la cause féministe uniquement pour servir son agenda xénophobe. La patronne de l’extrême-droite explique en effet « que les violences seraient perpétrées par des personnes étrangères, alors que tous les chiffres montrent que les auteurs de violences sont issus de tous les milieux sociaux. »
Opposition à la PMA et la GPA, rien de prévu pour lutter contre les inégalités hommes-femme ou les discriminations salariales… Bref, aucun indice d’un début d’attrait pour la cause féministe pour Marine Le Pen. Ce n’est pas mieux concernant les droits des LGBTQ+. « On a peur que l’extrême droite fasse tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le peu de prévention qui continue d’exister« , s’alarme Matthieu Gatipon-Bachette, porte-parole de l’Inter-LGBT. « À partir du moment où vous avez des gens qui considèrent que les discours progressistes que portent les assos LGBT sont nuisibles, tout est possible. Ils sont prêts à tout », explique-t-il, très inquiet.
Fin du monde, fin du mois ? Pas de combat !
Comme pour Eric Zemmour, les associations écologiques ont jugé que le programme écologique de Marine Le Pen était très loin d’être à la hauteur de l’urgence climatique. Il y a un sujet parmi d’autres sur lequel elle reste dans l’incantatoire, c’est celui de la précarité énergétique qui touche 12 millions de personnes en France. En effet, « cela les amènerait sur un terrain où ils n’ont pas envie d’aller, quand on sait d’où est originaire la main-d’œuvre du BTP, et sachant que, dans l’histoire, ce sont les immigrés qui ont reconstruit la France de l’après-guerre« , explique Danyel Dubreuil, coordinateur d’une plateforme de lutte contre la précarité énergétique.
« Les programmes de l’extrême droite ne sont pas du tout favorables aux plus vulnérables, même s’ils ont l’air séduisants lorsqu’on en fait une lecture rapide« , explique Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD-Quart Monde. Si elle est élue, Marine Le Pen ferait un tri entre les bons et les mauvais pauvres, entre ceux qui détiennent une carte d’identité française et ceux qui n’en ont pas.
Sans oublier qu’elle ne s’occuperait pas des pauvres Français, même s’il veut faire croire l’inverse. Sous ses airs de candidate du peuple, elle est contre la hausse du SMIC, pour le remboursement de la dette, pour l’austérité, contre le blocage des prix, elle a reculé sur les retraites. Et elle veut faire croire que les Français vivront mieux grâce à elle ?
Pour aller plus loin : le programme économique de Marine Le Pen : une saignée pour les classes populaires