RN rassemblement national bardella

La terrible explosion des agressions racistes depuis le score de Bardella le 9 juin

Depuis le haut score du Rassemblement national (RN) le 9 juin, les agressions racistes se multiplient dans le pays. Partout en France, dans les quartiers, les grandes villes, les zones rurales : certains prennent appui sur les bons résultats électoraux de l’extrême droite pour s’attaquer aux personnes racisées de ce pays. Des assassinats racistes anti-roms au viol antisémite d’une enfant en passant par des incendies, actes et agressions islamophobes à répétition, la haine raciste se propage partout.

Contre les « bougnoules », les « bonobos », les « bicots » : contre la France telle qu’elle est. Plurielle, diverse, mélangée. Cette autre France qui veut vivre ensemble, qui résiste aux sirènes de l’extrême droite et refuse de « mépriser le voisin à cause de sa religion ou de sa couleur de peau »; comme expliquait Jean-Luc Mélenchon au soir du 9 juin.

Alors que 54% des sympathisants du Rassemblement national se déclarent ouvertement racistes, les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains prennent une nouvelle dimension. Face à la multiplication des actes racistes et xénophobes, l’urgence d’un large front antiraciste est là. Le Nouveau Front Populaire joue ce rôle, face au Rassemblement national de Jordan Bardella et son projet de division du peuple. À quelques jours du premier tour, L’insoumission publie une liste non exhaustive de ces actes et agressions racistes encouragées par le RN depuis le 9 juin 2024. Des centaines d’autres actes racistes n’ont pas été médiatisés, et demeurent sous silence. Notre article.

« Va à la niche ! Bonobo ! » – Divine, aide soignante victime du racisme par ses voisins militants RN

Divine Kinkela est aide soignante à Montargis, dans le Loiret. Elle vit en France depuis 30 ans. Depuis le haut score du Rassemblement national aux élections du 9 juin, elle subit quotidiennement des injures et agressions racistes de la part de ses voisins, des militants RN. C’est ce qu’a révélé un reportage d’Envoyé Spécial diffusé le jeudi 20 juin. Des imitations de cri de singe, des insultes « Bonobo », « Rentrez chez vous ! », des agressions verbales.

Interrogée, Divine explique que les résultats de Bardella ont agi comme une libération de la parole, « une autorisation, une porte ouverte pour dire aux immigrés qu’ils ne sont pas les bienvenus, qu’ils ne sont pas chez eux, qu’on va les foutre à la porte ».

Les voisins de Divine, deux militants RN assument leur racisme, et accusent « les Mustapha, les tout ce que vous voulez » de ne pas respecter les coutumes de la France, comme ils le « voit à la télé ». « Tu dégages. On est chez nous, on fait ce qu’on veut ici. Retourne à la niche ! » invective la compagne du couple, face aux caméras d’Envoyé Spécial.

Face à ces agressions quotidiennes insoutenable, Marine Le Pen et son parti affiche une complaisance coupable. La patronne du RN n’y a « rien vu de raciste ». L’extrême droite, même en cravate, reste fondamentalement raciste. Ce vendredi 28 juin, Divine a appelé les Français et les Françaises à faire barrage au Rassemblement national. « Si moi je me suis levée, c’est pour qu’on fasse barrière au RN, parce que le racisme ne doit pas faire partie de ce monde », a-t-elle déclaré à la presse locale.

Angela Rostas, tuée parce que Rom

Angela Rostas, 40 ans, était une mère de famille rom, enceinte de sept mois. Elle a été tuée d’une balle de fusil de chasse le 22 février à l’entrée de son mobile home, en Haute-Savoie. Elle a perdu la vie dans l’ambulance, laissant derrière elle ses deux filles adolescentes, Denisa et Rada. Les deux hommes auteurs du tir, originaires de villages voisins, ont été mis en examen pour meurtre à caractère raciste. Deux jours avant, ils avaient déjà tiré sur une aire d’accueil des gens du voyage.

La couverture médiatique d’un tel acte raciste étonne par son silence assourdissant. À l’inverse, l’extrême droite s’est jetée sur l’occasion pour relativiser ce crime, déverser sa haine raciste et répandre un discours anti-immigration sur la question, à l’image du collectif Némésis.

Aymeric Caron, député LFI

Le racisme anti-rom, l’anti-tsiganisme est une des formes de racisme les pus répandues dans la société française. Le MRAP, Mouvement contre le racisme et pour l’Amitié entre les Peuples a rappelé « qu’un crime raciste n’est jamais un fait divers ». « Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, le MRAP s’indigne du peu d’écho donné à cette affaire par les médias et la classe politique face à un acte motivé par la haine des Roms, lesquels forment le groupe social le plus méconnu, confronté au plus grand rejet de la part de la population ».

Une jeune fille de 12 enfant, violée parce que juive

Samedi 15 juin, une jeune collégienne juive de 12 ans a été violée par un groupe de garçons de son âge, en raison de sa confession. Séquestrée, insultée et violée, ce crime motivé par le « racisme antisémite et la culture du viol dans notre pays » a secoué tout le pays.

« Après le drame de Courbevoie, nous nous tenons aux côtés de nos compatriotes juifs qui ont peur, comme aux côtés de tous nos concitoyens menacés en raison de leur confession religieuse », a affirmé fermement Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise en publiant un communiqué du Nouveau Front Populaire contre « l’antisémitisme et toutes les formes de racismes ».

« J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, je vote RN et je vais te massacrer » : tentative de meurtre dans le Val-de-Marne

Le 25 juin, dans le Val-de-marne, un automobiliste a menacé de mort et blessé un chauffeur de bus en raison de sa couleur de peau. « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer » s’est exclamé l’automobiliste avant de percuter le chauffeur de bus au niveau des jambes.

Une enquête à été ouverte pour « menace de mort réitérée, commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion » et « violence aggravée par deux circonstances suivie d’incapacité n’excédant pas 8 jours ».

Pour aller plus loin : « Je vote RN, je vais tuer du bougnoule » – Un militant de Bardella tente de tuer un chauffeur de bus

« La seule raison du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous les bicots » – Les menaces de morts envers des journalistes d’origine arabe se multiplient

Depuis quelques jours, plusieurs journalistes ont témoigné au sujet de lettres de menaces de morts reçues à leurs domiciles en raison de leurs origines arabes. C’est le cas de Karim Rissouli, présentateur télé de l’émission C ce soir.

« Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. Ce n’est pas le pouvoir d’achat, ni la retraite à 60 ans. La seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous les « bicots ». Le « souchien » ne t’acceptera jamais , ni toi ni tes frérots, et malgré le nombre, vous ne posséderez jamais la France » peut-on lire dans cette lettre de menace.

Karim Rissouli explique la raison de sa prise de parole, dans un contexte où l’extrême droite est aux portes du pouvoir et que la parole raciste se libère dans les médias. « Cette lettre va bien au delà de mon cas personnel. Je parle en pensant à tous ces gens qui sont racisés, des noirs, des arabes, des juifs, des musulmans, des personnes trans, tous ceux qui vivent des discriminations au quotidien et qui ont peur que la parole raciste se libère. »

D’autres confrères journalistes ont témoigné de messages racistes au quotidien. Mohamed Bouhafsi, journaliste sur C à vous témoigne : « Il y a un avant/après 9 juin. On me dit « Vous Mohamed, vous êtes pas comme les autres bougnoules » ou « T’es un bicot, t’es un sale arabe, un musulman ». J’ai des messages continus depuis le 9 juin, 4 à 5 fois par jour. Je n’avais jamais autant vécu ça. .

Tous les témoignages sont formels. Le score de l’extrême droite le 9 juin libéré la parole raciste dans ce pays comme jamais auparavant.

« Gratteur d’alloc » – Agression raciste d’un collégien d’origine algérienne à Sotteville-lès-Rouen

Jeudi 20 juin, Anis, un adolescent de 14 ans d’origine franco-algérienne a été insulté de « gratteur d’alloc », agressé et roué de coups par trois jeunes hommes un peu plus âgés que lui à la sortie du collège. Une agression raciste, sans aucun doute, a dénoncé sa maman. « S’il a été accusé de gratter les allocs, c’est parce qu’il est d’origine maghrébine. Il a été stigmatisé uniquement sur son apparence ». En état de choc, le jeune adolescent et sa mère envisagent de porter plainte contre cette agression raciste.

Les agressions de type se multiplient, y compris chez les très jeunes dans le milieu scolaire. Sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC, Anouar, un auditeur témoigne : « On a traité ma fille de 12 ans de « sale arabe » dans la cour de récréation. Depuis, elle pleure matin, midi, soir. D’autres phrases reviennent en boucle pour vous : « retourne au bled », « sale arabe ». Avec ma femme, on songe à quitte la France. Alors qu’on est amoureux de ce pays. Depuis les trois dernières semaines, les paroles se lâchent. Ça va beaucoup plus loin. »

« Nègre, PD, dégage » – Incendie d’une boulangerie à Avignon

Dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 juin, une boulangerie à Avignon a été incendiée, et recouverte de tags racistes et homophobes. Les mots « nègre », « PD » et « dégage » ont été inscrits sur les murs. Pour le patron, il n’y a pas de doute. Ces injures racistes visent leur apprenti de 17 ans, d’origine ivoirienne, en première année de CAP, placé depuis août 2023 par l’Association Hébergement Accueil Réinsertiton Provence.

Pour le patron, c’est le choc. « On est là depuis dix ans, bien intégrés, on n’a pas de problèmes avec les gens du secteur. Mon apprenti, c’est un ange ». Sa boulangerie va devoir rester fermée plusieurs mois au vu des dégâts. « Le magasin est foutu, c’est ma vie qui est partie en fumée ». Le racisme détruit tout sur son passage.

Le RN : un projet raciste, des candidats racistes, des militants racistes

De Divine à Karim Rissouli en passant par le chauffeur de bus du Val-de-Marne, les citoyens et citoyennes de ce pays sont de plus en plus nombreux à être victimes de violences racistes. Ils sont des centaines chaque jour à subir des agressions racistes, antisémites, islamophobes, négrophobes, anti-roms. Depuis le 9 juin, les sympathisants du Rassemblement national sentent une légèreté nouvelle, signe d’un racisme décomplexé, et tentent de faire de ce pays une immense zone de division des citoyens selon leur couleur de peau ou leur religion supposée. Ils sont épaulés par des dizaines de groupuscules d’extrême droite violents et radicaux présents partout dans le pays, à Paris, Nancy, Lyon ou encore Angers.

À quelques jours du premier tour des élections législatives qui pourraient faire accéder le RN au pouvoir, il est essentiel pour la classe politique et médiatique de rappeler la réalité du racisme propagé par le Rassemblement national, ses cadres, ses élus, ses candidats, et ses électeurs. Ces actes sont à l’image du projet du RN : xénophobe, raciste, et violent.