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Comment le RN veut tuer le système de retraite

RN : une arnaque sociale à débusquer chaque jour. Aujourd’hui l’Insoumission s’intéresse à une mesure du Rassemblement national en particulier, sa promesse d’augmenter les salaires de 10% tout en baissant les cotisations patronales de 10%, et les effets qu’elle aurait sur les services publics. Un plan dénoncé par Jean-Luc Mélenchon cette semaine, lors son « Allo Mélenchon » : « Le RN veut augmenter les salaires, en baissant les cotisations. Cela revient à casser la Sécurité sociale. C’est l’arnaque rêvée du capital pour le profit des assurances privées. Voilà pourquoi le capital préfère le RN aux insoumis. » Notre brève.

Augmenter les salaires en baissant les cotisations : comment tuer les retraites à petit feu 

C’est une des mesures phares du programme du Rassemblement national depuis la présidentielle 2022. Pour répondre à la crise du pouvoir d’achat, créée notamment par des salaires qui stagnent malgré l’inflation galopante depuis deux ans, le RN propose d’augmenter les salaires des français de 10%.

En augmentant le SMIC, ou en indexant les salaires sur l’inflation comme le proposent LFI et le Nouveau Front populaire ? Non. Les députés lepénistes ont voté contre ces propositions à l’Assemblée nationale, main dans la main avec la macronie.

Le Pen et Bardella proposent d’« augmenter les salaires des entreprises jusqu’à 10% avec la contrepartie que ces 10% soient exonérés de charge ». Le Pen indiquait par exemple, dans une tribune publiée dans Les Echos : « Dès 2022, et pendant cinq ans, dans le cadre d’un contrat d’entreprise, pour toute hausse de salaire de 10 % accordée à l’ensemble des salariés gagnant jusqu’à trois fois le SMIC, les entreprises seront exonérées de cotisations patronales sur cette augmentation. » 

Pourquoi cette mesure est une arnaque

Il s’agit là d’une arnaque bien connue. Les cotisations patronales, que le RN nomme « charges » sont en réalité du salaire différé, qui permettent de financer les quatre branches de la Sécu (vieillesse, maladie, famille, accidents de travail – maladies professionnelles)… En bref, des services publics, non marchands, qui contribuent à l’intérêt général. Sur les 436 milliards d’euros de recettes de la Sécurité sociale, 40% proviennent des cotisations patronales. Près de la moitié. Elles sont la principale source de financement du système, et furent pensées par Ambroise Croizat et les membres du Conseil National de la Résistance comme un moyen de socialiser la richesse produite. Le financement des pensions de retraites repose notamment sur cette fiscalité essentielle.

En permettant au patronat d’augmenter les salaires tout en se soustrayant au financement de ce système, le RN organise le déficit des caisses de retraite. L’Institut Montaigne, qui évalue les propositions des différents partis politiques, estime en effet le coût net de cette mesure pour les finances publiques à 12 milliards d’euros nets en 2029. 12 milliards d’euros en moins pour la Sécurité sociale donc.

Or, le Rassemblement national et ses portes paroles ne cessent ces derniers jours de préparer l’opinion à la cure d’austérité qu’ils imposeraient au pays s’ils parvenaient au pouvoir. Nous vous en parlions déjà dans différents articles. Jordan Bardella a récidivé ce jeudi, lors d’un débat organisé par le MEDEF, déclarant notamment qu’il « décalera pas l’âge de départ à la retraite », puisqu’il veut « d’abord avoir connaissance des marges budgétaires qui sont en ma possession ».

Pour aller plus loin : Bardella à Matignon ? Voyage au bout de l’enfer

Comme l’expliquait l’économiste Eric Berr lors de la conférence de presse sur le financement du programme du Nouveau Front populaire, sur les trente dernières années en France, ce sont les gouvernements de droite qui ont créé des déficits en diminuant les impôts et cotisations sociales, avant de s’en servir pour justifier la destruction des services publics.

Ce mécanisme n’est pas nouveau. Il s’agit d’un processus politique néolibéral bien connu, et dénoncé depuis longtemps par la gauche de rupture. « Un des moyens de tuer un service public est de couper le financement. Vous voulez détruire un système ? Coupez les vivres. Ça ne marchera plus. Les gens s’énerveront, ils voudront autre chose. C’est une technique standard pour privatiser un système. », décrivait Noam Chomsky dans le film Requiem pour le rêve américain.

Voilà l’arnaque prévue par Bardella et Le Pen : donner d’une main pour reprendre de l’autre, et se préparer à achever nos services publics les plus précieux par la suite.