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Le PDG de Casino se verse 206 250 euros après avoir licencié 22 000 salariés

Casino. L’ancien directeur général de Casino, Jean-Charles Naouri, vient de se verser 206 250 euros pour trois mois d’exercice, de janvier à mars 2024. L’annonce est tombée ce jour. Et cela alors même que le groupe a licencié plus de 22 000 personnes, et que le groupe Casino a perdu 5,3 milliards d’euros en 2023.

Le groupe Casino, en restructuration à la suite d’un surendettement causé par ce même PDG, Jean-Charles Naouri, a vu sa situation financière dégringoler. Comme d’habitude, les premières victimes sont les salariés. Le groupe, entre-temps passé sous le contrôle du milliardaire Daniel Kretinsky, a décidé la cession de plusieurs centaines de magasins, menaçant jusqu’à 3 500 emplois en France, et la fermeture de quatre plateformes logistiques.

En mai, des militants insoumis accompagnés de la députée LFI Andrée Taurinya et du candidat Maxime Bergonso s’étaient déplacés à Gaël, l’une des quatre plateformes logistiques de Casino menacé de fermeture. Le groupe Casino, un cas typique de la voracité du capital au détriment des salariés et des consommateurs. Notre brève.

À Casino, des salaires indécents et des licenciements à la pelle

En effet, le 11 juin dernier, les actionnaires du groupe Casino ont confirmé la rémunération de Jean-Charles Naouri pour 2023 et 2024. Pour 2023, l’ancien directeur général avait touché 1 369 068 euros en 2023, dont sa rémunération fixe de 825 000€ brut annuels et sa rémunération d’administrateur de 15 000 euros. Pour 2024, il touche le même salaire au prorata de son temps passé à son poste, soit près de 210 000€. Soit un total de plus de 1,5 million d’euros en un an et trois mois. Et encore, il a renoncé à sa rémunération variable pour 2024. Les actionnaires ont approuvé les résolutions validant son salaire à une écrasante majorité, de plus de 99%.

Elisabeth Sandager, l’administratrice du groupe Casino, a tout même voulu nous rassurer en assurant qu’« aucune indemnité de départ, aucun régime de retraite complémentaire » ne lui serait versé. Il ne manquerait plus que ça ! En effet, le groupe Casino déploie une gigantesque restructuration suite à ses difficultés financières. 

Le groupe s’est retrouvé l’année dernière au bord de la cessation de paiement après des acquisitions financées par de la dette, des pertes de marché au profit de ses concurrents, et une perte de valeur de ses magasins Monoprix et Franprix. Le groupe a ainsi perdu 5,7 milliards d’euros en 2023, soit une baisse de 4,7 % du chiffre d’affaires (9 milliards d’euros). Lors de sa reprise de cotation en bourse il y a quelques semaines, l’action ne valait plus que 0,04 euro, soit une baisse de 95 % de sa capitalisation boursière depuis le début de l’année.

Le groupe prévoit d’écraser environ 5 milliards d’euros de dette avec une grande restructuration dont 1,4 milliard d’euros de vente d’actifs et 1,2 milliard en levant des fonds, notamment auprès du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor. 

Mais la survie du groupe – et surtout des salaires de ses dirigeants – se fait sur le dos de milliers de licenciements : le groupe est passé de 50 000 emplois en France fin 2022 à 28 212 emplois en un an, soit 22 000 familles laissées sur le carreau. S’ajoute à cela un mal nommé « Plan de Sauvegarde de l’Emploi » qui menace 1 300 à 3 200 postes de salariés de plus : 1 293 suppressions nettes de postes au sein des fonctions sièges, et jusqu’à 1 974 postes supprimés dans les magasins si les hypermarchés et supermarchés encore en attente de repreneurs ne sont pas rachetés.

Un cas typique de la voracité du capital aux dépens des consommateurs et de l’emploi

Le cas de Casino est un pur exemple de la façon dont le capitalisme financier détruit des emplois et pénalise les consommateurs. Car Casino a été l’un des groupes de la grande distribution qui a augmenté ses prix pour maintenir ses marges malgré l’inflation. En effet, en juillet dernier l’Institut La Boétie révélait que les marges des entreprises du secteur de la grande distribution avaient bondi malgré l’inflation : la hausse des profits bruts expliquaient 70 % de la hausse des prix au premier trimestre 2023.

En effet, entre le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2023, le taux de marge des industries agroalimentaires était passé de 28 % à 48 %, soit une augmentation de 71 % du taux de marge en un an et demi, et bien au-delà du niveau de 40 % où il oscillait entre 2008 et la crise COVID. Concrètement, cela signifie que sur 100 euros de valeur ajoutée, il restait en moyenne près de la moitié – 48 euros – à l’entreprise une fois payés les salaires et les impôts de production.

Ces profits, il faut les corréler aux salaires des patrons du secteur : Michel-Edouard Leclerc touche plus de 600.000 € de salaire par an hors dividendes, et Alexandre Bompard (Carrefour) a touché 4,5 millions d’euros en 2023.

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Source : Insee 

La hausse des prix s’explique donc bien plus par la hausse des profits que par l’inflation, car entre les premiers trimestres 2022 et 2023, les prix de production des industriels ont augmenté seulement de 18,6 %.

Ces profits se font aux dépens des consommateurs, car les entreprises de la grande distribution disposent en effet d’un fort « pouvoir de marché », c’est-à-dire que leur situation (position dominante sur le marché, monopole ou quasi-monopole…) leur permet de relever et maintenir leurs prix au-delà du niveau de la concurrence. Ces profits se sont également fait aux dépens des salaires. Entre 2010 et 2023, le salaire brut horaire réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) a baissé de 3,7 %, tandis que les profits bruts réels, eux, ont augmenté de 45,6 %.

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Source : Insee

Et pour finir, ces profits se font aux dépens de l’emploi. Dans le cas de Casino, le maintien des marges sur les prix de vente a conduit les prix des Supermarchés Casino et des Géantes Casino à des niveaux au moins 20 % supérieurs par rapport à Leclerc, ce qui a fait fuir les clients. Le groupe a flambé en un an plus de 2 milliards de trésoreries. Un « quoi qu’il en coûte » qui a profité aux salaires des dirigeants et aux profits des actionnaires, et qui a plongé des dizaines de milliers de personnes dans la précarité.

Pour aller plus loin : « Mettons dehors les parasites financiers » : LFI dépose une série de lois pour mettre fin au gavage des ultra-riches

Par Jeanne H.

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