« Notre crime, c’est juste d’être noirs » – Harcèlement raciste à Grasse : enfin un procès

Harcèlement raciste à Grasse. Ils sont nombreux ces cas de racisme, vécus au quotidien par des personnes racisées. Ils sont cependant plus rares à être médiatisés et traduits en justice. Alors que 300 organisations, dont LFI, appellent à manifester en masse le 22 mars contre le racisme, c’est une sordide affaire raciste qui frappe depuis […]

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Harcèlement raciste à Grasse. Ils sont nombreux ces cas de racisme, vécus au quotidien par des personnes racisées. Ils sont cependant plus rares à être médiatisés et traduits en justice. Alors que 300 organisations, dont LFI, appellent à manifester en masse le 22 mars contre le racisme, c’est une sordide affaire raciste qui frappe depuis des mois cette famille, un couple et ses quatre enfants. « Un cas comme des milliers d’autres qui justifient une riposte partout en France le 22 mars prochain », expliquent les insoumis sur place.

Outre les insultes et même les intrusions qu’elle subit, cette famille installée à Grasse (Alpes-Maritimes) pointe également du doigt l’inaction de la police et de la Justice, dont le silence légitime ces actes racistes. En soutien, déjà deux marches ont eu lieu, dont la dernière s’est tenue le jour du procès, le 5 mars dernier, à laquelle était notamment présent le député LFI Raphaël Arnault. Notre brève.

« Nous sommes des animaux de zoo »

Le constat de Carole est glaçant. Depuis maintenant 4 ans, elle, son conjoint et leurs enfants subissent un violent harcèlement raciste de la part de leurs voisins, qui ont pourtant l’air de « monsieur et madame tout-le-monde ». Pour L’insoumission, Carole décrit les coups donnés sur les murs, les insultes et les gestes racistes (comparaison à des gorilles, « sale noir »…), et même les menaces et les coups physiques, lorsque leurs agresseurs ont lancé leur chien après leur fils asthmatique.

En tout, Carole et sa famille ont déposé pas moins de 37 plaintes : « si je devais déposer des plaintes comme il faut, j’en déposerais tous les jours ». Quatre ans, 37 plaintes, et un procès seulement aujourd’hui ? Carole « accuse clairement la police et la Justice » de Grasse. Le procureur d’avoir fait traîner les procédures, la police d’avoir parfois légitimé le discours des agresseurs : « si c’est si difficile que ça, pourquoi ne pas retourner d’où vous venez ? ». Des policiers racistes ? Rigoureusement impossible à en croire les soutiens du gouvernement et de l’extrême droite. Et pourtant…

Et pourtant, malgré les plaintes, toutes appuyées par de solides preuves, un homme a pu s’introduire chez Carole, cassant au passage son doigt. Il a été condamné en première instance (pour le doigt cassé, pas pour la violation de domicile !)…mais la décision a été annulée en appel, « soi-disant parce que le policier n’avait pas bien fait son rapport ».

Pour aller plus loin : Milice d’extrême droite à Rennes, présence du « Jarl » : que fait Retailleau ?

Face au racisme, une mobilisation populaire se prépare le 22 mars

La détermination de Carole force l’admiration : « Je ne lâcherai rien ! » dit-elle sans trembler. Une bouffée d’air frais dans cette atmosphère médiatique viciée, où le racisme est banalisé, excusé, légitimé. Sur les chaînes des milliardaires, et de plus en plus sur le service public malheureusement, on sert la soupe à l’extrême droite qui hurle au grand remplacement dès qu’un malheureux se fait agresser et que l’agresseur a le mauvais goût d’être racisé.

Pourtant, on n’entendra pas un mot chez Praud ou Hanouna de la persécution que Carole et les siens vivent chaque jour : une personne noire dans ce pays, doit fournir « 10 fois plus d’efforts » que les autres pour montrer qu’elle est intégrée, assène-t-elle.

Fort heureusement, si le petit monde médiatique a adopté, dans le meilleur des cas, un racisme « bon teint » et bien élevé (« républicain » même, quand il s’agit d’être islamophobe), le reste du pays n’a pas sombré avec eux. Les deux manifestations de soutien à Carole et sa famille en sont la preuve.

La présence de Raphaël Arnault rappelle combien LFI se trouve toujours aux côtés des victimes du racisme. Et cette affaire fait comprendre que les manifestations antiracistes et antifascistes du 22 mars doivent être un déferlement partout dans le pays. Après le succès du 8 mars, voilà une mobilisation à suivre de près.

Par Alexis Poyard

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