L’UNRWA interdite d’exercer ses activités à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ? Voilà ce qui se profile suite à deux lois votées au Parlement israélien, la Knesset, fin octobre 2024. La première interdit aux autorités israéliennes tout contact avec l’UNRWA (indispensable pour que l’agence opère en toute légalité), la seconde empêche toute action de l’agence de l’ONU en Israël, y compris à Jérusalem-Est. Les lois votées par la Knesset devaient s’appliquer 90 jours après leur vote. Nous y sommes.
L’agence de l’ONU est de facto menacée de disparaître. « Cet ordre est en contradiction avec les obligations du droit international des États membres de l’ONU, y compris l’État d’Israël, qui est lié par la Convention générale sur les privilèges et immunités des Nations Unies », dénonce l’agence onusienne dans un communiqué.
Nous vous l’avions déjà évoqué dans nos colonnes : sans l’UNRWA, la situation des Palestiniens serait bien plus dramatique que ce qu’elle n’est déjà. L’agence de l’ONU « gère des abris pour plus d’un million de personnes et fournit de la nourriture et des soins de santé primaires, même au plus fort des hostilités », selon Philippe Lazzarini, son chef. Dans la continuité du génocide perpétré à Gaza, Netanyahu veut démanteler une agence de l’ONU indispensable à la survie des Palestiniens et à la stabilité du Proche-Orient. Notre brève.
L’UNRWA, une agence de l’ONU indispensable, qu’Israël a dans le collimateur depuis longtemps
Netanyahu veut « se débarrasser d’un témoin gênant à la fois à Gaza et en Cisjordanie », alerte Johann Soufi, avocat international et ex-directeur du bureau juridique de l’UNRWA à Gaza. Parce que l’UNRWA est au plus près des Palestiniens depuis des années, elle est un témoin des horreurs commises par le régime de Netanyahu et symbolise un droit international dont Israël ne veut pas entendre parler.
Fin janvier 2024, Benyamin Netanyahu et ses alliés accusaient l’UNRWA d’avoir, parmi ses 30 000 personnels, 12 personnes qui auraient participé aux attaques du 7 octobre. Cela a déclenché des condamnations en cascade et surtout des suspensions de financement d’une dizaine d’États occidentaux, complices. Sans même attendre le résultat de l’enquête interne de l’ONU immédiatement diligentée, l’agence de l’ONU a suspendu les personnels concernés.
Après les accusations portées par Israël, l’ancienne ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a été chargée d’écrire un rapport sur l’agence onusienne. Sa conclusion ? Benyamin Netanyahu et ses alliés ont été incapables de fournir des preuves de leurs accusations. « Ce rapport attestait […] que ses mécanismes de neutralité étaient « plus développés que d’autres entités similaires des Nations Unies ou des ONG » », précise Mathilde Panot dans une lettre envoyée au chef de l’État.
N’ayant pas réussi à faire disparaître l’UNRWA de cette manière, le gouvernement de Netanyahu s’emploie désormais à l’empêcher à mener ses activités, pour in fine, la faire disparaître pour de bon. Ce, en empêchant tout contact entre les autorités israéliennes et l’agence, pourtant indispensable pour que l’agence puisse mener ses activités légalement, et en empêchant à l’UNRWA de mener ses activités en Israël.
Pour aller plus loin : Gaza : Israël est incapable de fournir une preuve contre l’UNRWA

De la nécessaire protection de l’UNRWA pour protéger les Palestiniens et la paix au Proche-Orient
L’agence de l’ONU « gère des abris pour plus d’un million de personnes et fournit de la nourriture et des soins de santé primaires, même au plus fort des hostilités », selon Philippe Lazzarini, son directeur. Elle scolarise environ 550 000 filles et garçons dans leurs 700 écoles, offrent des formations professionnelles ou assure l’évacuation des déchets et l’assainissement en eau. Au total, 2,3 millions de personnes dépendent de l’agence de l’ONU à Gaza.
Le rapport Colonna était clair à ce sujet : « en l’absence de solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’UNRWA reste essentiel dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, Syrie et Cisjordanie ». Aucune structure des Nations Unies ne pourrait reprendre le flambeau, laissant les Palestiniens livrés à eux-mêmes.
Forte de sa rencontre avec des représentants de l’UNRWA, Mathilde Panot a adressé une lettre à Emmanuel Macron, soulignant combien « l’honneur de notre pays et sa responsabilité historique sont de se tenir indéfectiblement à ses côtés ». Par là même, Mathilde Panot demande à ce que la France convoque d’urgence une réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Si le chef de l’État n’a pas répondu au courrier de Mathilde Panot, le Conseil de Sécurité tient bien une réunion sur la situation de l’agence onusienne ce mardi, à la demande de l’Algérie. La présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale demande à ce que la France s’engage « à maintenir ses financements à toutes les missions de l’UNRWA au service du peuple palestinien ».
