Elon Musk. La direction de FranceInfo qui cède à la pression d’une députée macroniste soutien du génocide, salut nazi d’Elon Musk et soutien des milliardaires à Donald Trump, stade ultime de la bollorisation de Cyril Hanouna… Ce sont tout autant de séquences médiatiques ayant marqué la semaine, et bien d’autres, que l’Insoumission vous décrypte dans sa revue de presse hebdomadaire de critique de l’officialité médiatique.
Des médias de Bolloré aux journaux de Bernard Arnault, de BFM TV aux plateaux de Martin Bouygues, chaque jour est une occasion supplémentaire pour constater la partialité des médias dominants et leur acharnement contre la France insoumise.
Indignations sélectives, censure, criminalisation des voix de la paix, choix partiaux des invités et sujets traités, désinformation, invectives constantes envers le mouvement insoumis… Telle est la réalité du journalisme de cour et d’éditorialistes d’extrême droite prêts à tout pour imposer leur agenda idéologique et conserver une place au chaud. Notre revue de presse.
FranceInfo cède à la pression d’une députée macroniste soutien du génocide
Ce 25 janvier, FranceInfo a annoncé suspendre de ses fonctions l’un de ses salariés pour « une erreur inadmissible concernant la situation au Proche-Orient ». Cette « erreur inadmissible » a été la diffusion d’un bandeau évoquant la libération de « 200 otages palestiniens » dans le cadre du cessez le feu au Proche-Orient, qu’Israël est déjà en train de violer, notamment en poursuivant ses meurtres au Liban.

Immédiatement après la diffusion de ce bandeau, la députée macroniste Caroline Yadan, l’une des porte-voix les plus abjectes de Benjamin Netanyahu et du génocide en France, s’empressait, sur les réseaux sociaux, de faire pression sur FranceInfo pour exiger une sanction du responsable de la diffusion de ce bandeau.
Ni une ni deux, la directrice de communication de FranceTélévision, Muriel Attal, s’exécute. Or, détail important s’il en est, Muriel Attal avait montré à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux sa familiarité avec Caroline Yadan, ainsi que son soutien aux pro-génocide du Printemps Républicain.
Quelques minutes après que FranceInfo ait annoncé la suspension de son salarié, elle réagissait à la demande de Caroline Yadan par le message suivant, assorti d’un émoticône en forme de cœur : « On a immédiatement réagi Caroline. La direction de l’info et ftv ont été des lucky luke 🙂 ». La rédaction de FranceInfo a elle aussi dénoncé ce bandeau.

Plus encore que la connivence de la direction de FranceInfo avec les soutiens du génocide et que la tentative d’ingérence d’une députée dans le traitement de l’information par le service public, cet épisode est une nouvelle manifestation du cadrage médiatique lourdement biaisé du génocide à Gaza.
Alors que la presse internationale parle elle aussi des « otages palestiniens », la distinction opérée par FranceTélévisions et les autres médias dominants entre « otages israéliens » et « prisonniers palestiniens » est une distinction politique visant à minimiser le calvaire subi par celles et ceux détenus dans les prisons d’Israël.
Une immense partie des détenus palestiniens ont été incarcérés de force, sans jugement, détenus illégalement au regard du Droit international, sans accès à l’aide humanitaire, sont soumis à des traitements inhumains, à des humiliations, à la torture. Ce sont bel et bien des otages.
Salut nazi d’Elon Musk : nouvelle séquence de complicité des médias avec l’internationale réactionnaire
Ce 20 janvier avait lieu à Washington la cérémonie d’investiture de Donald Trump comme Président des États-Unis. À cette occasion, le milliardaire d’extrême-droite Elon Musk, propriétaire de Twitter et membre du gouvernement de Donald Trump, était invité à prononcer un discours. Totalement désinhibé, il a montré le vrai visage de l’extrême-droite en y effectuant un salut nazi, à deux reprises.

Alors que sur les plateaux de télévision dominants, de BFMTV à C8, on tente de minimiser le geste – tantôt « geste polémique », tantôt « geste soumis à interprétation » – M6 a dû aller consulter un historien spécialiste du nazisme pour constater qu’un salut nazi est bien un salut nazi.
Pour aller plus loin :

L’Insoumission consacrera cette semaine un article au sujet de l’ingérence des milliardaires d’extrême droite en France et aux États-Unis par le biais de leurs médias. De son côté, le groupe parlementaire de la France insoumise à l’Assemblée nationale a déposé ce 20 janvier une demande de commission d’enquête sur les ingérences politiques des géants du numérique.
Il est en effet possible d’utiliser les moyens parlementaires et de légiférer pour protéger les citoyens d’algorithmes biaisés et d’ingérences étrangères. La commission d’enquête sur l’organisation des élections lancée par la France insoumise en est un autre vecteur.
En revanche, quitter individuellement un réseau social comme Twitter, tout instrument politique de l’extrême droite qu’il soit, constituerait un danger. Twitter compte 15 millions d’utilisateurs en France, et le quitter reviendrait à prendre le risque de laisser dans les bras de l’extrême droite et de ses algorithmes celles et ceux, encore nombreuses et nombreux, qui n’y ont pas sombré.

Facebook et Instagram masquent les résultats des recherches sur l’opposition à Donald Trump
Elon Musk n’était pas le seul milliardaire présent au meeting de Donald Trump, symbole chimiquement pur de l’alliance historique entre l’extrême droite et le grand capital. À leurs côtés se trouvaient aussi Bernard Arnault, Jeff Bezos et un certain Mark Zuckerberg, notamment propriétaire de Facebook et Instagram, réunis sous l’appellation Meta.
Alors que ces derniers mois ont été l’occasion pour Zuckerberg de se rapprocher de Donald Trump – saluant son élection, faisant des dons à la fondation Trump, lui rendant visite à son domicile de Floride –, les utilisateurs de ses réseaux sociaux ont pu constater la semaine dernière que la visibilité des hashtags #Democracts et #TheLeft a été limitée ou complètement empêchée. Concrètement, les utilisateurs se voyaient afficher un message affirmant que les résultats à ces recherches étaient soit « introuvables » soit « cachés ».
Il y a un mois, la BBC révélait déjà que Facebook et Instagram avaient limité la visibilité des internautes et médias palestiniens. Alors que l’audience est supposée augmenter en contexte de conflit, l’enquête montrait par exemple que l’engagement moyen de l’audience Facebook avec les médias d’information palestiniens avait diminué de 77 % après le 7 octobre 2023. Dans le même temps, l’engagement moyen de l’audience Facebook avec les médias d’information israéliens avait quant à lui augmenté de près de 37 %.
Pour aller plus loin : Comment la crise de l’abordabilité a profité à Trump

Quand des militants insoumis rappellent son antisémitisme à un journaliste d’extrême droite venu perturber un meeting de LFI
Ce 23 janvier, un « journaliste » du média d’extrême droite Frontières (ancien Livre Noir) est venu tenter de perturber un meeting de Louis Boyard et de la France insoumise dans le cadre de l’élection municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges. Rapidement, celui qui s’était créé un pass sanitaire au nom d’Adolf Hitler a dû fuir après avoir été confronté par des militants insoumis l’ayant rappelé à son antisémitisme.

L’audition grotesque du candidat de Yaël Braun-Pivet pour intégrer le collège de l’ARCOM
Ce 22 janvier, la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale auditionnait le candidat choisi par la Présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet pour intégrer le collège de l’ARCOM, autorité de régulation du paysage audiovisuel français. À cette occasion le député Aymeric Caron a interrogé l’auditionné sur ses ambitions et opinions quant à l’indépendance de l’ARCOM et à sa perception du traitement médiatique du génocide à Gaza.
Entre bordélisation de la Commission par l’extrême droite et les macronistes et absence de contradiction, le candidat de Yaël Braun-Pivet s’est noyé dans ses éléments de langage, laissant craindre que se poursuive le manque d’indépendance de l’ARCOM tel qu’exprimé par l’une de ses anciennes membres en 2023, et que perdure sa clémence pour l’extrême droite et les soutiens du génocide à Gaza.

Quand un « journaliste » demande au député LFI David Guiraud s’il s’est converti à l’Islam
Ce 22 janvier, le député de la France insoumise David Guiraud était interrogé par un journaliste lui demandant s’il s’était « converti à l’islam ». Une telle question n’a rien à faire dans la bouche d’un journaliste s’adressant à un responsable politique, et témoigne de l’obsession des médias, désireux de stigmatisation, pour des questions religieuses desquelles l’espace public est aujourd’hui saturé. Pour certains journalistes, militer pour la paix et contre le génocide à Gaza est synonyme de conversion à l’Islam. Il s’agit simplement d’un devoir d’humanité.

Entre 2020 et 2022, l’utilisation du terme « OQTF » à la télévision a augmenté de 2 500 %
Ce 23 janvier, sur France 2, l’émission « Complément d’Enquête » consacrée au sujet des Obligations de Quitter le Territoire Français – OQTF, décision administrative d’éloignement de personnes en situation irrégulière ou à qui un titre de séjour a été refusé, une OQTF n’est donc pas une décision de justice – mettait une nouvelle fois en lumière le rôle des médias dans la progression de l’extrême droite et de ses idées.
On y apprend qu’alors que l’acronyme « OQTF » était utilisé 213 fois à la télévision en 2020, il l’a été 5 598 fois en 2022, essentiellement par CNEWS, soit une augmentation de plus de 2 500 %.
Or, ne mentionner des actes de délinquance que lorsqu’ils permettent d’incriminer des individus à raison de leur nationalité (comme c’est le cas de la majorité des médias bourgeois) distord la perception de la réalité, renforce l’idée d’un lien entre immigration et insécurité, et met en danger des millions de personnes. En 2023 pourtant, le CEPII, centre d’étude dépendant de Matignon, expliquait clairement que « les études concluent unanimement à l’absence d’impact de l’immigration sur la délinquance ».

Hanouna 2016 vs. Hanouna 2024 : symbole de la « bollorisation » des esprits
La banalisation des idées d’extrême droite dans les médias n’est plus à prouver. En particulier, les plateaux de télévision sont aujourd’hui le principal moyen d’imposition de l’agenda idéologique de milliardaires d’extrême droite. Et à ce petit jeu-là, Vincent Bolloré est sans doute le plus « en avance ».
Mais il n’en a pas été toujours ainsi, son influence est sans doute aujourd’hui plus importante qu’elle ne l’a jamais été, et celui qui le démontre le mieux n’est autre que son animateur star et bouffon personnel, Cyril Hanouna. Depuis le 9 novembre 2024 déjà, date de l’élection de Donald Trump, Hanouna et ses laquais crient sur tous les toits leur satisfaction de le voir retrouver la maison blanche.
Ce 20 janvier, Hanouna a animé une émission spéciale consacrée à l’investiture de Donald Trump, interviewant en duplex l’extrême droite française présente à Washington, habillé à la manière du président Républicain. En 2016 pourtant, à l’occasion de sa première élection, Hanouna réalisait un happening dénonçant le racisme, la misogynie, et l’homophobie de Donald Trump.
Aujourd’hui, Trump n’est pas plus raciste, misogyne et homophobe qu’il ne l’était hier. L’esprit d’Hanouna, comme celui de nombreux éditorialistes, s’est simplement « bollorisé ».

Par Eliot