Hier, un cessez-le-feu à Gaza a été prononcé entre le Hamas et Israël. Comment ne pas exprimer un soupir de soulagement ? Depuis 15 mois, plusieurs fois, les bombes du génocide auraient pu s’arrêter de tomber. Aujourd’hui, l’espoir que les combats s’arrêtent à Gaza n’a jamais été aussi proche. À l’annonce du cessez-le-feu, des scènes de liesse ont eu lieu. Ici et là, les Palestiniens expriment leur joie immense. Les drapeaux sont agités, des chants entonnés en chœur, le V de la victoire brandi, beaucoup pleurent de joie. Néanmoins, la vigilance doit aujourd’hui primer. Pour l’instant, il n’est question que d’une seule partie sur trois de l’accord qui est signée.
Celle-ci concerne pour l’instant la fin des combats à Gaza et l’échange des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Le cessez-le-feu devrait commencer ce dimanche. Les deuxième et troisième parties de l’accord, concernant respectivement un cessez-le-feu permanent et le début de la reconstruction de Gaza, ne sont pas encore signées. Vigilance. Interrogé sur France Inter, Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël à Paris (2000-2002), s’inquiète du double discours de Netanyahu : « Ce qu’il vend à sa base et à ses partenaires d’extrême droite au sein de la coalition, c’est que la guerre va recommencer aussi dévastatrice qu’avant, entre les deux. Et qu’il n’y aura jamais de deuxième phase [du cessez-le-feu ] ».
Ce matin, Israël a accusé le Hamas de reculer sur l’accord annoncé la veille. Des affirmations sans « aucun fondement », a répliqué le Hamas, accusant Israël de créer « des tensions de toutes pièces à un moment crucial ». Depuis la signature de l’accord mercredi soir, les raids de l’armée génocidaire se sont intensifiés, massacrant 73 civils palestiniens. Ainsi, il est encore difficile de se réjouir d’un tel accord, tant sa mise en application est fragile et sa signature complète incertaine. L’espoir est permis, mais tellement de temps de perdu. Plus de 225 000 tués de façon directe ou indirecte par Netanyahu, des vies brisées, meurtries, d’un peuple laissé seul face à une armée génocidaire. Notre article.
Cessez-le-feu à Gaza : la fin des pluies de bombes n’a jamais été aussi proche, l’espoir est permis
Parce qu’un cessez-le-feu à Gaza n’a jamais été aussi proche, l’espoir est, cette fois, permis. En témoignent les scènes de joie collective à Gaza observées sur les réseaux sociaux. Quelle autre réaction possible que celle-ci, après 15 mois de bombardements, de destructions cauchemardesques, d’un génocide dénoncé par de nombreuses ONG et institutions internationales ? « Je n’arrive presque pas à y croire. La guerre est finie, ma maison est toujours debout et demain, je quitte ma tente pour retourner chez moi. C’est un rêve devenu réalité », affirme Nada Faiz auprès de L’Orient Le Jour, depuis Rafah.
Selon plusieurs médias égyptiens, une coordination est en cours pour « ouvrir le passage palestinien de Rafah afin de permettre l’entrée de l’aide internationale ». Toujours selon L’Orient Le Jour, l’Égypte « se prépare à acheminer la plus grande quantité possible d’aide vers la bande de Gaza ».
Pour rappel, Israël fait tout depuis des mois pour que le moins d’aide humanitaire ne rentre à Gaza. Selon l’ONG Care, en août 2024, 69 camions par jour en moyenne sont entrés à Gaza, contre 500 par jour en 2023. C’était déjà insuffisant pour répondre aux besoins de la population. Le constat de l’ONG Care est édifiant : « 83 % de l’aide alimentaire indispensable pour la survie des populations ne sont pas acheminés jusqu’à Gaza, contre 34 % en 2023 ».
Sur les réseaux sociaux, les dirigeants de LFI, qui défendent un cessez-le-feu en Palestine depuis le premier jour, se sont réjouis non sans prudence. « Puisse le cessez-le-feu tenir et la vie des survivants être épargnée désormais », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. « Les massacres s’arrêtent ce soir. Pas le supplice des Palestiniens. Priorité maintenant à l’entrée de l’aide humanitaire pour mettre fin à la famine », selon les mots de Clémence Guetté, vice-présidente de l’Assemblée nationale.
Car si l’accord de cessez-le-feu donne un espoir certain, il nous interroge : pourquoi tant de temps perdu ?

Un accord de cessez-le-feu aurait pu avoir lieu bien plus tôt et son application globale reste incertaine
Depuis 15 mois de génocide, combien d’occasions manquées pour un cessez-le-feu ? Combien de renoncements, de détournements de regards, d’actes complices de l’Occident ? Les différentes mesures étaient connues et réclamées par les nombreux militants de la paix à travers le monde : embargo sur les armes livrées à Israël, fin de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël et reconnaissance de l’État de Palestine. Trois mesures pour tendre vers un cessez-le-feu permanent en Palestine. L’Histoire jugera tous ceux qui auraient pu agir à la hauteur de leurs responsabilités, mais qui ont détourné le regard.
Tout aurait pu être différent, si les velléités génocidaires de Benjamin Netanyahu et de ses alliés n’avaient pas existé. « Le Hamas avait proposé le 9 ou le 10 octobre de libérer tous les otages civils à condition que Tsahal n’entre pas dans la bande de Gaza, proposition qui a été rejetée par le gouvernement », selon Haim Rubinstein, ancien porte-parole des familles des otages israéliens. L’objectif affiché du gouvernement de Netanyahu de libérer les otages était du flan, d’où la pression continue de ces familles dans l’opinion israélienne.
Des alliés de Netanyahu ont aussi tout fait pour empêcher que tout accord de cessez-le-feu soit signé ces derniers mois. Itamar Ben Gvir, ministre d’extrême droite chargé de la sécurité nationale, l’a assumé pleinement sur Twitter : « Au cours de l’année dernière, en utilisant notre pouvoir politique, nous avons réussi à empêcher cet accord d’aller de l’avant, à maintes reprises. » Au prix de dizaines, même centaines de milliers de vies. « Nous sommes contre l’accord et exigeons que Netanyahou s’engage à ce qu’après la première étape de l’accord, la guerre reprenne avec une force accrue. », a déclaré hier le ministre Bezalel Smotrich.
Pour aller plus loin : Qui est Bezalel Smotrich, ce criminel de guerre israélien invité à un « gala » des génocidaires à Paris ?
Devant contenter son extrême droite, maintenir sa coalition gouvernementale et ne pas perdre la face vis-à-vis de population israélienne, en montrant qu’il est toujours maitre des évènements… Voilà de nombreux points qui laissent sceptiques quant à une signature des trois parties de l’accord sur le cessez-le-feu à Gaza par Netanyahu. Un tel accord n’avait pourtant pas encore vu le jour depuis 15 mois de génocide mené à Gaza. Difficile d’affirmer ce qu’il en sera dans les prochains jours. Soulagement, oui, vigilance, surtout, jusqu’à ce qu’installe une paix durable au Proche-Orient. Ce ne sera pas pour tout de suite.
Par Nadim Février
