Gaza froid
Capture d'écran : Blast.

À Gaza, les morts en série de nouveaux-nés

Dans la bande de Gaza, au moins 7 bébés sont morts de froid depuis le 23 décembre en raison du blocage de l’aide alimentaire et du matériel par l’armée de Benjamin Netanyahu. La pluie et le froid glacial ont eu raison d’eux, ces derniers vivant dans des tentes en plastiques, avec peu de nourriture et pas assez de vêtements ou de couvertures pour se réchauffer. « Il a vomi toute la nuit et il a de la fièvre. […] Comment puis-je le réchauffer alors que nous n’avons qu’une couverture ? », témoigne la mère du petit Sanad, âgé d’à peine deux ans, auprès de RFI.

Fin 2024, nous revenions dans nos colonnes sur un rapport accablant, concernant les conséquences du génocide en Palestine sur les enfants. Tandis que 225 000 Palestiniens ont été tués, selon les estimations de la revue The Lancet, les éléments de la nature ont désormais raison des plus jeunes, dans un territoire dévasté, hostile à la vie, où l’espoir a disparu. Notre article.

Comment le froid et la pluie ont eu raison de plusieurs bébés à Gaza

Selon les informations de Blast, Jumaa Al-Batran, âgé 20 jours, né prématuré, est retrouvé mort par ses parents, Yahya et Hanaa Al-Batran, dans leur tente à Deir al-Balah le 29 décembre 2024. Les images dans le reportage de Blast sont insoutenables. Dès les premières secondes, le père de Jumaa porte à bout de bras son enfant et laisse exploser sa colère.

Dans ses yeux se lisent la rage et une tristesse infinie : « Si quelqu’un avait été là pour aider, si quelqu’un m’avait cherché, serait-il mort ? Si quelqu’un m’avait donné de quoi le réchauffer, serait-il mort ? S’il n’y avait eu de tirs, serait-il mort ? » Autour de lui, d’autres Palestiniens, sûrement des membres de sa famille, essaient de le consoler. Sur les images, beaucoup restent de marbre, impuissants face à l’horreur qu’ils ont sous les yeux.

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https://x.com/blast_france/status/1874450732222464422

Depuis le 23 décembre, au moins 7 bébés sont morts de froid à Gaza. Âgée de 20 jours, Aïcha al-Qassas est morte de froid à al-Mawassi, selon sa famille. « À Gaza, tout mène à la mort, déplore Mohamed al-Qassas, son oncle, à RFICeux qui ne meurent pas sous les bombardements israéliens succombent à la faim ou au froid. »

Températures qui ont chuté, manque de nourriture, de médicaments, pluies qui inondent les tentes des déplacés, pas assez de vêtements ou de couvertures pour se réchauffer… Des enfants meurent du froid, mais surtout de l’incapacité qu’ils ont à y survivre, tant il manque de choses sur place. Un médecin témoigne pour Blast : « L’hiver est très froid. Nous avons eu des cas où des enfants arrivent avec une hypothermie. Mais certains sont arrivés trop tard et sont déjà morts, parce qu’il n’y a pas de vêtements, pas de vêtements d’hiver, pas de couvertures. Rien ne peut protéger ces enfants, ces bébés, des intempéries ! »

Plus de 225 000 tués à Gaza, les enfants en première ligne de l’horreur

En juillet 2024, la revue médicale mondialement connue, The Lancet, estimait à 186 000 le nombre de Palestiniens tués depuis plus d’un an. « Dans les conflits récents, ces décès indirects sont de trois à quinze fois plus nombreux que les décès directs », explique The Lancet. En décembre 2024, partant du bilan de 45 000 décès signalés, sachant que les bombardements continuent et que l’aide humanitaire arrive très difficilement sur place, il est vraisemblable d’estimer à 225 000 le nombre de Palestiniens tués par le génocide mené par Netanyahu et ses alliés.

Pour aller plus loin : « Gaza est l’un des endroits les plus horribles au monde pour les enfants » – Ce rapport accablant sur les conséquences du génocide

Fin 2024, nous étions revenus dans nos colonnes sur les conséquences du génocide en Palestine sur les enfants. Une étude, réalisée par une ONG basée à Gaza sur plus de 500 enfants, sponsorisée l’association caritative War Child Alliance révélait les chiffres suivants : 96 % des enfants de Gaza pensent que leur mort est imminente, 87 % affichent une peur intense, 73 % des enfants présentent des symptômes d’agressivité, 49 % souhaitent mourir. Dans cette horreur, dont personne ne peut dire le jour où elle se terminera, les enfants sont en première ligne. Après les bombes et la faim, le froid et la pluie s’en prennent à eux ainsi qu’à leurs familles, sur un territoire dévasté.

Par Nadim Février