C’était attendu. Depuis ce matin, les députés macronistes, aidés par ceux des Républicains, font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher le vote sur la proposition de loi de la France insoumise visant à abroger la retraite à 64 ans. Un grand rassemblement est prévu à 19 heures aux Invalides pour dénoncer cette stratégie d’obstruction pour que le texte soit enfin débattu et voté.
Pour rappel, la niche parlementaire de la France insoumise, débutée ce matin à 9 heures, se clôturera ce soir à minuit. Si, avant minuit pile, les débats sur le texte ne sont pas terminés, alors l’Assemblée nationale n’aura pas l’occasion de voter sur le texte, comme elle n’a pas eu l’occasion de le faire en 2023, la réforme des retraites ayant été adoptée par 49.3.
Or, comme les macronistes savent que leur réforme inique et cruelle serait abrogée en cas de vote, ils jouent la montre et essaient de faire durer les débats autant qu’ils le peuvent. Aidés du gouvernement, – une première sous la Vᵉ République – ils usent des procédés les plus cyniques pour éviter la défaite. Florilège des manœuvres des macronistes pour saboter la démocratie. Notre article.
Des amendements ridicules en cascade
Nous vous en parlons depuis plusieurs jours, les députés macronistes et des Républicains ont déposé près de 1 000 amendements destinés à faire durer les débats. Parmi les députés responsables de cette grossière tentative d’obstruction de la seule journée dont disposent les groupes d’opposition pour défendre leurs propositions de loi chaque année, on retrouve l’ex-ministre de l’Agriculture Marc Fesneau qui a déposé 73 amendements, l’ancienne porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot qui en a déposé 12, le député Pierre Cazeneuve 28, et le député Modem Nicolas Turquois, dépositaire de pas moins de 85 amendements inutiles.
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Mais outre le nombre, le contenu des amendements témoigne de tout le cynisme auquel s’emploient les macronistes et leurs alliés pour empêcher que ne soient rendus aux travailleuses et travailleurs les deux ans de vie qui leur ont été volés sans que leurs représentants ne puissent s’exprimer. On retrouve ainsi plusieurs dizaines d’amendements rédactionnels visant à reformuler le nom de la proposition de loi insoumise de manière ridicule, mais qui permettent surtout aux macronistes de monopoliser le temps de parole pendant plusieurs minutes pour faire tourner l’horloge.
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Pour la première fois sous la Vᵉ République, le gouvernement tente de saboter une niche parlementaire
Mais les députés macronistes ne sont pas les seuls à obstruer le débat. Le gouvernement minoritaire de Michel Barnier se joint lui aussi à l’obstruction. Les ministres disposent en effet d’un temps de parole illimité dans le cadre de la discussion sur la proposition de loi d’abrogation de la retraite à 64 ans. Alors, ils parlent pendant plusieurs dizaines de minutes, se répétant les uns les autres pour ne rien dire, avec pour seul objectif d’empêcher un vote sur lequel ils savent minoritaires.
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Comme nous vous en parlions ce matin, le sabotage d’une niche parlementaire d’opposition par le gouvernement est une première dans l’histoire de la Vᵉ République. Par exemple le ministre du Budget Laurent Saint-Martin s’est fendu d’un discours fleuve de plus d’une heure pour faire tourner l’horloge.
Débat autour de sujets n’ayant rien à voir avec les retraites pour provoquer des incidents
Dans le cadre de leurs prises de parole inutiles, députés et ministres macronistes se permettent aussi d’évoquer des sujets n’ayant rien à voir avec la réforme des retraites. Dès les premières minutes de débat ce matin, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a parlé de la proposition de loi de la France insoumise visant à transférer du Code pénal au droit de la presse le délit d’apologie du terrorisme, en lien notamment avec les recommandations de l’ONU. L’objectif ? Pousser des députés à protester contre de telles manœuvres, espérer des incidents et des suspensions de séance.
Dans leur stratégie de blocage, les députés macronistes vont jusqu’à instrumentaliser les victimes de terrorisme pour déposer des amendements bidons. « Un naufrage moral infect », a cinglé Manuel Bompard.
Demande quasi-systématique de scrutins publics
À l’Assemblée nationale, la procédure normale de vote est celle du vote à main levée. Lorsque les députés ont voté, le ou la Président/Présidente de séance constate le vote et annonce le résultat. Une telle disposition permet d’accélérer et de fluidifier le travail parlementaire. Mais il est aussi possible aux groupes parlementaires de demander un scrutin public, lequel implique un vote électronique, et surtout, plus de temps. Depuis ce matin, les demandes de scrutin public des groupes parlementaires macronistes se multiplient.
Des suspensions de séance infondées
Depuis ce matin, les suspensions de séance se multiplient sur demande du camp macroniste. Elles se basent sur des raisons toutes plus infondées les unes que les autres, notamment lorsque des députés insoumis ont le malheur de rappeler que les scrutins publics seront mis en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, et que ceux qui ont participé à l’obstruction pourront avoir à rendre des comptes aux électeurs.
Multiplication des rappels au règlement
Outre les suspensions de séance de plusieurs dizaines de minutes à répétition, les députés macronistes multiplient aussi les rappels au règlement sur la base des motifs les plus vagues et fallacieux afin, une fois de plus, d’empêcher leur défaite. Ces mêmes députés ne sont d’ailleurs jamais là le reste du temps, mais se mobilisent aujourd’hui pour empêcher la démocratie de s’exprimer.
Des interventions hallucinantes et provocatrices pour déclencher des incidents
Depuis ce matin, les macronistes, aidés par leurs alliés des Républicains, multiplient aussi les interventions les plus hallucinantes, violentes et provocatrices, pour espérer des incidents et continuer de faire tourner l’horloge. Certains se permettent ainsi d’accuser la France insoumise de « stalinisme » alors qu’ils conduisent une obstruction autoritaire indigne de n’importe quelle démocratie. D’autres, à l’image d’une députée Les Républicains et d’une députée macroniste, s’enfoncent dans la violence de classe et se moquent ouvertement des milliers de travailleuses et travailleurs précaires morts avant même d’avoir atteint l’âge de 60 ans.
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De fait, l’obstruction macroniste n’est pas tant une obstruction à la France insoumise qu’une insulte à la démocratie et aux Français eux-mêmes. Par ces manœuvres dilatoires, le gouvernement et ses députés s’en prennent à la seule journée par an dont les groupes d’opposition disposent à l’Assemblée nationale pour y proposer leurs lois. Plus largement, cette obstruction parlementaire et gouvernementale est un coup de force contre la volonté souveraine des Françaises et des Français dont 71 % sont encore opposés à la retraite à 64 ans, une proportion qui monte à 93 % concernant les actifs.
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Résultat de ces manœuvres ? À 18 heures, 49 amendements sur 997 avaient été examinés. À ce rythme, il devient de plus en plus difficile d’envisager le vote du texte. L’obstruction macroniste est une honte et aura, une fois encore, les pires conséquences sur les plus précaires des Françaises et des Français. La France insoumise invite à un rassemblement ce soir à 19 heures aux Invalides pour que le vote de l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans ait lieu.
Par Eliot
