Ce samedi 9 novembre, le député RN de Salon-de-Provence, Romain Tonussi, inaugurait son local en début de soirée. Sont entre autres présents les députés d’extrême droite Romain Baubry et le ciottiste Olivier Fayssat, ainsi que quelques dizaines de militants du parti de Bardella, le tout encadré par le DPS, le service d’ordre (SO) du parti. Juste à côté, une vingtaine de manifestants, dont plusieurs insoumis, mènent une protestation pacifique anti-RN, dénonçant entre autres la collusion de l’extrême droite avec les macronistes.
Une manifestation pas du tout du goût des militants et du service d’ordre du Rassemblement national. Très vite la tension monte, et les manifestants reçoivent vite des insultes, puis des menaces, et enfin des coups. Parmi les militants de gauche molestés et insultés de « saloperies », l’ancien candidat LFI-NFP, Alexandre Beddock a été frappé au visage et menacé de mort par le suppléant de Romain Tonussi, devant plusieurs témoins. Notre article.
Un député RN qui sait s’entourer
Romain Tonussi fait partie de ces nouveaux députés lepénistes élus en juillet dernier. S’il n’est pour le moment pas connu pour son activité politique, son entourage proche a déjà défrayé la chronique plusieurs fois. Dernier fait en date, les révélations de Streetpress concernant son attaché parlementaire, Ralph Atrach. Celui-ci est un militant connu de l’Action Française (AF), vieille organisation royaliste, réactionnaire, antisémite.
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Ce n’est pas le premier scandale raciste qui éclabousse l’entourage de Tonussi. Son propre suppléant, conseiller municipal de Salon-de-Provence, Daniel Captier, a déjà été épinglé pour ses propos racistes, empreints de suprémacisme blanc et d’islamophobie. Ce qui n’empêche pas Tonussi de laisser Captier prendre la pose avec lui et deux autres députés à l’inauguration de sa permanence parlementaire.
Cependant Captier a été bien plus actif pendant cette soirée. Sur les images fournies par les manifestants, on le voit clairement s’en prendre aux manifestants pacifiques. L’insoumis Alexandre Beddock a même été menacé de mort par Captier en ces termes : « Alexandre, t’es mort ! ». Des images le montrent aussi en train d’insulter les manifestants de « Saloperies ».
La militante qui filme ces images, Mathilde, est ensuite frappée au bras par un membre du service d’ordre du parti de Marine Le Pen. Son téléphone chute par terre, et Mathilde raconte comment trois membres du DPS l’immobilisent pour l’empêcher de le ramasser.
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Un événement sous haute sécurité
Il faut dire que le dispositif mis en place par le RN est conséquent. D’après les témoins sur place, les rues donnant sur le local rue Jourdan sont toutes bloquées par des barrières et des membres du DPS… sauf une ruelle, par laquelle arrivent les manifestants. L’action anti-RN se déroule pacifiquement jusqu’à ce que les membres du DPS poussent violemment les manifestants. Sur ces mêmes images, alors que le service d’ordre du parti d’extrême droite pousse les manifestants, d’autres membres du DPS agrippent brusquement Alexandre Beddock.
Ces derniers sont ensuite repoussés jusqu’à la rue Kennedy voisine, non sans essuyer des coups et des menaces. Outre les insultes et menace proférées par le suppléant de Tonussi, les images que nous nous sommes procurées montrent l’ancien candidat LFI-NFP frappé au visage par un sympathisant lepéniste qui n’est pas membre du DPS.
Derrière, le député Tonussi tente hypocritement de calmer les troupes qu’il a lui même recruté, mais rien n’y fait, le DPS s’en prend violemment aux manifestants pacifiques. L’un d’eux, Thibauld, qui a aussi filmé la scène, est pris à partie, « chargé » selon ses termes, par 3 membres du DPS, puis frappé. Encore aujourd’hui, il ressent une douleur à la main. Comme Alexandre Beddock, il va déposer plainte.
Cette violence dans un événement « officiel », tranche avec les élus en écharpe tricolore et les militants bien peignés. La brutalité du service d’ordre signifie deux choses : le RN laisse faire ses troupes de nazillons et les agressions du DPS résultent d’ordres politiques du parti. Toujours est-il qu’aujourd’hui les manifestants de samedi dernier sont inquiets de la tournure des événements, certains ayant peur de sortir dans la ville. Néanmoins, ils nous l’assurent, cette peur ne leur enlèvera jamais le courage de faire face aux petits nazillons.
Par Alexis Poyard