Qui est Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale ? Avocat et homme politique israélien, il croit en la suprématie de la loi divine et en celle du peuple juif sur les autres peuples. Force motrice de la droite et de l’extrême droite israélienne, « son suprémacisme juif est au cœur de la droite aujourd’hui, non plus aux franges. Il traverse le Likoud de Netanyahu, dont l’idéologie s’émousse », juge le philosophe de gauche Assaf Sharon.
Itamar Ben Gvir a été inculpé plus de 50 fois dans sa jeunesse pour incitation à la violence ou pour des discours de haine. En 2007, il est condamné pour soutien à un groupe terroriste et incitation au racisme. Principal allié et ministre de Netanyahu, il était temps pour l’insoumission de dresser son portrait. Notre article.
Itamar Ben Gvir, plus radical que Netanyahu ?
Ben Gvir est dans le gouvernement de Benjamin Netanyahu par une alliance électorale. En effet, après un an et demi dans l’opposition, Netanyahu élargit son parti à d’autres partis d’extrême droite religieux comme Force Juive, le parti de Ben Gvir. Cette coalition exerce des politiques très autoritaires de contrôle. Elle veut notamment modifier le statut du juge ou encore prendre le contrôle sur la Cour suprême.
Cependant, Ben Gvir est issu d’un parti radical Kach, qui était un temps interdit par l’État d’Israël et qui a été classé comme organisation terroriste. Il en est devenu rapidement le porte-parole car ses fondateurs étaient en prison. Leur parti est marqué par une volonté de fonder un État juif et prône l’expulsion hors de la terre d’Israël les populations arabes. Pour lui, toute concession territoriale est une trahison. Il lutte donc contre le retrait des troupes israéliennes dans la bande de Gaza et refuse catégoriquement un quelconque cessez-le-feu.
Il avait investi dans un immeubles pour y former de jeunes hommes. L’un d’eux explique dans le reportage d’Arte « Israël, les ministres du chaos » : « j’étais très proche de Ben gvir, c’était comme mon grand frère, j’ai longtemps adhéré à ce discours », mais il a rompu avec cette idéologie et a trouvé refuge en Europe. Cependant, l’arrivée d’Itamar Ben Gvir au gouvernement l’a poussé à prendre la parole pour montrer le danger qu’il représentait. En conclusion du reportage, on comprend que, pour Ben Gvir, il fallait lutter contre tous les arabes d’Israël même israéliens.
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Le parti Kach, un mouvement violent, de drôles d’idoles
Au début de la première Intifada, en décembre 1987, il lui est interdit de se représenter. Son parti, Kach, est banni, puis déclaré groupe terroriste, comme aux États-Unis sa Ligue de défense juive. Ben Gvir, qui a été membre de ce parti, reste admiratif de Baruch Goldstein et a même eu pendant des années un portrait de lui accroché chez lui. Cela montre les aspirations de Ben Gvir et son projet politique. Il enlève ce portrait en 2021 dans le but de redorer son image et de pouvoir alors accéder au Parlement. Il dit se détacher de ces idées même s’il reste en réalité très proche de ces idées.
Un événement qui marque la violence des idées du parti Kach est le 25 février 1994. Baruch Goldstein, un colon israélien d’extrême droite, pénètre dans la mosquée Ibrahimi à Hébron, en Cisjordanie et allume le feu. Il tue alors 29 Palestiniens et en blesse une vingtaine. Goldstein est tué lors de cette action, mais celle-ci est un marqueur de la violence du parti.
Déjà Contre Yitzhak Rabin et un espoir de paix à la fin du 20ᵉ siècle
En 1993, les accords d’Oslo sont signés entre Yasser Arafat chef de l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, ndlr) et Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien) permettent une avancée vers la paix entre les deux États avec notamment la reconnaissance mutuelle de l’État d’Israël et de la Palestine. Il y a alors un climat assez hostile envers le Premier ministre Israélien.
C’est dans ce contexte que Itamar Ben Gvir est remarqué par ses actions alors qu’il n’a que 18 ans. Il participe à « l’incident du Cadillac » où des militants d’extrême droite opposés aux accords d’Oslo ont arraché l’emblème de la Cadillac du Premier ministre Yitzhak Rabin, C’est une action symbolique, car selon lui quand un responsable politique fait une chose aussi grave alors, on peut mener des actions dures envers lui.
« Nous avons eu sa voiture, et nous l’aurons lui aussi », lance-t-il aux caméras. Quelques semaines plus tard, Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste juif, proche du Likoud, le parti de Netanyahu. On pense à cette phrase entendue dans le film « Le dernier jour d’Yitzhak Rabin d’Amos Gitaï », illustrant l’état d’esprit de ces extrémistes juifs : « D’après la Torah, si un juif livre sa patrie à l’ennemi, il faut le tuer. »
Ben Gvir défend corps et âme la recolonisation de Gaza et l’expulsion des Gazaouis
Itamar Ben Gvir est nommé ministre de la Sécurité nationale en décembre 2022. Il incarne très rapidement des positions très radicales marquant une extrémisation du gouvernement. Dès janvier 2023, il se rend sur le mont du Temple à Jérusalem, site emblématique et source de tensions. Cette visite suscite une vive opposition tant en Israël qu’à l’international. Il applique également des mesures politiques répressives comme l’interdiction du drapeau palestinien dans l’espace public et mène une expulsion massive des Bédouins du Néguev, où ils sont privés des services de base.
Mais son autoritarisme se renforce avec l’appel à la création d’une « Garde nationale » et de peines lourdes envers les Palestiniens accusés de terrorisme. Et lors de manifestations contre la réforme judiciaire, il soutient la forte répression avec l’usage notamment de grenades assourdissantes.
En janvier 2023, Ben Gvir appelle à la « recolonisation » du territoire et à l’expulsion des Gazaouis, une position condamnée par le droit international. Il durcit les conditions de détention des prisonniers palestiniens. En témoignent notamment plusieurs ONG présentes sur place. Par exemple, la directrice de l’ONG israélienne Hamoked indique : « Nous n’avons jamais vu un tel niveau d’abus. Les prisonniers ne reçoivent pas assez de nourriture. Parmi ceux que nous avons rencontrés, certains ont perdu 20 kg ».
Une autre ONG Médecins pour les droits humains témoigne du manque de soin et de ressources apportées aux prisonniers. Elle met aussi en avant les nombreux témoignages faisant état des violences et des menaces, y compris des viols que subissent les prisonnières palestiniennes.
Crédits photo : « Jewish Power party’s Itamar Ben-Gvir submitted a bill to give himself greater control over the police chief and investigations », AP, FMT, CC BY 4.0, pas de modifications apportées.