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La COP29, mascarade organisée

COP29. Alors que les effets du changement climatique sont déjà tragiquement visibles, la 29ᵉ Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques aura lieu à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024. Depuis son lancement à Berlin en 1995, cette série de conférences réunit chaque année des centaines de pays autour d’une apparente unité sur les questions environnementales.

Pourtant, derrière cette façade, ce sont les intérêts du système économique et du capitalisme productiviste qui orientent les discussions et manipulent les décisions. Avant même son ouverture, la COP29 est déjà qualifiée de « perte de temps totale » par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a décidé de boycotter l’événement. Notre article.

Un sommet aussi inutile que coûteux

Avant même son ouverture, la COP29 est déjà qualifiée de « perte de temps totale » par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a décidé de boycotter l’événement. Son ministre des Affaires Étrangères, Justin Tkatchenko, déclarait ainsi à l’AFP : « Il ne sert à rien d’y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien ». Il exprime par ces propos le désaveu des États insulaires, qui, bien qu’ils soient parmi les plus vulnérables face aux changements climatiques, n’ont reçu « aucune attention ni reconnaissance » de la part des États parties.

Pour le ministre, il s’agit de dénoncer l’hypocrisie de ces sommets où « les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars » pour lutter contre le changement climatique, mais se contentent ensuite de « confier les discussions à des consultants », plutôt que de prendre des mesures. La COP29 apparaît alors comme une vaste opération de greenwashing, dont l’inutilité n’a d’égale que le coût élevé, non seulement en termes financiers, mais aussi en termes d’opportunités manquées pour agir.

Si la décision de la Papouasie-Nouvelle-Guinée met en lumière un certain scepticisme sur les retombées concrètes de telles discussions, d’autres éléments noircissent également le tableau. On pense à l’élection à la présidence des États-Unis de Donald Trump, qui ne cache pas son intention de sortir des accords de Paris signés lors de la COP21. De même, l’impression d’assister à une mascarade savamment orchestrée s’accentue lorsqu’on sait que l’Azerbaïdjan, pays hôte de cette COP29, a annoncé son intention d’accroitre massivement sa production d’hydrocarbures d’ici à 2035.

Cette décision, scandaleuse, compromet à elle seule l’objectif déjà mis à mal de limiter le réchauffement climatique à « seulement » plus d’un degré et demi d’ici à 2035. Et s’il est parfois commode de détourner les yeux du côté des voisins, la France d’Emmanuel Macron n’est pas exempte de reproches. Ainsi, elle ne tient pas non plus les engagements, pourtant pris sur son propre sol, en matière de limitation des émissions de gaz à effet de serre et 9 ans après les accords de Paris est toujours incapable de répondre aux besoins de bifurcation écologique.

Le temps est donc à l’action, mais ce ne sont pas aux plus pauvres, qui subissent déjà les premiers effets du dérèglement climatique, qui doivent en assumer les coûts. Ce sont les pollueurs et les plus riches qui doivent être mis à contribution. Les entreprises du pétrole, du gaz, et du charbon, qui s’enrichissent au détriment de la planète, doivent payer le prix de leurs actions.

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Une diplomatie climatique dépassée par l’urgence

La COP29, comme les précédentes, nous offre donc un spectacle de promesses sans résultats tangibles. Après près de 30 ans de conférences, le constat est sans appel : la diplomatie climatique, dominée par des discours et des engagements sans lendemains, est dépassée. Il est désormais impératif d’imposer des contraintes strictes et de prévoir des sanctions pour les pays qui ne respectent pas leurs engagements. Nous voyons chaque jour les conséquences dramatiques de l’inaction.

En Espagne, les inondations dévastatrices liées à des températures de plus en plus élevées en sont un exemple frappant. Car pour chaque degré de réchauffement supplémentaire, c’est 7 % d’évaporation en plus, aggravant ainsi la fréquence et l’intensité des catastrophes climatiques. La destruction des réseaux et les dégâts physiques engendrés par ces inondations ne sont que les prémices de cette nouvelle ère dans laquelle entre le monde.

Pourtant l’Humanité se rend à la COP 29, sachant le changement climatique déjà engagé, mais donnant malgré tout un rôle plus important aux enjeux économiques qu’aux alertes lancées.

La nécessité d’une lutte politique contre le réchauffement climatique

Il n’est plus possible de se satisfaire de mesures certes ambitieuses sur le papier, mais aussi éparses qu’inappliquées. L’objectif est donc clair et doit être réaffirmé. Il est celui d’une diplomatie altermondialiste, vision défendue depuis des années par Jean-Luc Mélenchon et les insoumis. Elle passe par l’impérative mise en œuvre d’une planification écologique rigoureuse qui associe des moyens cohérents avec les objectifs affichés. Seule cette alternative nous permettra de déterminer les priorités sectorielles, de mettre en place des mécanismes de contrôles et ne pas laisser la finance aux commandes.

« Le caractère purement déclaratoire de ces engagements fait de la diplomatie climatique actuelle une pure incantation […] La litanie des promesses peut donc se transformer en compétition d’affichage diplomatique et de gesticulations », dénonçait Jean-Luc Mélenchon en 2021 dans une tribune publiée sur la COP 26. Des mots toujours justes trois ans plus tard.

Pour aller plus loin : « La France est une Nation amazonienne » : l’appel de Mélenchon à préserver l’Amazonie

De même qu’il est aujourd’hui nécessaire de sortir l’eau et les nappes souterraines du marché il convient également d’établir une véritable « ligne verte » par-delà laquelle il n’est pas possible d’aller. Car il n’est plus lieu d’exploiter la nature au-delà de que ce qu’elle est capable de reconstituer.

Comme nous l’apprenait le philosophe post-marxiste Kohei Saito à l’occasion de sa conférence à l’Institut la Boétie, la nature ne peut pas suivre le rythme effréné de l’expansion capitaliste. Les processus naturels – comme la formation des nutriments ou des combustibles fossiles – sont bien plus lents que l’accumulation du capital et cette dissonance des rythmes est aujourd’hui flagrante.

C’est à l’aune de ce constat que nous comprenons qu’il nous faut nous extraire de notre système économique entièrement orienté autour de la quête de l’abondance. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons préserver l’environnement mais aussi (re)définir ce que peut signifier un futur désirable pour les êtres vivants.

Par Mazarine Albert