La COP16 sur la biodiversité se tient actuellement à Cali, troisième plus grande ville colombienne située au sud du pays. Issue de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) adoptée en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio, ces réunions, les Conférences de Parties (COP), sont organisées tous les deux ans afin de réunir les 168 pays signataires pour discuter des enjeux mondiaux de protection de la biodiversité.
Lors de la dernière rencontre, la COP15 de Montréal, un Cadre Mondial pour la Biodiversité 1avait été adopté. Doté de 23 cibles, ce document est censé permettre aux Etats d’enrayer l’effondrement de la biodiversité d’ici 2030. Or, les moyens financiers devant permettre la mise en place de ce cadre ainsi que les modalités pour suivre sa mise en œuvre doivent être discutées lors de l’actuelle rencontre internationale, sans quoi le document restera à l’état de voeu pieu. Notre article.
Un moment clef pour la protection de la biodiversité
Le moment dans lequel s’inscrit ces discussions n’est pas anodin. En effet, les scientifiques sont nombreux à nous alerter quant au déclin toujours plus rapide de la biodiversité, qui a des conséquences extrêmement négatives non seulement sur le fonctionnement des écosystèmes, mais aussi sur le fonctionnement des sociétés humaines. Le rapport Planète Vivante 20242 qui établit un panorama de l’état de la biodiversité au niveau mondial indique par exemple que la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 73% lors des 50 dernières années. Une dynamique inquiétante et bientôt irréversible si rien n’est fait dans les prochaines années.
La cause de cette situation est connue, les insoumis n’ont eu de cesse de le rappeler : le système économique capitaliste, incapable de fixer des limites à sa voracité. On trouve au premier rang des facteurs provoquant l’effondrement de la biodiversité : la perte d’habitat provoquée notamment par l’agriculture intensive, la surexploitation des populations d’animaux sauvages et le changement climatique. Autant de sujets auxquels les insoumis tentent de répondre, en proposant une agriculture paysanne et biologique3 à l’Assemblée
Nationale ou en luttant contre la surpêche4 au Parlement Européen par exemple.
Face à l’urgence, les heures de discussions et les mots creux des Etats dans l’enceinte de la COP16 ont de quoi inquiéter. A ce jour, des revendications phares telle que la création d’un organe subsidiaire permettant aux peuples autochtones et aux communautés locales d’être mieux entendus5, ou une augmentation des flux financiers des pays les plus riches vers les pays du sud global sont bloquées. Mais les discours des pays occidentaux drapés dans les
bonnes manières des discussions diplomatiques n’y font rien : nombreux sont les pays du sud dont la biodiversité rend un service au monde entier, or ils manquent trop souvent de moyens pour la protéger. Puisque le ruissellement ne semble pas plus fonctionner en France qu’à l’international, il faudra donc organiser le partage si l’on souhaite réellement mettre un point d’arrêt à son déclin.
Une opportunité manquée pour la diplomatie française
La France porte une position ambiguë dans ces négociations. Si elle fait figure de “bonne élève” en matière de protection de la biodiversité à l’international, notamment grâce à sa Stratégie Nationale Biodiversité6, elle ne se positionne pourtant pas comme moteur dans les négociations. Alors que la ministre de la transition écologique – dont il convient de rappeler les liens fumeux avec l’industrie pétrolière7 – fait de la communication depuis Cali, les
contributions de la France au fond mondial pour la biodiversité restent très maigres.
Autre initiative soutenue par la France : la mise en place d’un marché de “crédits biodiversité”8. Cette initiative est promue par un panel financé par les gouvernements français et britannique, on retrouve d’ailleurs à sa tête Sylvie Goulard9, ancienne ministre des armées en 2017 : il faut croire que quand on est proche d’Emmanuel Macron, il suffit vraiment de traverser la rue pour trouver un travail.
Outre cet élément qui nous rappelle que les macronistes ont transformé la République Française en une république du copinage, cette initiative est décriée par de nombreuses ONGs car elle pourrait provoquer une marchandisation de la nature donnant un droit à polluer aux entreprises les plus riches. Dans le système néo-libéral de l’argent roi, peu importe que vous mettiez en péril les générations à venir du moment que vous pouvez payer.
La gauche radicale colombienne sauve la mise
Heureusement, la gauche radicale colombienne par la voix de son président Gustavo Petro, allié des insoumis, tente d’insuffler une direction politique à la COP16. Alors que la “zone bleue” de l’événement est réservée aux délégations officielles, le gouvernement colombien nous rappelle qu’on ne peut discuter sans le peuple et a organisé une “zone verte”, ouverte aux citoyens, ayant accueilli plus de 40 000 personnes avec un mot d’ordre affiché :
cette COP sera la COP des gens.
Le président Petro, qui tente d’instaurer une politique écologique et sociale ambitieuse en Colombie, en rupture avec la caste économique du pays qui emploie toutes ses forces à le déstabiliser, a profité de ses discours pour rappeler la responsabilité du système capitaliste dans la crise écologique. Lui et sa ministre de l’environnement Susana Muhamad ont choisi de placer cette COP sous le signe de la “Paix avec la nature”.
Cet objectif n’est pas sans rappeler la philosophie de L’Avenir En Commun, le programme des insoumis et de leur leader Jean-Luc Mélenchon, appelant à une harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Une chose est certaine, avec les insoumis au pouvoir, la France rejoindrait la Colombie autour de cet horizon partagé et reviendrait sur la scène internationale comme défenseur de la biodiversité et des biens communs.
- https://www.cbd.int/doc/decisions/cop-15/cop-15-dec-04-fr.pdf ↩︎
- https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2024-10/Rapport%20Planete%20Vivante%202024%20-%20
WWF%20France.pdf ↩︎ - https://linsoumission.fr/2024/05/14/loi-agricole-lfi-lutte-agrobusiness/ ↩︎
- https://www.instagram.com/reel/DBlz_P5tTAv/?igsh=MWU2Z3lqcXBsYWI0cA== ↩︎
- https://reporterre.net/COP16-Il-y-a-des-peuples-d-indigenes-mais-c-est-surtout-une-foire-commerciale ↩︎
- https://biodiversite.gouv.fr/la-strategie-nationale-biodiversite-2030 ↩︎
- https://linsoumission.fr/2024/09/26/portrait-pannier-runacher-ministre/ ↩︎
- https://www.environnement-magazine.fr/biodiversite/article/2024/10/30/150534/france-annonce-une-c
ontribution-millions-euros-fonds-cadre-mondial-pour-biodiversite ↩︎ - https://www.iapbiocredits.org/who-we-are/sylvie-goulard ↩︎