En Espagne, des pluies torrentielles ont provoqué des inondations dans le sud et l’est du pays, entraînant la mort de 205 personnes et la disparition de dizaines d’autres. La région de Valence est coupée du reste du pays, et plusieurs zones sont placées en vigilance rouge pour fortes pluies. Cet évènement est symptomatique d’une perturbation du cycle de l’eau, d’un climat qui se dérègle ; et est aggravé par une perméabilisation des sols aveugle et insensée. Face à l’effondrement climatique, l’inaction politique tue. Notre article.
Des inondations meurtrières
À Chiva, petite ville située proche de Valence, il est tombé 491 mm en huit heures, soit l’équivalent d’un an de précipitations. À Déporta, la mairie compte déjà une quarantaine de décès, pour 25 000 habitants. Une habitante témoigne : « Une amie m’a appelé pour me dire que l’eau arrivait, je suis sortie dans la rue et j’ai vu des voitures qui étaient poussées par le courant qui venaient vers moi ».
La ministre de la Défense espagnole, Margarita Robles, déclare que « pour l’heure, il n’est pas possible de donner le nombre de disparus ».
Des dégâts matériels considérables
Les dégâts matériels sont également conséquents. Des dizaines de milliers de personnes sont privées d’électricité, et les routes sont bloquées par les carcasses de voitures et les écroulements de ponts. Les autoroutes qui desservent la zone sont presque toutes impraticables, comme l’annonce le ministère des Transports et de la mobilité espagnol.
Noelia, habitante du village d’El Saler, témoigne sur la perte de son entreprise familiale de gravure d’enseignes. « Nous sommes allés voir les dégâts ce matin. Il ne reste plus rien : notre entrepôt industriel a été complètement détruit, l’eau a défoncé la façade, emporté les murs et les meubles, les machines d’imprimerie et les deux fourgonnettes se sont écrasées contre un mur 500 mètres plus loin. Nous ne savons pas si l’assurance couvrira les dégâts, mais nous savons qu’il nous faudra repartir de zéro. »
Les dégâts humains et matériels sont donc déjà catastrophiques, et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez rappelle que l’épisode n’est pas fini, et qu’il faut respecter les recommandations des services d’urgence. De quoi inquiéter encore plus les victimes déjà touchées et prolonger l’enfer.
Des phénomènes météorologiques qui se multiplient
Ces inondations historiques vont pourtant devenir monnaie courante si l’on n’agit pas sur le dérèglement climatique. Antonio Aretxabala, géologue, nous enseigne que la hausse des températures de la mer Méditerranée explique l’ampleur de la catastrophe. Lorsque l’air chaud et chargé d’humidité rencontre l’air froid venant du pôle Nord, cela provoque des pluies torrentielles. Le phénomène est rendu extrême par les millions de tonnes d’eau contenues dans l’air du fait de la hausse des températures. Le géologue conclut : « le réchauffement de la Méditerranée est de la dynamite ».
Les pluies diluviennes sont un phénomène normal, mais, selon Météo France, le changement climatique apparaît comme un facteur aggravant. Une atmosphère plus chaude peut transporter plus de vapeur d’eau, donc l’augmentation de la température accroît la quantité d’eau précipitable.
Le dérèglement climatique rend les épisodes extrêmes plus nombreux : les sècheresses sont plus longues, les précipitations, plus violentes. Nous le voyons en France. L’hiver dernier, le Pas-De-Calais était touché par des inondations ; l’année d’avant, on avait connu une sécheresse de plus de trente jours en plein hiver. Les épisodes se succèdent et ne se ressemblent pas, mais dépeignent tous la même chose : la catastrophe en cours et le chaos climatique annoncé depuis des dizaines d’années par les spécialistes.
La perméabilité des sols mise en péril
En plus de la violence des phénomènes climatique croissante, nous nous rendons de plus en plus vulnérables à ces risques. En effet, comme l’explique l’office français de la biodiversité, la construction des routes, des centres commerciaux, des logements, le développement de l’agriculture intensive, la déforestation et la modification du tracé des cours d’eau ont détruit les espaces naturels qui absorbent normalement les crues. L’inondation se produit lorsque les eaux de pluies ne peuvent plus s’infiltrer dans le sol ; et le béton urbain est désespérément imperméable.
Vivre avec les limites planétaires : les solutions proposées par la France insoumise
Les inondations ne sont pas un phénomène isolé, mais s’inscrivent dans le dérèglement global du cycle de l’eau. Déjà en 2021, Jean Luc Mélenchon alertait sur le sujet. Depuis, les désastres s’enchaînent, le niveau de la mer ne cesse de monter ; et pourtant, l’urbanisation aveugle et insensée se poursuit.
La solution n’est pas de reconstruire indéfiniment des infrastructures en danger et dangereuses, mais de repenser la façon d’habiter l’espace. C’est pourquoi la France insoumise propose de créer un haut-commissariat du droit à l’eau, à l’assainissement et à la protection du cycle de l’eau dont les missions couvriront notamment la prévention des sécheresses et des inondations, mais aussi la protection du cycle de l’eau.
Nous devons impérativement inscrire l’activité humaine dans le cadre des limites planétaires. Pour cela, le programme de la France insoumise met en avant la règle verte : nous ne devons pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni produire plus de pollution et de déchets que ce qu’elle peut supporter.
Il faut également intégrer la question environnementale à l’écriture même de la loi, en évaluant systématiquement la pertinence écologique et sociale d’une loi ou d’un projet d’infrastructure d’ampleur.
Enfin, la bifurcation écologique implique de repenser nos modes de calculs de la richesse et de sa répartition. Le produit intérieur brut ne rend pas compte du bien-être, et ne comptabilise pas le coût des dégâts écologiques. La règle verte nécessite donc de nouveaux indicateurs de progrès humain.
En résumé, la seule solution pour prendre en charge des catastrophes comme celle qui se déroule en Espagne actuellement est la planification écologique et le changement de modèle économique, pour réorganiser chaque secteur en vue de l’application de la règle verte.